Alors que le dialogue se maintient entre Moscou et Washington, Russie-Europe : le bras de fer se durcit

Moscou accuse les alliés européens de Kiev de faire barrage à une solution négociée, en multipliant les exigences et les manifestations d’hostilités à chaque fois qu’une proposition de négociations était mise sur la table.

L’avenir de la proposition américaine pour la fin du conflit en Ukraine va devoir encore attendre d’autres séquences de discussions pour réellement se dessiner. Annoncée comme une étape décisive, la rencontre avant-hier de l’envoyé spécial de Donald Trump, Steve Witkoff, avec le président russe, Vladimir Poutine, n’aura finalement pas fait avancer les choses, même si elle a été jugée, après coup, comme ayant son utilité dans le contexte. Selon les comptes-rendus de plusieurs agences de presse internationales, le haut émissaire américain, parti à Moscou avec une copie remaniée à l’issue, notamment des négociations de Genève avec Kiev et ses alliés européens, a eu à prendre note de l’intransigeance du président russe, notamment sur le point relatif aux territoires revendiqués. «Aucune solution de compromis n’a encore été choisie, mais certaines propositions américaines peuvent être discutées», a indiqué plus tard le conseiller du président russe, Iouri Ouchakov, dans une déclaration relayée par l’agence russe Sputnik. Il juge cependant que, la discussion qui a duré plusieurs heures, a été «constructive», annonçant d’autre part, que les contacts entre Moscou et Washington vont se poursuivre pour parvenir à un accord.

Cité par la même source, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a insisté sur le fait que Moscou reste entièrement disposée à poursuivre les discussions, démentant catégoriquement qu’il y est rejet à ce stade du plan américain. «Nous apprécions la volonté politique du président Trump de continuer à chercher des solutions (...) Nous sommes tous prêts à nous rencontrer autant que nécessaire pour parvenir à un règlement pacifique», a-t-il affirmé. Selon l’agence d’information russe, le porte-parole a souligné que «pour la première fois, il y a eu un échange de vues direct. Certains points ont été acceptés, d’autres jugés inacceptables», précisant que les discussions avaient porté sur «le fond», et pas sur des «formulations concrètes» d’un accord.

« Ils sont du côté de la guerre »

Moscou tient manifestement à préserver les voix du dialogue avec Washington comme globalement depuis le début des discussions avec Washington, il y a bientôt une année. Elle reste très critique cependant vis-à-vis des positions européennes. La veille, le président Vladimir Poutine avait en effet développé un discours très ferme, en marge d’un forum économique dans la capitale russe. «Nous n’avons pas l’intention de faire la guerre à l’Europe, mais si l’Europe le souhaite et commence, nous sommes prêts dès maintenant», a-t-il mis en garde, en suggérant un scénario de confrontation plus intense, si les choses devaient aller dans ce sens. Le propos a, bien entendu, provoqué depuis un grand émoi à travers le vieux continent. La Russie continue à accuser les alliés occidentaux de Kiev de faire barrage à une solution négociée, en multipliant les exigences et les manifestations d’hostilité à chaque fois qu’une proposition de négociations était mise sur la table. «Ils n’ont pas de programme de paix, ils sont du côté de la guerre», a encore asséné le président russe.

La tension se corse encore avec l’annonce, dans la matinée d’hier, d’un accord sur l’interdiction d’importations de gaz russe par l’UE, à l’automne 2027, pour accentuer la pression économique sur Moscou. Salué comme «l’aube d’une nouvelle ère, celle de l’indépendance énergétique totale de l’Europe vis-à-vis de la Russie», par la présidente de la commission européenne, l’accord est commenté par le Kremlin comme une étape qui va précipiter la perte de puissance de l’ensemble européen. «L’Europe se condamne à des sources d’énergie plus coûteuses, ce qui inévitablement entraînera des conséquences pour l’économie européenne et une diminution de sa compétitivité», tacle M. Dmitri Peskov, porte-parole de la présidence russe.

M. S.

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