Boukhalfa Amazit, journaliste, scénariste : «Les jeunes cinéastes ont une vision différente»

La lecture de l’histoire par les jeunes cinéastes n’est pas celle de la génération de Rachedi, Lakhdar-Hamina, Amar Laskri, car ceux-ci sont des cinéastes qui étaient témoins de la guerre de Libération, qui y ont participé d’une façon ou d’autre. Ce sont des cinéastes d’une très grande valeur, qui ont été les témoins, donc ils ont un regard totalement différent de celui que peuvent avoir les jeunes cinéastes aujourd’hui. Je songe par exemple à «El Wahrani» de Lyes Salem qui a proposé une vision que certains n’ont pas aimée. Mais cette vision existe, et ce n’est pas une question d’aimer ou de ne pas aimer, mais de faire un travail critique qui manque considérablement dans notre pays par rapport à ce qu’il y avait. Je pense aussi à «Le Puits» de Lotfi Bouchouchi, qui est aussi une autre vision. C’est une nouvelle façon de voir les choses, c'est-à-dire de parler de l’impact de la guerre de Libération sur les populations des villes et des campagnes qui ont eu à la subir. En fait, le moudjahid était un Algérien actif dans l’histoire, mais la population subissait l’histoire. Beaucoup d’amis moudjahidine ou ceux que j’ai rencontrés ou interviewés, me disent très souvent que «quand je suis monté au maquis, j’étais libre, indépendant. Je m’étais déjà libéré», mais ce n’était pas le cas de la population qui a eu à subir une guerre totale. Il ne faut jamais oublier que ça a été la guerre de décolonisation la plus violente du XXe siècle. Donc le cinéma intervient et apporte une lecture, parfois parcellaire, parce qu’il y a tellement de choses à dire.

 

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