
Une relance de l’investissement ? Ils étaient nombreux à qualifier la démarche de complexe, et les plus pessimistes l’ont casée dans les «Douze travaux d’Hercule». Aujourd’hui, le projet reprend vie, à la faveur d’une série de réformes institutionnelles, et les investisseurs étrangers, impliqués dans des projets structurants, comptent engager d’importants investissements en Algérie.
Depuis son investiture, le Président Tebboune a promis de restituer à la destination économique de notre pays ses lettres de noblesse. Certaines mesures engagées sont inédites. La plus édifiante consiste en la stabilité juridique du nouveau Code des investissements, pour une période de dix ans. Joint par nos soins, Pr. Brahim Guendouzi, économiste, affirme que la relance de l’investissement figure comme «principale préoccupation» du président de la République dans son programme économique. La loi n°22-18 consacrée à l’investissement «cristallise, à ce titre, l’ensemble des aspects qui rassurent les investisseurs, en l’occurrence des garanties offertes, notamment en matière de liberté dans l’acte d’investir et également la stabilisation de la base juridique, pour permettre une meilleure visibilité pour les porteurs de projets». La mise en place d’une plateforme numérique dédiée aux investisseurs «apportera à coup sûr de la transparence, de l’égalité et de la célérité dans le traitement des dossiers, ainsi que de l’efficacité et surtout de la confiance». Les opportunités d’affaires en Algérie «ne manquent pas, et ce dans divers domaines d’activités, et les verrous existants sont en train d’être levés, grâce à l’effort de numérisation et à la lutte contre la bureaucratie, l’amélioration du climat des affaires et un ensemble d’incitations fiscales et autres, offertes aux investisseurs». L’objectif visé est d’arriver le plus rapidement possible à «redonner à l’acte d’investir une nouvelle dynamique susceptible d’enclencher un effet catalyseur sur l’ensemble des structures économiques». Un autre défi, celui de l’attrait des IDE et de la diversification des exportations qui en découle, est «en soi déterminant pour hisser l’économie nationale à un niveau élevé de compétitivité, tout en bénéficiant également des savoir-faire et des nouvelles technologies, à même de l’entraîner sur une trajectoire de croissance vigoureuse».
Gestion du foncier, de belles perspectives
D'autre part, il y a lieu de souligner que les insuffisances constatées par le passé dans la gestion du foncier industriel «ont empêché un grand nombre de projets d’investissements inscrits de se concrétiser dans les délais ou carrément d’être annulés faute d’avoir perdu l’opportunité d’affaire qui les caractérisait». Une nouvelle approche en termes de foncier économique relevant du domaine privé de l’État et destiné à la réalisation de projets d’investissement «est cristallisée à travers la nouvelle loi n°23-17, complétant ainsi la loi n° 22-18 sur l’investissement». Il s’agit, précise Pr. Guendouzi, d’une «révision radicale» du cadre juridique du foncier industriel, lequel est considéré comme une ressource non renouvelable nécessitant une réelle «rationalisation» selon une approche purement économique. Le nouveau texte de loi stipule clairement que la gestion du foncier économique sera du ressort exclusif de l’Agence algérienne de promotion de l’investissement (AAPI) via son guichet unique. Ceci, enchaîne l’économiste, est «explicite de la volonté de l’État de tenir l’Administration à l’écart de toute décision concernant l’octroi du foncier économique». Aussi, cet engagement représente un «signal rassurant destiné aux porteurs de projets quant à la levée effective des contraintes bureaucratiques qui entravaient auparavant l’accès au foncier destiné à l’investissement». D’autant plus qu’«il y aura le recours aux concessions suivant des procédures simplifiées de gré à gré entre les investisseurs et l’AAPI, pour une durée de 33 ans, renouvelable et cessible après concrétisation effective et mise en service des projets d’investissement». En définitive, argumente l’universitaire, il s’agit de «la consolidation de l'attractivité du territoire, à travers la mise à la disposition des investisseurs du foncier économique indispensable à la concrétisation de la politique d’investissement». De son côté, Souhil Meddah, expert financier, affirme que la publication des textes d’application en septembre 2022, qui, dans certaines de leurs dispositions, avantagent les IDE, lesquels favorisent les principes de la délocalisation des chaînes de production ou de services depuis l’étranger. «Cette option s’est intimement entreposée face aux multiples tentatives de relocalisation des opérateurs installés dans les régions limitrophes, notamment sur le contour du bassin méditerranéen (principalement en Europe), pour limiter la dépendance aux exclusivités régionales dans des domaines qui nécessitent uniquement des axes de sous-traitance et de services pour compte», indique M. Meddah. Une situation qui représente, «directement ou indirectement, une accumulation encore plus favorable et plus poussée des flux depuis et vers l’étranger dans la perspective de favoriser les soldes bilatéraux de la balance commerciale avec les partenaires concernés». Rappelons que l’Algérie a procédé à la révision de la règle des 51/49, avec une définition et une segmentation précises des secteurs stratégiques pour lesquels cette règle reste de vigueur. «Cette révision offre la possibilité aux différents tissus industriels des entités étrangères ayant des tailles intermédiaires avec des potentialités d’appui très dynamiques de contribuer à l’amélioration du tissu industriel national, en apportant le savoir-faire, les produits labélisés et des parts de marché qui seront indirectement conquises pour le compte de nos opérateurs locaux».
Fouad Irnatene
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