
Israël ne se limite plus à grignoter des territoires de la Cisjordanie. L’annexion et l’expropriation des terres et des biens palestiniens sont devenues un «droit» «légitimé» et acté par le vote de la Knesset, qui a adopté, mercredi dernier et à la majorité, une motion prônant l’application de la souveraineté sioniste sur les territoires occupées. Les colons israéliens, encadrés par les militaires de l’entité sioniste, multiplient les incursions dans les villages et les terres palestiniens, sans se soucier des énoncés du droit international. Seulement, ce vote est loin de constituer une surprise. On se souvient qu’au mois de septembre Benyamin Netanyahou avait présenté à l’Assemblée générale de l’ONU la carte d’un futur Israël englobant l’ensemble de la Palestine. Et l’autorité palestinienne dans tout cela ? Comment qualifier son silence inexplicable face à la politique du fait accompli imposée par Tel Aviv ? Les rares apparitions pathétiques de Mahmoud Abbas ont été surtout marquées par ses critiques acerbes envers la résistance palestinienne, le Hamas tout particulièrement. Facteur aggravant pour le président de l’autorité, son opposition déclarée aux contacts qui se multiplient entre responsables du Fatah et du Hamas dans la perspective d’une réconciliation des factions palestiniennes. Pour lui la résistance doit déposer les armes et annoncer «la paix des braves» au moment même où des ministres, principalement Smotrich, Ben Gvir et quelques autres, ne cachent pas leur projet annexionniste déniant toute perspective de création d’un État palestinien. Les évènements du 7 octobre, et malgré le drame humanitaire qui s’en est suivi, a eu le mérite de dévoiler des dessous de tables jadis inavoués. Voulant tout contrôler, le locataire de la Moqata’a, siège de l’autorité à Ramallah, a bien compris que l’un des enjeux de ces contacts réside dans la perspective que le Hamas puisse enfin être intégré au sein de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), cadre politique et organisationnel historique de la représentation politique du peuple palestinien. Un des premiers jalons pourrait être la désignation d’un nouveau Conseil national palestinien, Parlement de l’OLP, censé représenter toutes les composantes du peuple palestinien et qui pourrait donc accueillir le Hamas. Se poserait ensuite la question du programme et des initiatives concrètes à prendre ou à soutenir. Dans ce cadre, la question de l’organisation de nouvelles élections législatives constituera un enjeu majeur, car permettant potentiellement de rééquilibrer les rapports de force entre les différents courants politiques palestiniens, très certainement au profit du Hamas.
Cette perspective, on s’en doute, n’a guère la faveur de Mahmoud Abbas et de ses proches. Car elle imposera la nécessité d’un changement politique radical incarné par un responsable possédant une très forte légitimité populaire. Le nom de Marwan Barghouti, emprisonné depuis 2002 en Israël, vient évidemment immédiatement à l’esprit. Ce serait, en outre, le seul susceptible d’unir les différentes factions palestiniennes sur un programme commun minimum. Le Hamas et les différentes factions palestiniennes le savent très bien. L’après-guerre contre Ghaza induirat tous les scénarios plausibles sur l’échiquier politique palestinien. L’option choisit déterminera l’avenir de l’État de Palestine que l’opération «déluge d’Al Aqsa» a réussi à replacer au-devant de la scène internationale et pas que. Cette perspective a fait tomber des certitudes, préludes à un séisme diplomatique en septembre prochain.
El Moudjahid