
Lors de la clôture des Journées de l’entrepreneuriat, le Président Tebboune a mis en avant la redynamisation des banques publiques. En effet, il s’agit d’un axe important et inévitable de la réforme bancaire qui poursuit son cours. Aujourd’hui, ces banques, classées, par certains experts, de mastodontes aux pieds d’argile, sont appelées à faire preuve d’efficacité. Nacéra Derder, enseignante à l’université de Boumerdès, préconise d’ailleurs un renforcement de la supervision bancaire, qui «permettra de prévenir les crises bancaires, détecter assez tôt des anomalies et mettre en œuvre, quand il en est encore temps, les mesures de redressement nécessaires».
L’universitaire recommande aussi de recapitaliser les banques publiques par le biais d’une privatisation. L’ouverture du capital social des banques publiques aux investisseurs disposant d’expertise, dans le domaine bancaire, permettra, selon Dr Derder, de «mettre fin au monopole des six banques publiques, dont la part de marché dépasse les 80%, et renforcera de ce fait la concurrence». Cette privatisation sera également garante d’une augmentation du capital social «sans recourir aux fonds publics», permettra de renforcer la qualité des managers, ainsi que les mécanismes de contrôle interne et elle garantira l’indépendance des conseils d’administration». Pour l’experte, il y a également nécessité de redynamiser la gouvernance de ces banques, «une gouvernance guidée par des obligations de résultats et de transparence, et qui aura une influence directe sur la performance de la banque.
M. Mourad Goumiri, économiste, réitère la proposition de fusionner les banques publiques pour arriver à deux ou trois, tout au plus. Il précise que cette reconfiguration est un travail d’expertise autrement plus profond qui «nécessite une vision et une cohérence qui malheureusement n’existent pas actuellement».
La fusion que l’expert suggère «fait partie de cette vision stratégique qui manque cruellement et permettra une meilleure couverture spatiale de la bancarisation, un gain de productivité dans la gestion des banques et une surface financière adaptée aux besoins de financement de l’économie».
Le président Tebboune a annoncé le lancement imminent de l’opération d’ouverture du capital de deux banques publiques algériennes aux investisseurs du secteur privé. En termes plus précis, l’ouverture du capital se fera à hauteur de 30% et l’opération devra intervenir avant la fin de l’année 2023. Pour Omar Berkouk, expert financier, cette ouverture «devra se faire par augmentation de capital à la Bourse d’Alger. La difficulté sera la détermination de la valeur de ces banques, c’est à dire la qualité de leurs bilans». Cette démarche d’ouverture est un très bon «argument» de dynamisation de la Bourse d’Alger. Fouad Irnatene