Afghanistan : La fin du statu quo

Le président américain, Joe Biden, a promis à son homologue afghan, Ashraf Ghani, le «soutien» des États-Unis à son pays, au moment où le retrait en cours des troupes américaines ouvre une période d’immense incertitude. «Nos troupes partent mais ce n’est pas la fin de notre soutien à l’Afghanistan», a déclaré le président démocrate qui a annoncé, en avril, le retrait des 2.500 militaires américains encore présents sur place. «Les Afghans devront décider de leur avenir, de ce qu’ils veulent», a-t-il ajouté depuis le Bureau ovale, insistant sur la tâche «extrêmement difficile» qui attend les dirigeants afghans : mettre fin à la violence. L’objectif affiché de la Maison- Blanche est de travailler étroitement avec le gouvernement de Kaboul pour s’assurer que l’Afghanistan «ne redevienne jamais un refuge pour des groupes terroristes qui représentent une menace pour le territoire américain».
Mais les questions sont nombreuses: les talibans s’empareront-ils de Kaboul après le départ des derniers soldats occidentaux ? Comment la sécurité des diplomates occidentaux — et de l’aéroport de la capitale — sera-t-elle assurée ? Que deviendront les milliers d’Afghans ayant travaillé auprès des forces américaines comme interprètes ? Depuis Paris, le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken avait reconnu quelques heures plus tôt que les offensives des insurgés contre les forces de sécurité afghanes se multipliaient de manière inquiétante. «Mais le statu quo n’aurait pas aidé, le statu quo n’était pas une option», a-t-il martelé, défendant la décision controversée du président. Lors d’une rencontre au Pentagone avec le ministre de la Défense, Lloyd Austin, le président afghan a balayé d’un revers de manche l’hypothèse d’une «prise de pouvoir par les talibans en six mois», soulignant que ces scénarios s’étaient «tous révélés faux». S’il espère toujours convaincre les talibans d’accepter un rôle dans un gouvernement intérimaire d’union nationale, les insurgés, encouragés par leurs succès militaires, semblent peu enclins à négocier.
R. I.

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