
Le quotidien français Le Monde incarne désormais avec éclat la célèbre maxime du Général De Gaulle : «La vieillesse est un naufrage.» Ce journal porté sur les fonts baptismaux par son fondateur Hubert Beuve-Merry, vieillit mal. En 80 ans d’existence - il va fêter son anniversaire ce 19 décembre - Le Monde a joué la symphonie du métier sur toutes les octaves. Du do mineur au la majeur, avant de se reléguer hélas ! à une triste chorale médiatique. Dans un article intitulé : En Algérie, l’«exile forcé» pour toute voix dissidente, le journal rejoint la meute de l’extrême droite française qui n’en finit pas de s’acharner sur l’Algérie. En réalité, Le Monde n’a fait que s’inscrire une fois de plus dans le rituel solidement ancré dans les milieux médiatiques français. Cette tendance nourrie par l’extrême droite distille, à longueur de colonnes de journaux et d’émissions télévisuelles, son hostilité envers l’Algérie. Le but est clair : jeter l’anathème sur les transformations profondes que connaît l’Algérie. La cible est toute désignée : le président de la République Abdelmadjid Tebboune. Cette malhonnêteté intellectuelle, consistant à noircir systématiquement la réalité algérienne, ne fait nullement honneur à un journal qui, depuis sa création en 1944, a été souvent présenté comme un modèle de rigueur et d’impartialité. Mais les torpilles systématiques lancées par ce journal contre l’Algérie ne procèdent-elles pas d’une démarche qui trahit non seulement une partialité flagrante, mais aussi un mépris pour une culture et un peuple qui continuent de s’affirmer avec dignité, malgré les jugements biaisés ?
L’Algérie est un pays stable et prospère, riche d’une culture qui ne cesse de rayonner et qui honore ses illustres écrivains. Ces auteurs d’expression française, profondément enracinés dans leur terre natale, incarnent une littérature que certains préfèrent sciemment ignorer. Mais pourquoi donc ? Précisément parce qu’elle a l’Algérie chevillée au corps, elle la porte dans son cœur. À croire les médias français, on dirait que l’Algérie n’a enfanté que deux écrivains : Boualem Sansal et Kamel Daoud, comme si un désert littéraire s’étendait au-delà de ces deux noms si convenablement adoubés. Mais alors, quelle serait cette étrange nation capable de «sécréter» des figures magistrales et mondialement reconnues telles que Mohamed Dib, Kateb Yacine, Assia Djebar, Mouloud Mammeri, Ahlem Mosteghanemi, Tahar Djaout, Mourad Bourboune, Yasmina Khadra, Amine Zaoui, Mouloud Feraoun, Rachid Mimouni, Malek Chebel… ? Et la liste s’étire encore, presque insolente par sa richesse. Voilà donc un pays qui, contre toute attente, produit une littérature foisonnante, imprégnée de l’âme de son peuple et de l’histoire de ses luttes. De la guerre de Libération à la lutte contre l’extrémisme et les libertés démocratiques. Peut-être faudrait-il, pour une fois, poser le projecteur là où il y a de la lumière, et non persister à chercher l’ombre là où elle n’existe pas. Quand une personne, quel que soit son statut, remet en cause l’intégrité territoriale du pays, elle doit répondre de ses propos devant la justice. Et Le Monde doit le comprendre. Il doit comprendre également qu’il y a des lois et une justice dans ce territoire libre et indépendant qu’est l’Algérie. Mais, sans doute, cela demanderait-il trop d’honnêteté pour un récit médiatique savamment calibré. Ce même journal a-t-il crié au scandale lorsqu’une vidéo de 35 secondes, publiée sur les réseaux sociaux par le joueur de l’équipe nationale Youcef Attal, a soulevé un incroyable tollé en France ? Offert à la vindicte politico-médiatique, le joueur a été condamné à huit mois de prison avec sursis et à 45.000 euros d’amende. Rien que cela ! Que cessent ces attaques ! Cessez vos calomnies qui n’honorent pas la mémoire du fondateur Beuve Méry ! N’est- ce pas ce même quotidien qui suppliait en 2000 le ministre algérien de la Communication de l’époque pour qu’il puisse être distribué en Algérie ? N’est-ce pas ce même journal qui a encaissé des millions d’euros en placards publicitaires pour vanter les réalisations économiques en Algérie en 2012 ? Une opération qui a d’ailleurs suscité une polémique lorsque des observateurs ont dénoncé l’absence de transparence autour de ces transactions. Le Monde traine encore de nombreuses casseroles. L’on cite la couverture de la guerre en Irak en 2003, la crise des Gilets jaunes (2018-2019)... Ces quelques exemples, parmi d’autres, soulignent que si Le Monde demeure un acteur central de la presse française, son parcours est loin d’être exempt de zones d’ombre. Alors que l’Algérie s’impose sur les scènes régionale et internationale, fidèle à ses positions de principe et aux idéaux de sa glorieuse guerre de Libération, la France, engluée dans les affres de son passé colonial et les échecs de son présent néocolonial, voit ses ambitions balayées. Lorsqu’elle a fini par être chassée d’Afrique, même par ses alliés historiques, dont les derniers en date sont le Sénégal et le Tchad, qui ont révoqué leurs accords militaires avec Paris, la classe politique droitière tente de faire diversion autour de la question de souveraineté du Sahara occidental, et de Boualem Sansal. Quant à ce journal qui s’obstine dans une cécité volontaire face au rayonnement de l’Algérie, il devra se rendre à l’évidence qu’on ne plie pas une nation forgée dans le feu de l’histoire, et encore moins un peuple héroïque et fier, que celui de l’Algérie. Ce pays inébranlable n’a pas vocation à être domestiqué ni réduit à une caricature.
Ce journal devra se rendre à l’évidence qu’on ne fait pas plier une nation forgée dans le feu de l’histoire, et encore moins un peuple héroïque et fier, que celui de l’Algérie.
Par Brahim TAKHEROUBTE