L’importance de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf), en particulier pour l’Algérie, a été mise en valeur, lors du forum de l’énergie Algérie-Union européenne et à l'occasion de divers événements. En effet, dans le cadre de la nouvelle orientation économique, mise en place progressivement, le Gouvernement accorde au marché africain un intérêt de premier plan. La diversification des exportations permettra à l’Algérie d'avoir des parts de marché en Afrique avec une panoplie de produits.
La volonté politique y est, du reste une meilleure stratégie devra suivre. Aussi, commente Samia Abid, du Centre de recherche en économie appliquée pour le développement, la réalisation de ce potentiel et le renforcement du commerce entre l’Algérie et l’Afrique «nécessitent la prise d’une série de mesures allant au-delà de la libéralisation commerciale, en faisant face aux contraintes pesant sur la compétitivité et la diversification des exportations à l’initiative privée, le développement des infrastructures et l’harmonisation des politiques macroéconomiques».
Pour sa part, Amira Kaci de l’université de Tizi-ouzou, dans une enquête qui a touché un échantillon de 80 exportateurs réguliers, affirme que « l’Algérie dispose d’un potentiel très intéressant dans les secteurs de l’agriculture et les produits agroalimentaires avec une moitié des exportateurs issus de ces secteurs».
D’autres secteurs d’activité «présentent aussi un potentiel à développer davantage, comme le secteur pharmaceutique, des cosmétiques et de la chimie ainsi que les produits électriques tels que les câbles et les produits électroménagers». Aussi, estime l’universitaire, ces exportateurs «devraient renforcer leur engagement dans l’activité export car le poids de cette dernière reste encore marginal (50% des exportateurs réalisent un chiffre d’affaires export moins de 10% de l’activité globale)». Les avantages comparatifs de l’offre algérienne dans les secteurs d’activité identifiés «lui permettent de se positionner sur les marchés africains qui sont la destination première de l’offre algérienne». Pour ce faire, docteur Kaci relève l’importance d'«assurer une présence d’un réseau algérien efficace sur les pays africains».
La logistique considérée comme un des aspects importants du commerce international, présente «une contrainte pour les exportateurs algériens au vue des coûts élevés du transport notamment si on passe par des transbordements». Le prix de la logistique internationale représente jusqu’à 35% du prix de la marchandise, ce qui est hors norme, alors que cette dernière est située entre 8% et 9%. Par ailleurs, Magaye Gaye, économiste international, estime que, de façon globale, «des secteurs comme l’agriculture, l’agrobusiness et la santé devraient être privilégiés. L’Afrique a énormément de choses à offrir au reste du monde». Au plan géopolitique, «les Etats africains de la zone franc gagneraient à jouer plus en collectifs avec leurs homologues du continent afin de ne pas nager à contre-courant des intérêts supérieurs de l’Afrique». Au plan des textes, «il est nécessaire de renforcer l’harmonisation des règles douanières, démanteler les barrières non douanières, mettre en place des infrastructures intercontinentales modernes mais aussi ériger des industries compétitives capables non seulement de transformer les matières premières sur place mais aussi d’assurer une politique économique efficace de substitution aux importations en provenance du reste du monde». Il souligne que «le potentiel d’exportation inexploité actuel du continent se chiffrerait à près de 22 milliards de dollars, soit l’équivalent de 43% des exportations intra-africaines».
Fouad Irnatene