D’Hitler à Netanyahou

La famine est l’une des armes de guerre les plus anciennes. Les Romains l’ont utilisée, pour vaincre et détruire Carthage en 146 avant Jésus-Christ. Ces tactiques ont peu changé avec le temps : destruction des exploitations agricoles, des ressources alimentaires et en eau, et isolation des populations ennemies assiégées. Il est tentant de penser que seuls les dictateurs utilisent la nourriture comme arme, mais la guerre contre Ghaza en est l’image parfaite que même les systèmes prétendants être démocratiques ont recours à cette méthode. Ce que pratique Israël à Ghaza et le même modus operandi d’Adolph Hitler. Le plan de la faim appliqué par le Führer contre les soviétiques pendant la Seconde Guerre mondiale avait causé la mort de 4,2 millions de personnes. Autre exemple le Cambodge. En 1977, Pol Pot s’est servi de la famine de masse, pour mettre en œuvre son plan titanesque de restructuration sociale, basé sur la notion d’«année zéro», afin de faire de son pays une nation exclusivement agraire. Netanyahou, tout en voulant faire croire que les aides destinées à Ghaza pénètrent cette bande coupée du monde, tire à feu nourri sur tous ceux qui osent s’en approcher. Les États libéraux sont loin d’être innocents. Les puissances atlantiques ont utilisé la famine de masse comme arme de guerre pendant les deux guerres mondiales, avec leurs blocus maritimes rigoureux. Les États-Unis sont allés jusqu’à appeler leur campagne d’encerclement du Japon en 1945, «Opération Famine». Tandis que la Grande-Bretagne a réutilisé cette expression, pour son programme de délocalisation massive des populations, destiné à vaincre les communistes en Malaisie Britannique, dans les années 1950. Ces deux puissances ont d’ailleurs fait front commun contre les traités adoptés, lors de la signature de la Convention de Genève visant à interdire ces méthodes. En 1998, la Statut de la Cour pénale internationale a établi que l’utilisation de la famine dans les conflits armés internationaux était des crimes de guerre. L’amendement de 2019 a élargi cette doctrine aux conflits armés non internationaux : conflits entre États et groupes armés organisés ou entre groupes armés organisés. Outre la nourriture, la définition juridique de la famine comprend également la privation d’eau, d’abri et de soins médicaux. À Ghaza, une personne sur trois ne mange pas pendant plusieurs jours. À Ghaza, un nourrisson sur trois meurt chaque jour, faute de lait et de médicaments. À Ghaza, on préfère mourir dans un bombardement que de se «consumer» à petit feu. Pour ce qui se passe dans l’enclave palestinienne, le monde libre est désarmé et les appels à l’aide restent sans échos. D’Hitler à Netanyahou, l’histoire n’est finalement qu’un éternel recommencement.

El Moudjahid

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