
«Nous attendons la mort !» Par cette froide simplicité de mots, les suppliciés du camp de Rafah résument l’implacable réalité qui les attend dans la crainte et l’indifférence d’un monde sidéré, impuissant à imposer la paix ou le cessez-le-feu.
L’invasion de Rafah qui peut surgir d’un moment à l’autre est, de toute évidence, annonciatrice d’un bain de sang en mémoire des massacres de Sabra et Chatila, perpétrés du 16 au 18 septembre 1982 dans la banlieue de Beyrouth lors de l’intervention israélienne au Liban. Dans sa brutalité meurtrière, Netanyahu annonce avoir ordonné, mercredi dernier, à son armée de se préparer à un assaut sur Rafah. Un camp qui est déjà un cauchemar humanitaire surpeuplé et assiégé. Dans cet espace géographique minuscule qui s’apparente à une antichambre de la mort, près d’un million et demi de Palestiniens sont enserrés aux confins de la frontière verrouillée avec l’Égypte. Les populations civiles ont fui le nord de la bande de Ghaza, poussées par les bombardements intensifs et les poursuites inlassables de la cavalerie blindée. Ils attendent, d’un moment à l’autre, l’ordre dans une nuit des longs couteaux. Les malheureux se sont déplacés vers les rivages en espérant que l’offensive des troupes sionistes viendrait de l’est, côté opposé à la mer. Les femmes et les enfants, ciblés en priorité, ne s’attendent à aucun sentiment d’indulgence. Pour arriver jusque dans cette partie extrême de la bande de Ghaza, les cohortes humaines ont transité par divers endroits, toujours harcelés, toujours menacés et ciblés par les armées sionistes. Ils ont laissé en route des morts, des blessés intransportables et des disparus. A ce dernier stade de leur marche pour la survie, ils sont dans le doute de pouvoir franchir la frontière étanche avec l’Égypte. Il n’y a plus aucune issue pour échapper à une mort programmée, sans état d’âme par un régime d’extrême droite outrageante qui jette l’effroi comme ce fut le cas de la folie qui a conduit le monde à la Seconde Guerre mondiale. Netanyahu cherche-t-il l’instauration du chaos et la dépénalisation des crimes de guerre, et le génocide. L’inquiétude de l’état du monde marquée par l’incapacité d’agir est relayée aux Nations Unies par Antonio Guterres qui déplore devant l’Assemblée générale l'inaptitude du Conseil de sécurité (CS), principal outil pour la paix mondiale, dans l’impasse en raison des fissures géopolitiques. Cette division des rangs au sein du CS n’est pas une première mais la pire, selon le SG des Nations Unies.
Rachid Lourdjane