Célébration de la fête de Achoura

Célébrée hier, la fête de l’Achoura a constitué une aubaine pour les Algériens, dans les quatre coins du pays, pour revivifier les traditions ancestrales enracinées dans le patrimoine sociétal. Cette date qui tient une place bien particulière parmi les fêtes religieuses, est synonyme de retrouvailles, d’entraide et de solidarité.

Tipaza : Dans la foi et la bonne humeur 

À Tipasa, la fête de l’Achoura est célébrée dans une atmosphère empreinte de spiritualité, de chaleur familiale et de traditions bien ancrées. Cette journée, hautement symbolique dans le calendrier hégirien, reste une occasion privilégiée pour les Tipasiens de conjuguer foi, mémoire collective et pratiques culturelles transmises de génération en génération. Fidèles à la tradition prophétique, de nombreux citoyens jeûnent le neuvième et le dixième jour de Mouharram, en souvenir du prophète Moussa sauvé par Allah face à Pharaon. À l’issue du jeûne, les familles tipasiennes se réunissent autour de repas soigneusement préparés pour l’occasion. La rechta, plat emblématique, et le couscous traditionnel demeurent au cœur des festivités culinaires. À cela s'ajoutent les inévitables khfaf ou sfenj, le msemen, et d'autres mets confectionnés dans le respect du savoir-faire ancestral. Ces moments de partage ne se sont pas limités à la sphère familiale. Dans un bel élan de solidarité, de nombreuses familles pensent également aux plus démunis, en offrant des repas à des voisins ou à des personnes dans le besoin, prolongeant ainsi l’esprit de fraternité et d’entraide qui caractérise cette journée. Au-delà des obligations religieuses, la journée d’Achoura à Tipasa est également jalonnée de pratiques populaires qui, bien que parfois qualifiées de folkloriques, continuent à occuper une place dans la culture locale. Ces coutumes, perpétuées souvent par les aînées, traduisent une forme d’attachement au patrimoine immatériel de la région. Ainsi, la coupe de cheveux des jeunes filles, censée favoriser la repousse lorsqu’elle est réalisée à cette date, est encore pratiquée dans certains foyers. De même, l’usage du khôl, noir appliqué traditionnellement à l’aide d’un bâtonnet, conserve une forte charge symbolique liée à la joie et à la protection. Le henné, quant à lui, est minutieusement appliqué sur les mains des fillettes, dans une ambiance festive qui rappelle les célébrations d’antan. Bien que la zakât ne soit pas religieusement liée à l’Achoura, de nombreuses familles tipasiennes profitent de cette date comme point de repère pour s’en acquitter. Cette tradition trouve ses racines dans des époques où le calendrier hégirien n’était pas toujours bien maîtrisé par les populations rurales, lesquelles utilisaient les grandes dates religieuses comme repères temporels. Le mot populaire «Aawacher», encore courant dans les conversations, témoigne de cette mémoire collective. Il désigne non seulement la période de l’Achoura, mais aussi l’ensemble des actes de bienfaisance, d’aumône et de solidarité qui y sont associés.

S. E. 

Grande ferveur dans la vallée du M’zab : « Ibaoune », plat du jour par excellence

A l’instar de toutes les fêtes religieuses, la vallée du M’zab, région profondément conservatrice, célèbre la fête de l’Achoura dans la pure tradition religieuse, notamment à travers les prêches dans les mosquées ainsi que par l’acquittement de la Zakat mais aussi par se rendre aux cimetières afin de se recueillir sur les tombes de leurs proches et participer aux actions de nettoiement des tombes. Correspondant au dixième jour du mois de Moharram, premier mois de l’année de l’Hégire, la fête de l’Achoura symbolise le sauvetage du prophète Moussa de la poursuite de Pharaon. Elle est fêtée en grandes pompes par les habitants de la vallée du M’zab, tant religieusement que culinairement. En effet, parallèlement aux prières et lectures du Saint Coran dans les mosquées, dans les cuisines, les ménagères Ghardaouies s’affairent à préparer le plat par excellence pour la circonstance. En fait c’est deux plats culinaires très prisés dans la région et au-delà, dénommés en tamazight «Ibaoun» et «Ouchou Tini», respectivement fèves et couscous à la sauce de dattes qui règnent en maître de cérémonie gastronomique incontournables lors de cette fête religieuse. Pour ce qui est d’Ibaoune, le processus commence par tremper dans de l’eau douce, de préférence de celle de la palmeraie, des fèves sèches pendant des heures avant de les faire bouillir à petit feu durant la nuit. Au petit matin, après s’être assuré que les fèves sont bien cuites, les ménagères les assaisonnent avec du sel, du cumin et de l’huile d’olive avant de les déguster et d’en offrir une partie aux voisins et aux passants. Pour le couscous Ouchou Tini, (Ouchou : couscous /Tini : les dattes) en tamazight locale, plat traditionnel à base de couscous de plombs et de viande séchée et salée du mouton de l’Aïd El Kébir, il est préparé dans une sauce épicée et sucrée à base de dattes. Assaisonné de beurre salé fondu et de raisins secs, le couscous se consomme après la rupture du jeûne d’Achoura, car l’impose notre religion, les adultes observent le jeûne la veille "Tassouaa" (9e jour du mois de Moharrem) et le jour de l’ Achoura conformément à la sunna.

L. K.

Oran : Tradition et solidarité

Dans les ruelles d'Oran, en particulier dans les quartiers populaires, l’esprit de l’Achoura se propage à chaque coin de rue, tissant un lien entre le passé et le présent. Cette fête religieuse, parmi les plus ancrées dans la tradition oranaise, conserve encore aujourd’hui un parfum d’authenticité et de partage. Pour certains, elle se traduit par des plats d’antan et des réunions familiales pleines de chaleur ; pour d’autres, notamment les plus démunis, elle représente un précieux souffle d’espoir. Outre sa dimension sociale, l’Achoura est aussi une fête de transmission culturelle. Dans les marchés d’Oran comme ceux d’Aurès (ex-La Bastille) ou de Mdina El Jedida, l’effervescence est palpable. À El Bahia, le rougags et le coq rôti sont des incontournables. Dans d’autres foyers, c’est le berkoukes bel osbane (gros couscous à la panse farcie) qui domine la table. Au-delà du mets, c’est le geste de partage qui compte. Pour Mme Djamila retraitée du secteur éducatif, Achoura est un moment sacré qu’elle prépare minutieusement avec ses filles et belles-filles : «C’est l’occasion d’unir la famille et de transmettre à mes petits-enfants les valeurs de nos traditions musulmanes.» Toutefois, elle déplore une perte de sens dans certains milieux urbains : «À Oran, j’ai constaté que l’aspect spirituel s’efface au profit du côté commercial. Là où j’ai grandi, dans le sud, la fête durait une semaine, et c’était d’abord une pratique religieuse.» Dans les vieux quartiers d'Oran, Achoura prend une dimension collective. Les haouchs, ces habitations anciennes à cour partagée, se transforment en lieux de convivialité. Les voisines préparent ensemble de grandes marmites de couscous, qu’elles partagent avec le voisinage. Certaines familles optent pour la préparation du maârouf, ce repas caritatif distribué dans les mosquées ou dans les centres d’accueil des personnes âgées. Chaque année, l’Achoura devient pour les familles en difficulté un moment de soulagement, notamment grâce à la distribution de la zakat. Enfin, fidèle à sa symbolique de mémoire et de piété, l’Achoura est aussi une journée de visites aux tombes des défunts, un moment où les familles se recueillent et honorent ceux qui les ont quittés.

A. S.

Béjaïa : Perpétuer les coutumes d’antan 

Comme chaque année, La fête de l’Achoura qui coïncide avec le dixième jour de l’an hégirien (mois du Moharrem) est célébrée par les populations de la wilaya de Béjaïa avec beaucoup d’attention et de ferveur dans un climat purement religieux. Dans la vallée de la Soummam et les localités du Sahel de la wilaya, Achoura ou Taachourt est une journée très importante de par sa valeur religieuse qui consiste avant tout à observer le jeûne durant cette journée et qui peut même s’étaler sur deux jours (9 et 10e jour du mois de Moharrem). Cette occasion permet également le rapprochement des liens familiaux, la consolidation des traditions ancestrales entre les grands et petits, et surtout l’instauration du pardon entre les personnes. L’aspect culinaire de cet événement est marqué dans les régions de Béjaïa par la préparation des plats de couscous et berkoukes arrosés d’une sauce riche en légumes et garnis de morceaux d’Akhelih, Achelouh ou Kadid, morceaux de viande pris du mouton sacrifié le jour de l’Aïd El Kébir qu’on recouvre de sel et qu’on laisse sécher. Certaines familles préparent également la Rechta. Les friandises et sucreries garnissent aussi la table familiale ou certaines femmes bougiotes préparent des beignets (esfendj ou lakhefaf) ou tamina qu’elles distribuent aux voisines. Mais ce qui est marquant dans les villages c’est l’organisation de la waâda de Taachourt, appelée également zerda ou timecheret et qui consiste à sacrifier quelques veaux et distribuer la viande en morceaux égaux à toute la population du village. De même des repas collectifs sont organisés dans les douars et les zaouïas des villages. Dans beaucoup de foyers la fête de l’Achoura marque des traditions bien ancrées où les femmes coupent des brins de leurs cheveux, mettent le henné et s’abstiennent d’exécuter les travaux domestiques comme la couture ou le lavage des vêtements pour éviter selon les dires «la tremblote aux mains une fois ayant atteints l’âge avancé». Il va sans dire que l’Achoura demeure toujours une fête qui allie la vie spirituelle et l’aspect festif qui est observé dans tous les foyers des populations de la Soummam et des autres localités de la wilaya.

M. L.

Ouargla : Des rites ancestraux 

Chaque année, le 10 du mois de Mouharram, la ville d’Ouargla vibre au rythme singulier de la fête de l’Achoura. Elle dépasse même le cadre purement « cultuel » pour se draper d’une dimension « culturelle » profondément enracinée dans l’histoire et les rites locaux. Ici, la fête prend le nom de Lalla Babiyanou, figure féminine quasi mythique, autour de laquelle se cristallisent des coutumes originelles. Au matin de l’Achoura, les rues s’animent d’une joyeuse effervescence. Les enfants sillonnent les quartiers, entonnant le chant traditionnel : « Babiyanou ham waldik abebza », que l’on peut traduire par : « Babiyanou, s’il te plaît, je veux goûter ». De porte en porte, ils reçoivent des poignées de fèves ou de pois chiches bouillis, légèrement épicés, offerts généreusement par les femmes. Une distribution simple, mais porteuse de symboles anciens, où la fève, dans la culture amazighe, évoque la fécondité, la longévité et la puissance. Les célébrations ne s’arrêtent pas là. Les habitats du Ksar, perpétuent de leur côté des parades carnavalesques, véritables explosions de couleurs et de rythme. Slimane Boughaba, président d'une association culturelle ouarglie, souligne l’importance de ces manifestations, qui rappellent aussi les réalités sociales locales : « Le système des castes reste ancré dans l’espace saharien, certaines pratiques demeurant spécifiques à certaines populations. » Loin de se limiter au seul territoire d’Ouargla, ces traditions trouvent également écho dans la région du Mzab, où la fête est connue sous le nom d’Abyannu. Les variantes linguistiques comme abyannu, babyannu, tabennayut ou bu-inu témoignent d’un même fond culturel amazigh, tissant un lien entre pratiques religieuses et croyances plus anciennes. Entre foi, mémoire et transmission, Achoura à Ouargla demeure ainsi un précieux héritage vivant, où le religieux et le culturel s’entrelacent pour offrir une fête haute en symboles et en émotions.

C. G.

Bouira : Thimechret, une pratique qui résiste au temps 

Dans les villages de la wilaya de Bouira, la fête de l’Achoura dépasse la seule commémoration religieuse. Elle donne lieu à la Thimechret, un rituel collectif de partage basé sur l’abattage de bétail financé par les cotisations des habitants. Malgré les mutations sociales, cette tradition mobilise toujours des milliers de personnes. La célébration de l’Achoura reste un temps de rassemblement, porteur d’une solidarité ancienne. La Thimechret, encore pratiquée dans plusieurs villages, repose sur un principe simple, celui d’offrir à chaque foyer une part de viande, sans distinction sociale. En effet, chaque année, plusieurs semaines avant l’Achoura, les comités de village se réunissent pour organiser l’événement. L’argent collecté permet d’acheter plusieurs dizaines de têtes de bétail. Cette année, à Raffour, seize bœufs ont été sacrifiés à l’occasion de l’Achoura, selon un membre du comité du village. L’organisation repose sur une répartition claire des tâches. Certains s’occupent de la logistique, d’autres de la sécurité, du nettoyage ou de la coordination. Les femmes ne sont pas en retrait. Elles préparent les repas pour les bénévoles et participent à la distribution. La Tajmaât conserve son rôle central.

A. F.

Tizi Ouzou : Solidarité et convivialité

Comme de coutume, la célébration de cette fête religieuse est saisie par les villageois pour renouer avec une tradition ancestrale profondément enracinée dans notre culture amazighe, Timechret, en l’occurrence, consistant en le sacrifice de bœufs permettant aux habitants du village, sans distinction d’âge, de statut social, de partager un même repas de célébration de cette fête. Au-delà du simple repas Timechret, est un acte symbolique et profond qui ravive notre mémoire collective, renforce les liens intergénérationnels et transmet aux plus jeunes les valeurs sacrées de partage, d’unité et de respect mutuel. Et c’est dans cet esprit que les habitants de Tizi-Ouzou veillent à perpétuer cette tradition ancestrale en l’organisant à l’occasion de la célébration de l’Achoura et aussi au début de la saison oléicole. Plusieurs villages de la wilaya, tels que Cheurfa Nbahloul (Azazga), Ait Atteli (Larbaa Nath Irathen), Ahmil (Yakouren)… ont renoué avec cette tradition en sacrifiant des bœufs pour procéder ensuite à la distribution de la viande en quantité équitable aux citoyens. En Kabylie, cette action collective, précieux legs intergénérationnel, résonne comme une offrande à la paix retrouvée, à la liberté conquise, et à l’engagement indéfectible envers le serment des Anciens. Cette tradition ancienne, qui fédère les habitants des villages, constitue aussi une occasion pour les villageois établis à l’extérieur de leurs villages de retrouver leur terre natale, et renouer, par là, dans l’ambiance villageoise, avec leurs familles et cousins.

B. A.

Annaba : Quand le spirituel se mêle au convivial 

La fête de l’Achoura, a été célébrée, hier, à Annaba, dans une ambiance forte de partage et de solidarité à l’instar des autres régions du pays. C’est ainsi que les traditions font que les familles annabies commémorent la fête de l’Achoura selon deux aspects fondamentaux. Il s’agit de l’aspect religieux et traditionnel, ce qui donne lieu à une ambiance exceptionnelle où se mêlent le spirituel et le convivial, il y a certains faits qui marqueront l’évènement tel le repas familial autour duquel se retrouve la majorité de la grande famille. Les trois plats traditionnels de pâtes d’Annaba préparés minutieusement, spécialement à cette occasion, c’est bien sûr la fameuse M’Kartfa (carrés de pâtes), le M’Haouer (couscous fin), Gritilia et inévitablement la ‘‘Chakhchoukha’’. Les quatre plats sont garnis de viandes, pois chiche et une sauce blanche. L’Achoura c’est aussi une occasion pour exprimer la solidarité et l’entraide avec les nécessiteux. Elle est surtout une occasion pour la multiplication des causeries religieuses consacrées à la portée de cet évènement marquant le dixième jour de Moharrem de l’Hégire qui sera au centre des activités des mosquées de la métropole d’Annaba.

B. G.

Tiaret : joie et partage

La fête de l’Achoura, commémorée chaque année dans la joie et l’allégresse, est une occasion culturelle, religieuse et patriotique que les Tiaretis accueillent avec enthousiasme. Cette célébration revêt une signification spirituelle et sociale indéniable. C'est un jour de partage et de charité, où les enfants laissent libre cours à leur joie. Parmi les traditions, l'apparition de Boughandja, un personnage très attendu par les enfants, est marquante. Vêtu d'une euphorie extrême, il est issu d'une vieille légende populaire et se présente chaque année à la veille de l'Achoura, donnant le coup d'envoi aux festivités. Autour de la Che3ala (feu de camp), il réunit les enfants, leur raconte des histoires traditionnelles, leur offre des friandises et des cadeaux, et les invite à chanter en son honneur. Malheureusement, cette coutume a presque disparu depuis longtemps. C'est également l'occasion de sortir la Zakat, un principe qui consiste à donner aux plus démunis un dixième des économies réalisées durant l'année. Les Tiaretis, comme tous les Algériens, font preuve de générosité en distribuant des fruits secs (dattes, amandes, noix, raisins, figues). Les familles se rendent visite les unes aux autres, et le plat emblématique de cette fête est le couscous aux sept légumes, préparé avec de la viande séchée de l’Aïd al-Adha.

S. M. N.

Mostaganem : Entre jeûne et transmission des valeurs 

Mostaganem, à l’instar de toutes les wilayas du pays, a célébré hier la journée de l’Achoura, qui coïncide avec le 10e jour du mois de Moharram, dans une ambiance empreinte de piété, de traditions et de partage. Comme dans de nombreuses régions d’Algérie, cette journée, profondément ancrée dans les traditions, est marquée par le jeûne, suivi d’un repas copieux et symbolique et une soirée conviviale, où la tradition prend tout son sens. Après une journée de jeûne, les familles mostaganémoises se réunissent à la tombée de la nuit autour d’un plat emblématique de la région : les Kwaret. Préparé spécialement et soigneusement pour l’occasion, ce mets ancestral est composé de petites billes de semoule, de la viande hachée, et des œufs durs râpés, cuites lentement dans une sauce rouge parfumée, puis servies bien chaudes avec du pain maison. Mais au-delà du repas, Achoura est aussi un moment de transmission spirituelle et culturelle. Ces histoires, empreintes de sagesse et de valeurs, sont racontées avec émotion et respect, permettant aux enfants de découvrir leur héritage religieux et constituant une façon de mieux comprendre leur religion.

Y. H.

Tlemcen : Dans la ferveur 

À Tlemcen, Achoura ne se résume pas à une simple commémoration religieuse. Elle devient, chaque année, un moment de communion populaire où se mêlent spiritualité, solidarité et traditions séculaires. Dans cette wilaya au riche patrimoine, les rues prennent une allure particulière, marquée par une effervescence qui témoigne de l’attachement profond des habitants à cette fête du 10e jour du mois de Muharram. Les gens de Tlemcen ne sont pas prêts à rompre avec leurs traditions. À voir l’intensité des activités singulières dans les rues de la ville, il est évident qu’Achoura reste une date à part dans le calendrier local. Partout, des étals éphémères proposent une large variété de marchandises : henné, produits de toilette traditionnels, parfums artisanaux, Bekhour, mais aussi plantes médicinales, bougies et objets symboliques. Pour les marchands ambulants et les commerçants de l’ancienne zone commerciale de la ville, Achoura représente une double opportunité : verser la zakât aux plus démunis dans le respect des valeurs religieuses, et relancer des activités commerciales parfois ralenties par le quotidien. « Achoura, c’est un souffle pour nous », confie un vendeur d’épices du Souk El-kaissariat, « Non seulement on vend plus, mais on sent aussi l’importance de faire le bien. On donne à ceux qui n’ont rien, et ça fait partie de la fête. » Dans les foyers, les femmes s’activent pour préparer des plats traditionnels qui font la renommée de la gastronomie tlemcénienne : berkoukes, rechta, tchicha ou encore soupes parfumées accompagnées de keddid. Les enfants, quant à eux, vivent cette fête avec une joie contagieuse. Déguisements, chansons, feux de joie et collecte de bonbons rythment leur journée, dans une atmosphère qui rappelle certaines fêtes populaires du monde méditerranéen.

A. M.

 

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