A l’issue d’un vote à huis clos : La Syrie réintègre la Ligue Arabe

Après plus de 11 ans de mise à l’écart, la République arabe de Syrie a réintégré hier la Ligue arabe à l’issue du vote à huis clos des membres de cette organisation panarabe qui a eu lieu hier en son siège au Caire (Egypte). «Les délégations du gouvernement de la République arabe de Syrie siègeront de nouveau à la Ligue arabe», indique le texte voté à l'unanimité. Le président Assad est donc «le bienvenu s'il le veut» au sommet annuel des chefs d'Etat de l'organisation panarabe le 19 mai à Jeddah, en Arabie saoudite, a précisé le secrétaire général de la Ligue arabe, Ahmed Aboul Gheit, cité par plusieurs sources concordantes. M. Aboul Gheit a cependant indiqué, hier dimanche, qu'il relevait de chaque Etat arabe de normaliser ou pas ses relations avec Damas, selon la même source. Lors de la récente entrevue qu’il a accordée aux médias nationaux, le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, s’est exprimé à propos de la Syrie en affirmant que «ce pays frère ne saurait être privé de ses droits». «Ce que fait l'Algérie envers la Syrie part du principe qu'il s'agit d'un membre fondateur de la Ligue arabe» a soutenu le Président Tebboune, précisant que la position de l'Algérie à l'égard de la Syrie «n'a jamais changé».

R. N.

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Une nouvelle ère ?

La ténacité et le pragmatisme de la diplomatie algérienne ont fini par payer.
La Syrie est enfin de retour dans le giron de l’ensemble des États arabes, après 12 ans de suspension suite au conflit sanglant qui a frappé ce pays, victime de tentatives de déstabilisations, voire d’un scénario de partition.
Les ministres des Affaires étrangères de la Ligue arabe ont adopté hier la décision de réadmettre Damas au sein de la Ligue arabe, consolidant ainsi la justesse de l’appel de l’Algérie à laisser de côté les divisions et les rancœurs ataviques qui ont tant porté préjudice à la nation arabe dans un monde marqué par des bouleversements et des mutations géostratégiques dont on ignore jusqu’à présent l’issue et qui nous imposent des défis que seuls des ensembles solides et solidaires peuvent surmonter.
«Nous nous devons tous de construire un bloc économique arabe solide, garant de nos intérêts communs, tout en œuvrant à la définition des priorités et des domaines d'action commune, à impact positif immédiat et perceptible pour les peuples arabes», a indiqué le Président Tebboune, à l'adresse des dirigeants arabes, dans son allocution à l'ouverture à Alger des travaux de la 31e session de la Ligue arabe.
Cette cohésion ne pouvait être entamée sans une vision commune et une réflexion saine et décomplexée de l’état de la Oumma.
Le Président Tebboune avait dès lors affirmé que «le défi de la réforme constitue, aujourd'hui, une nécessité impérieuse et exige un mode de traitement sérieux, responsable et crédible, partant de la conviction de toutes les parties quant à la nécessité de réformes diligentes, radicales, profondes et exhaustives de l'action arabe commune, pour que la Ligue puisse accomplir le rôle qui lui est dévolu, pour relever les défis et s'adapter aux derniers développements survenus sur les scènes régionale et internationale».
Une approche qui a fait mouche avec cette annonce qui a été prise lors d'une réunion à huis clos des ministres arabes des Affaires étrangères au siège de la Ligue arabe.
Récemment, plusieurs États arabes, dont l'Arabie saoudite et l'Égypte, ont repris langue avec la Syrie, dans le cadre de visites et de réunions de haut niveau. Malgré les réticences de certaines parties à une normalisation complète, l’avancée enregistrée est plus que louable. D’autant qu’elle intervient dans un contexte marqué par un courant de normalisation des pays de la région, notamment ceux du Golfe avec l’Iran après des décennies de brouille diplomatique.
Lors de sa rencontre périodique avec les représentants de la presse nationale, jeudi dernier, le président de la République avait soutenu que le forcing diplomatique exercé par l’Algérie pour le retour de la Syrie, membre fondateur de la Ligue arabe, relève du droit de ce pays que la nation arabe ne peut occulter et que partant de ce principe, du droit, la position de l’Algérie à l’égard de Damas n’a jamais changé.
Encore une illustration parfaite du bon sens diplomatique et un reflet d’une volonté, sans égale, de construire une maison arabe commune sur de nouvelles fondations qui traduisent réellement les aspirations des peuples de la région, mais aussi et surtout se hisser au diapason des défis qui nous sont imposés.

M. T.

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