
Le président de la République a réaffirmé, encore une fois, lors de sa rencontre avec les entrepreneurs, l'engagement de l'État à récupérer les fonds pillés et détournés, ainsi que les biens fonciers acquis de façon illégale à l'étranger. Le chef de l’État affirme que l'État est déterminé à récupérer les fonds pillés, en collaboration avec les États européens, puisque l'Union européenne (UE) a donné «son accord de principe dans ce cadre», rappelant que nombreux pays européens ont collaboré avec l'Algérie pour récupérer les fonds pillés, et ce en participant aux enquêtes faites sur ces affaires de corruption. «La récupération des fonds s'est faite de manière intelligente et les biens se trouvant à l'étranger seront bien entendu récupérés», a rassuré le président de la République, insistant sur le fait qu’«à l'intérieur du pays, les efforts se poursuivent et l'État sera en mesure de trouver tout ce qui a été pillé dans le passé et que l'enquête sur les affaires de corruption se poursuit de manière quotidienne et ne se limite pas aux anciens dossiers, mais concerne également de nouvelles affaires». Au lendemain de son élection à la tête de l'État algérien, le Président Tebboune s'était engagé à récupérer les fonds détournés. Pour ce faire, il avait ordonné la création d’un Fonds devant accueillir l’argent et les biens détournés et confisqués, en vertu de décisions de justice.
Rappelons qu’un comité d'experts, chargé de la gestion du dossier de recouvrement de ces fonds, en coordination avec les représentations diplomatiques algériennes, a été mis en place et que les autorités judiciaires avaient émis 150 délégations rogatoires internationales, pour traquer les personnes impliquées dans des affaires de corruption et récupérer l’argent détourné et transféré illégalement à l’étranger. Pour Me Hind Benmiloud, spécialiste en droit des affaires, l’Algérie dispose d’outils juridiques, de textes de lois et de mécanismes financiers à même de «nous permettre de rapatrier et l’argent et les biens obtenus, grâce a cet argent détourné tant en Algérie qu’à l’étranger».
L’avocate à la Cour suprême et au Conseil d’État indique qu’il existe bel et bien un appui juridique national et international consistant en un dispositif, ratifié, du reste, par l’Algérie, et consacré dans la Convention des Nations unies, qui met en œuvre le droit à la restitution. Idem au niveau local avec les textes de la loi de lutte contre la corruption. L’experte reconnaît que l’effort peut durer longtemps vu le secret bancaire adopté comme système par certains pays, qui permet aux sociétés de s’implanter et d’exercer leur activités sans le moindre impératif de transparence, de fournir un anonymat total aux bénéficiaires et d’échanger peu de renseignements fiscaux avec les autres pays. «C’est un obstacle dans l’échange d’informations», regrette-t-elle. Il convient de noter que la justice algérienne a mis la main sur ces biens détournés, répartis sur les différentes wilayas du pays, par, notamment, la confiscation d'habitations, de biens touristiques, de villas luxueuses, ainsi que de dizaines de manufactures, dont des usines de montage automobile et d'autres activant dans divers domaines, outre la saisie de bijoux et de pierres précieuses, et la confiscation de 6.447 comptes bancaires et 4.203 véhicules. Il s'agit, également, de la confiscation de 23.774 biens mobiliers, de 425 habitations et de 14 promotions immobilières, chacune comprenant jusqu'à 1.000 logements. L'État a pu ainsi récupérer pour plus de 22 milliards USD de fonds et de biens pillés à l'intérieur du pays et à l’étranger. Le Président Tebboune a souligné, face aux entrepreneurs et opérateurs économiques, que «la justice a joué son rôle en matière de récupération des fonds pillés», insistant sur le fait que «l'État veille en permanence au suivi et au contrôle des fonds des banques publiques».
Farida Larbi