L’espoir d’un lendemain meilleur

Appelés à se prononcer sur le projet de la nouvelle Constitution porté par le Président Kaïs Saïed, les Tunisiens ont répondu présents. Ni les appels au boycott lancés par l’opposition et par certaines organisations de la société civile ni le soleil de plomb d’hier n’ont dissuadé les électeurs à se rendre aux bureaux de vote. Selon l'autorité électorale Isie, plus de 6% des 9,3 millions d'électeurs avaient déjà voté à 8h30 GMT, trois heures et demie après leur ouverture. Un chiffre «important et encourageant», a estimé son président Farouk Bouasker. Les premiers électeurs à s’être déplacés affirment avoir voté «pour changer la situation du pays», conscients qu’elle ne peut plus durer. «Le pays est rentré dans le mur. Nous avons au moins le moyen de réparer. Maintenant commence une nouvelle page», a soutenu un travailleur journalier. Après avoir voté à Tunis, le Président Kaïs Saïed s a appelé les électeurs à approuver sa Constitution, pour «établir une nouvelle République fondée sur la vraie liberté, la vraie justice et la dignité nationale». Un engagement auquel croient les Tunisiens échaudés par les promesses non tenues faites par la classe politique au lendemain de la révolution du Jasmin. Pour preuve, la popularité du Président est demeurée intacte, alors que l’opposition lui prête des intentions dictatoriales. La nouvelle Constitution, affirme-t-on, renforce ses pouvoirs et pourrait faire rebasculer le pays vers un régime similaire à avant-2011. Une accusation balayée par M. Saïed, pour lequel la refonte de la Constitution est comme le prolongement de la «correction de cap» engagée le 25 juillet 2021, date à laquelle il avait limogé le chef du gouvernement et gelé le Parlement, avant de le dissoudre. Mais alors que les premiers résultats seront connus aujourd’hui, il reste que pour les observateurs, le moment le plus crucial pour le Président tunisien est l’après-vote. Car, si l’adoption de la nouvelle Constitution est à même de mettre un terme au blocage de la situation politique, il reste aussi qu’elle n’est pas la panacée à la crise économique que vit le pays. Aussi, les défis auxquels était confronté M. Saïed se posent avec la même acuité. Aussi, ne manque-t-on pas de souligner qu’avec une croissance poussive (autour de 3%), un chômage élevé (près de 40% chez les jeunes), une inflation galopante et l'augmentation du nombre de pauvres à 4 millions de personnes, le Président tunisien aura fort à faire. Pis encore, le pays, qui se trouve au bord du défaut de paiement, avec une dette supérieure à 100% du PIB, négocie un nouveau prêt avec le FMI qui exigera en retour des sacrifices. Les conditionnalités mises sur la table sont susceptibles de provoquer, une nouvelle fois, la colère de la rue, déçue déjà par la révolution.

N.K

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