63e anniversaire des manifestations du 11 décembre 1960 : Soutien au FLN et au GPRA

De notre bureau de Constantine : Chahinez Djahnine

Les manifestations du 11 décembre 1960 à Alger principalement et dans d’autres villes comme Constantine, Oran, Béjaïa, Sidi Bel-Abbès, Aïn Témouchent et Tlemcen, opposant la population algérienne musulmane sans arme à l’armée coloniale et aux civils français, ont prouvé que le peuple algérien était favorable au FLN, au GPRA et à l’indépendance sans aucune condition.

Selon les historiens, ces manifestations populaires ont constitué un soulèvement de grande ampleur qui a duré plus de dix jours, du 10 au 20 décembre 1960. Elles ont été suivies par des arrestations massives provocant des violences inédites et des répressions ayant entraîné la mort de milliers de civils algériens et un immense déchirement lors des enterrements des manifestants, notamment dans les quartiers populaires d’Alger, ainsi que l’indignation de l’opinion internationale. Egalement, ces manifestations ont fait l’objet pour la première fois d’une large dénonciation des médias internationaux, y compris des médias américains et français, lesquels ont confirmé la répression sanglante commise par l’armée coloniale contre les manifestants sans armes. Un journaliste européen du journal Paris Jour du 14 décembre 1960, a écrit un article sous le titre «Au cimetière d’El Kettar», dans lequel il décrit les enterrements des Algériens. Il dira donc : «J’ai eu peur, hier matin, au cimetière d’El Kettar, où La Casbah était venue enterrer des morts. Ce n’était pas une mer humaine mais un océan, un océan de passion, de colère et là, une fois encore, j’étais le seul Européen parmi cet immense peuple de La Casbah et face à ce drapeau vert, rouge et blanc du FLN qu’agitait au-dessus des tombes une foule déchaînée.» (*1). Lors de ce soulèvement populaire inédit, les Algériens étaient des milliers à battre le pavé dans la majorité des villes, scandant des slogans très évocateurs tels que «Vive le FLN», «Ferhat Abbas au pouvoir», «Vive Krim Belkacem», «Vive la République algérienne», «Nous serons algériens maintenant, non à la France». Dans ce cadre, le Dr Boualem Benhamouda, dans son ouvrage intitulé «La révolution algérienne du 1er Novembre 1954» indique que les masses musulmanes ont décidé qu’il n’y avait plus de place pour la clandestinité dans l’aide au FLN. Il poursuit en précisant que le peuple a dénoncé ouvertement son refus de tout le travail de sape psychologique, les opérations militaires, la torture, les massacres, l’emprisonnement, les barrages électrifiés aux frontières du pouvoir colonial et de son appareil militaire contre le FLN et les actions de l’ALN (*2).

La planification des manifestations

S’agissant de l’organisation et de la planification des manifestations du 11 décembre 1960, pour le professeur Moumen Lamri, spécialiste de l’histoire de la guerre de Libération «ces manifestations étaient encadrées par le conseil national de la révolution du FLN qui a émis des décisions visant la mobilisation, la planification et l’encadrement des masses populaires dans l’ensemble des villes. Les décisions appliquées dictaient la mise en place des comités d’organisation au niveau des quartiers populaires des villes, la mise en place des comités de soutien pour la confection de l’emblème national et la mobilisation des encadreurs au sein des foules pour harmoniser les manifestations et confectionner des pancartes sur lesquelles des slogans bien précis et unifiés, étaient scandés par les manifestants dans l’ensemble des villes». Le même spécialiste évoque le bilan de la répression survenue dans les quartiers d’Alger, précisant que plus de 800 manifestants sont tombés en martyrs et plus de 1.000 blessés ont été recensés, principalement à Belcourt et dans les quartiers arabes de la capitale. Il ajoute que la répression violente de l’appareil militaire colonial contre les civils sans défense a soulevé l’indignation de l’opinion internationale.

L’impact au plan international

Outre la répression violente des manifestations du 11 décembre 1960, ce soulèvement populaire inédit a accéléré le processus d’indépendance de l’Algérie avec l’inscription de la question du peuple algérien aux travaux de la session de l’ONU durant la même année, l’indignation de la communauté internationale contre la machine meurtrière coloniale en Algérie, en plus de la défaite flagrante de la politique française sur les plans diplomatique et médiatique. Selon le professeur Moumen Lamri «les manifestations étaient une victoire politique et diplomatique puisqu’elles ont poussé le pouvoir colonial à entamer par la suite des négociations sérieuses avec le GPRA et la réaffirmation de la cause algérienne à l’ONU, d’autant que ce soulèvement massif a déconcerté les forces françaises coloniales qui assiégeaient les moudjahidine dans les maquis avec un déploiement militaire important». En outre, les historiens confirment que le contexte historique des manifestations a marqué le processus de décolonisation dans le monde. L’affrontement diplomatique et politique entre la France coloniale et le FLN témoigne d’une croissance de l’influence du FLN appuyé par la mobilisation et le soutien total de la population au GPRA. Tous les facteurs étaient en faveur du FLN, notamment l’accroissement du soutien des pays afro-asiatiques et le 11 décembre 1960 constituent l’aboutissement global de tous les efforts de la révolution.

(*1) Chabane Nordine/ «Guerre d’Algérie et lutte de libération»
(*2) Dr Boualem Benhamouda / «La révolution algérienne du 1er Novembre 1954»

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