La Roumanie est repartie en élection présidentielle hier, cinq mois après le premier tour annulé d’une précédente édition, avec la même appréhension d’une victoire de l’extrême droite, sortie victorieuse lors de la première manche du 24 novembre dernier. Le candidat Câlin Georgescu, anti européaniste convaincu, avait été exclu de la course par la plus haute juridiction du pays, après de lourds soupçons d’ingérence étrangère à son profit, entrainant la non validation du scrutin. Une élimination qui a suscité beaucoup de bruits à l’étranger, dont la plus retentissante a été cette véritable «leçon de morale» administrée à l’Europe, par le vice-président américain le 14 février dernier à Munich. J.D Vance, citant le cas de l’élection présidentielle roumaine, avait fustigé une «atteinte à la liberté d’expression et à la démocratie», à travers l’exclusion du candidat Câlin Georgescu, et la décision de justice qui l’a motivée. Le candidat George Simion, porte l’étendard de l’extrême droite en substitution pour le rendez-vous de ce 4 avril, et part selon des sondages avec de fortes chances de l’emporter. Un scénario qui pourrait mettre à mal encore plus la cohésion européenne, puisque le candidat est un souverainiste aussi entier que son prédécesseur, avec un effet certain sur les efforts de mobilisation au sein de l’UE dans le contexte de la guerre en Ukraine. En tout, ce sont onze candidats qui briguent la fonction de Président de la République à l’occasion. Le Portugal, pour sa part, est entré en campagne électorale hier, en prévision d’un scrutin législatif, le 18 mai prochain. Le pays après huit années successives de gouvernement socialiste, a depuis une année basculé à droite, mais en une version beaucoup plus «modérée» que la tendance globale en Europe. Cette situation ne devrait pas changer cependant puisque les sondages accréditent le parti Alliance démocratique (AD) au pouvoir de 32,5% des intentions de vote, contre seulement 27,3% pour le Parti socialiste (PS). L’extrême droite ne pointe derrière qu’à hauteur de 17% des intentions. Au Royaume Uni par contre, l’extrême droite a marqué des points importants, il y a quelques jours, en remportant plus de 670 sièges de conseillers locaux et deux postes de maire. Le parti de Nigel Farage, Reform UK, au discours radical sur l’immigration, voit là une sérieuse raison de croire à une montée en puissance qui pourrait lui permettre de remporter les législatives, et donc de gouverner, dans quatre ans. La percée s’est faite sur le compte des conservateurs, mais aussi du parti travailliste du Premier ministre, Keir Starmer, dix mois après son arrivée au pouvoir. En Allemagne, L’Office de protection de la Constitution a classé vendredi dernier le parti l’Alternative pour l’Allemagne (AfD) de formation «extrémiste de droite», pour son idéologie dévalorisant «des groupes entiers de la population» et «portant atteinte à leur dignité humaine», notamment les migrants et les musulmans. Un débat sur son interdiction est lancé même si le pari paraît des plus risqués.
M. S.