Déclaration d’Alger : Un document salvateur

C’est une invitation à plus de responsabilité qu'ont adressée au monde les pays membres du GECF, réunis à Alger, dans leur déclaration finale, pour en finir, du moins réduire la précarité et la pauvreté énergétiques. Beaucoup de pays, africains en particulier, subissent les effets de cette asymétrie de l’accès aux énergies. Pourtant, ce n'est pas le potentiel qui fait défaut. Le cabinet Deloitte affirme que l’Afrique détient ainsi 125 milliards de barils de réserves de pétrole, 18 trillions de mètres cubes de gaz naturel, ainsi qu’une part conséquente du potentiel énergétique renouvelable mondial : 10TW de solaire, 35 GW d’hydroélectricité, 110 GW d’éolien et 15 GW de géothermie. Le continent pourrait produire 5.000 mégatonnes d’hydrogène par an, selon l’Agence internationale de l’énergie. Paradoxalement, environ 770 millions de personnes, majoritairement en Afrique subsaharienne, n'ont pas accès à l'électricité. Compte tenu de cette situation, le Document d'Alger se veut un rappel pour les consciences d’œuvrer à trouver des solutions pérennes et justes à cette situation suffocante. Les experts sont formels. Des investissements massifs devront être renforcés au vu des projections qui prévoient un doublement de la population africaine d’ici 2040 pour atteindre 2,1 milliards de personnes, tandis que l’exode rural conduirait un demi-milliard de personnes à s’installer en zones urbaines. Ces phénomènes accroîtront la demande énergétique et électrique d’au moins 60% d'ici 2030. En matière de politique fiscale équitable et efficace en Afrique, il y a un consensus sur l'importance de la mobilisation des ressources intérieures, de la coopération internationale et du renforcement des capacités, pour atteindre les Objectifs de développement durable, dont le coût est évalué à 1.600 Mds USD d’ici 2030. Soucieuse d’avancer sur ces difficultés fiscales rencontrées par les pays africains, l’Union africaine a intégré, dans sa feuille de route pour les cinquante prochaines années, le renforcement de la mobilisation des ressources intérieures, la mise en place des systèmes efficaces, transparents et harmonisés de collecte des recettes fiscales et de gestion des dépenses publiques, et l’élimination toutes les formes de flux financiers illicites. Dans le cadre de ce processus de mise en œuvre de la ZLECAf, une unification, sur l’ensemble du continent africain, des législations et des réglementations fiscales de ses membres en ce qui concerne les produits et services devra par ailleurs être conduite. Une autre idée a émergé, il s’agit de la création d’une banque africaine de l’énergie, pour mettre fin à la pauvreté énergétique.
La coordination du projet devrait se réunir d'ici fin mars 2024, pour désigner de manière définitive le pays hôte du siège de la future institution. Selon certaines sources, huit pays sont en lice : l'Algérie, le Bénin, le Nigeria, l'Égypte, la Côte d'Ivoire, l'Afrique du Sud et le Ghana.

Fouad Irnatene

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