
«Où sont les Arabes ? Où sont les Arabes?» Combien de fois n’avons-nous pas été interpellés par les cris des Ghazaouis émergeant des décombres, portant des enfants morts dans leurs bras, hurlant à vous glacer le sang, face à la caméra, leur impuissance. Cette question tellement légitime a fini par devenir une énigme planétaire. Tout le monde se la pose mais personne ne détient de véritables explications.
Les habitants de Ghaza qui se demandent pourquoi leurs voisins et «frères de sang» ne les défendent pas contre les bombardements barbares de l’armée sioniste, ne forcent pas le blocus alimentaire et sanitaire imposé par le «grand régisseur du Proche orient», se sont résignés et ont détourné leurs regards vers le ciel. En déclenchant l’opération «Déluge d’Al Aqsa», la résistance palestinienne a peut-être cru «naïvement» ressusciter la flamme d’antan. A l’évidence, le sentiment populaire majoritaire dans les pays arabes est celui de la solidarité entière avec la cause palestinienne. Les principales capitales de la région se sont fourvoyées dans une sorte de prudence excessive, à telle enseigne que leur réponse dans les différents sommets, aussi bien de la Ligue arabe que celui de l’OCI, a été d’une tiédeur polaire.
Aux communiqués creux comportant des critiques rhétoriques d’Israël, s’en est suivi un silence sidéral. Depuis le début du conflit jusqu’à aujourd’hui, et pendant de très nombreuses décennies, certains pays arabes ont suivi leurs propres intérêts. D’autres parlent de soutien aux Palestiniens et de solidarité, un soutien qui ressemble étrangement à celui de la corde qui soutient un pendu. 100.000 enfants ghazaouis sont menacés par la mort à cause de la famine dans les prochains jours.
Depuis des mois, des tonnes de produits alimentaires et de médicaments sont parqués dans des camions de l’autre côté du passage de Rafah sans la moindre pression des «frères» sur l’entité sioniste ni sur Washington pour les faire parvenir à Ghaza. Rien, pas un grain de riz ni une goutte d’eau.
Pour d’autres encore les intérêts nationaux passent avant tout et la déconnexion avec la cause est totale. Les Palestiniens ont été abandonnés depuis longtemps au profit d’une normalisation galopante. Constante dans ses positions fermes et immuables, l’Algérie n’a jamais caché son soutien franc, ni tourné le dos au dossier palestinien qu’elle a érigé au rang de cause sacrée. Les concepts qui faisaient autrefois battre le cœur du Moyen-Orient, comme le panarabisme, ne sont aujourd’hui que des échos du passé. Malgré ces aléas imposés, la question palestinienne demeurera présente et un rien suffit à la rouvrir.
El Moudjahid