Ancien journaliste d’El moudjahid :Mohamed Arabdiou n’est plus

 
Mohamed Arabdiou a tiré sa révérence mercredi à 3 heures du matin à l’âge de 90 ans. Le gentleman au sourire communicatif a été terrassé par un arrêt cardiaque avant d’arriver au service des urgences. Figure emblématique de la presse nationale dont il était le doyen, il fut distingué  par le ministère de la Communication comme journaliste militant de la cause nationale. Personnalité marquante de par sa stature, son élégance, sa verve et ses qualités professionnelles, Mohamed est entré dans la presse en 1962  après la diffusion de son roman La pièce d’argent, publié en Belgique alors qu’il était ouvrier dans une usine allemande. Il est projeté aux devants de la scène, dans une période charnière, sollicité par la presse belge et allemande, en manque d’informations sur le devenir de l’Algérie indépendante.  
Le roman de Mohamed Arabdiou sera lu avec beaucoup d’intérêt  par  Henri Alleg, compagnon d’infortune de Maurice Audin et auteur de La Question, sur les tortures en Algérie durant la guerre. Le style d’écriture plaît au directeur d’Alger Républicain, qui engage Arabdiou comme membre de l’équipe rédactionnelle. C’est ainsi que commence sa nouvelle carrière avec l’indépendance de l’Algérie. Ses débuts seront marqués par un entretien à Pékin avec Chou En-lai, Premier ministre chinois.   En Yougoslavie, il rencontre Tito. Après l’aventure d’Alger Républicain, il intègre El Moudjahid où il exerça jusqu’à sa retraite en 1987. Mohamed a été un journaliste de terrain, dynamique et jamais à court d’idées.
 Il accordait beaucoup d’importance aux détails, avec un style furtif, très attaché à la description des faits et des personnages, apportant une touche humaine à ses écrits. Régulièrement, il nous sollicitait, en tant que jeunes recrues de la presse, à relire ses papiers et exprimer nos pensées. Il nous a, ainsi,  inculqué le sens de l’humilité et le partage des idées en tant que qualités essentielles de la profession. Mohamed Arabdiou, l’enfant de Boufarik, et son ami Halim Mokdad  partageaient un fonds culturel commun de leur Mitidja natale. C’était un plaisir de les entendre  conter leurs souvenirs et connaissances communs.  Mohamed Arabdiou a été fortement affecté par l’assassinat de son frère Djilali, photographe à
El Moudjahid, tombé en 1995 sous les balles des terroristes à la porte de son domicile. Les deux frères étaient comme des jumeaux complices. Mohamed Arabdiou fut pour nous un guide et un exemple de bonté, de rigueur et de professionnalisme.
Rachid Lourdjane

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