
Le Comité des opérations de politique monétaire (COPM) de la B. A. qui s’est réuni le 13 avril 2023, a décidé d’augmenter le taux des réserves obligatoires de 1% à 3%.
C’est la première fois depuis les baisses successives de 2020 durant la période Covid, que cet instrument de la politique monétaire est mis en œuvre. Le communiqué de la Banque d’Algérie (B.A.) précise que le COPM a examiné « l’évolution de l’inflation, du crédit, de la liquidité bancaire et de la croissance économique «. Aussi, il a été constaté que la liquidité bancaire « ne cesse d’augmenter passant de 1.996,41 milliards de dinars, à fin décembre 2022, à 2.475,817 milliards de dinars à fin mars 2023».
Il conclut que cette liquidité contraste avec une croissance modérée des crédits à l’économie de 3,27% à fin décembre 2022 et de 0,64% à fin février 2023 «. Interrogé à ce sujet, l'expert des questions économiques, Mahfoud Kaoubi, a indiqué, à El Moudjahid que cette décision “a été prise dans le cadre de la définition de sa politique monétaire, où le taux de réserves obligatoires doit constituer un des éléments de cette politique».
Selon lui, un des objectifs principaux tracé par la Banque d’Algérie, à travers l'augmentation du taux des réserves obligatoires, est de «réduire la liquidité au niveau des banques, et par là, participer à lutter efficacement contre le phénomène de l'inflation» en Algérie, a-t-il commenté.
Il faut signaler que la liquidité bancaire, a connu une «nette amélioration», du fait de la «croissance des exportations de l'Algérie durant les années 2022 et le début de l'année 2023», a-t-il noté.
Ce qui a permis à cette liquidité de dépasser les 2.900 milliards de dinars, a-t-il, précisé. L'objectif recherché actuellement par le gouvernement est de «combattre l'inflation, la réduire et la ramener à un taux de 6% d'ici la fin de 2023», a-t-il informé. Il faut signaler que la révision du taux des réserves obligatoires, permettra «d'éponger quelque 400 milliards de dinars qui sont actuellement en circulation, ou sous forme de liquidités au niveau des banques. Et ceci, va ramener le montant des réserves obligatoires à 600 milliards de dinars, a-t-il soutenu.
Le niveau de la liquidité bancaire est actuellement à environ 1.850 ou plus, voire 1.900 milliards de dinars, a affirmé cet analyste. Par ailleurs, concernant cette lutte contre l'inflation, M. Kaoubi, a fait remarquer, que «cet instrument lié à la révision du taux des réserves obligatoires, est un élément parmi d'autres qui contribue à la maîtrise de l'inflation. Et bien-sûr, à lui seul, «ne suffit pas», a-t-il fait remarquer.
Selon lui, «le taux d'inflation demeure, relativement élevé durant les années 2021-2022». Cela dit, il a insisté sur l'appareil de production, qui doit, a-t-il enchaîné, répondre» positivement à la sollicitation de l'économie algérienne ou du moins à la demande», ce qui permettra d'augmenter la production et améliorer la productivité qui est un élément important de la maîtrise de l'inflation.
Aussi,» la tenue du dinar grâce à sa bonne santé « est un aspect essentiel dans cette équation, du moment où toute appréciation de la monnaie nationale par rapport aux monnaies étrangères, contribuera à affaiblir l'impact de l'inflation importée et donc de réduire ou de maîtriser le taux d'inflation en général», a-t-il analysé. Effectivement, depuis la pandémie du Covid-19 et la guerre en Ukraine, les prix ne cessent de croître à l’international, atteignant des niveaux relativement élevés», a-t-il conclu.
Samia Boulahlib
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Maîtriser l'inflation
«La révision du taux des réserves obligatoires, contribue à la maîtrise de l'inflation, mais d'autres efforts doivent être consentis, notamment dans la sphère économique», a-t-il recommandé et ce, à travers l'augmentation de la production et l'amélioration de la productivité. Les banques sont astreintes à la constitution de réserves obligatoires, conformément au règlement de la Banque d’Algérie n°2004-02 du 4 mars 2004 fixant les conditions de constitution des réserves minimales obligatoires.
En effet celles-ci sont constituées sur l’ensemble de leurs exigibilités collectées et/ou empruntées en dinars et des exigibilités liées à des opérations hors bilan. L’assiette des réserves obligatoires comprend les dépôts en dinars de toute nature, à savoir les dépôts à vue, à terme, ou dépôts préalables à l’importation, ou encore les livrets et dons d’épargne, les bons de caisse ou autres, selon le même règlement.
La signification de la variation du taux des réserves bancaires est la modification de la position de liquidité des banques, entraînant la variation de leur comportement sur le marché interbancaire quant à l’offre et la demande de monnaie. Depuis la période Covid, ce n’est que maintenant que la Banque d’Algérie vient de relancer la politique monétaire, en vue de contenir l’expansion de la liquidité bancaire dans un premier temps. Puis dans un second temps, pouvoir s’attaquer à l’inflation dans sa dimension de phénomène monétaire, susceptible de perturber en profondeur le fonctionnement de l’économie nationale.
S. B.