Niveau de vie et consommation des ménages : l’Algérie prépare sa grande enquête nationale

L’enquête, qui démarrera en octobre et durera 13 mois, mesurera dépenses, revenus et conditions de vie des ménages. Des données clés pour orienter les réformes et les politiques publiques.

La ministre Haut-commissaire à la numérisation a présidé, hier à Alger, le lancement des travaux de la formation, prévue du 10 au 30 août, relative à l'enquête nationale sur les dépenses de consommation et le niveau de vie des ménages algériens, qui sera lancée officiellement en octobre prochain et devant s’étaler sur 13 mois consécutifs, couvrant ainsi les quatre saisons de l’année.
 
Dans son allocution, Meriem Benmouloud a affirmé que cette importante opération traduit les engagements du président de la République visant à renforcer la fiabilité des statistiques et des indicateurs socio-économiques, afin de mener des réformes plus efficaces et efficientes. Le Chef de l’État a, en effet, fixé une vision stratégique claire, dont l’objectif suprême est de réaliser un développement global et de hisser notre pays au rang des nations développées, en renforçant nos capacités productives et en augmentant notre valeur ajoutée. «Cela étant, et en vue d’accomplir ce saut qualitatif, nous avons besoin d’une véritable boussole, reposant sur des données et indicateurs statistiques précis et fiables. L’élaboration des politiques nationales et la prise de décisions à tous les niveaux, qu’ils soient économiques ou sociaux, doivent s’appuyer sur des faits tangibles et non sur des estimations ou suppositions», a-t-elle expliqué. 
 
D’ailleurs, c’est là que réside toute l’importance de cette enquête statistique nationale devant fournir aux autorités les informations nécessaires pour tracer une feuille de route claire pour réaliser les objectifs de développement visés, mettre en œuvre les réformes indispensables et doubler notre richesse nationale dans un avenir proche, a-t-elle noté.
La ministre a rappelé le rattachement récent de l’Office national des statistiques (ONS) à la Haute autorité à la numérisation, conformément au décret présidentiel du 22 avril 2025, et signalé cet engagement d’impulser une «nouvelle dynamique» et un changement «qualitatif» à travers un projet «ambitieux» et «global» visant à «développer» le système statistique national. 
 
«Celui-ci, a-t-elle poursuivi, prévoit la révision des textes juridiques encadrant l’activité statistique, la refonte de l’organisation et de la gestion de l’ONS, ainsi que l’intégration de la numérisation comme outil central dans le travail statistique national. Le but est de garantir la précision et la rapidité dans la collecte, l’analyse et la diffusion des données, en améliorant l’efficacité et en s’alignant sur les évolutions technologiques et mondiales dans le domaine des statistiques, au service des besoins du développement durable». 
Mme Benmouloud a mentionné, dans le même, sillage que la Haute autorité à la numérisation a élaboré un plan d’action clair pour la période 2025-2027, incluant deux opérations statistiques majeures. Il s’agit de l’enquête nationale sur les dépenses de consommation et le niveau de vie des ménages et l’enquête nationale sur la structure des entreprises économiques. «Ces enquêtes sont complémentaires, l’une à l’autre et tendent à disposer d’une vision plus précise et réaliste des performances de notre économie et d’améliorer le classement de notre pays sur la scène économique à l’international», a-t-elle fait remarquer. 
 
L’importance capitale de cette enquête nationale réside, à ses yeux, dans la construction d’une compréhension «approfondie» de la structure socio-économique des ménages. 
Aussi, cette enquête constitue, sur le plan économique, une «source essentielle» de données actualisées «permettant de produire» des indicateurs relatifs aux modes de consommation des ménages, à la répartition des revenus et aux niveaux de vie. Tout à  la fois importants et nécessaires, les indicateurs donnent la possibilité de «mieux comprendre» l’impact des politiques économiques sur les conditions de vie des citoyens, d’évaluer l’efficacité des mesures prises pour maîtriser l’inflation et préserver le pouvoir d’achat, mais aussi d’analyser le comportement des consommateurs, afin d’orienter la production et l’investissement vers les secteurs répondant le mieux aux besoins du marché. 
 
L’enquête attendue donnera lieu également à la conception de programmes économiques et sociaux «plus ciblés», pour les catégories les plus vulnérables de même qu’elle «contribuera directement» à «l’amélioration» des comptes nationaux et du Produit intérieur brut (PIB). Sur le plan social, elle est à même de fournir des données et indicateurs détaillés sur les conditions de vie des ménages algériens, leur bien-être et leur accès aux services essentiels, tels que l’éducation, la santé, le logement, l’eau, l’électricité, le gaz et l’internet. Autant d’éléments permettant d’optimiser l’évaluation de l’efficacité des services publics en identifiant les domaines à améliorer. 
 
À titre d’exemple, les données sur les habitudes alimentaires serviront d’outil essentiel aux autorités publiques pour orienter les investissements vers l’amélioration de la qualité de vie et assurer la justice sociale. Elles permettront aussi de localiser les zones souffrant de déficits en infrastructures éducatives ou sanitaires et de leur attribuer les ressources nécessaires. De plus, elles aideront à évaluer l’impact des programmes d’aide sociale et à vérifier que ces programmes ont bien atteint leurs bénéficiaires, a détaillé la ministre.
 
Consciente de l’importance d’une telle opération, la Haute autorité à la numérisation, via l’ONS, a adopté une «nouvelle» approche fondée sur deux principes fondamentaux, en l’occurrence la participation et l’efficacité. Il sera précisé, à cet effet, que la démarche participative découle d’une collaboration avec deux secteurs clés de l’État : l’Intérieur et les Collectivités locales, qui a mobilisé du personnel qualifié pour participer au travail de terrain, et l’Enseignement supérieur et la Recherche scientifique qui a mis à disposition ses infrastructures pédagogiques et de services pour accueillir cette session de formation et en garantir le succès.  
 
S. G.
 
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Les 540 communes des 52 wilayas concernées
 
Plus de 300 enquêtrices et 84 contrôleurs, désignés par le ministère de l’Intérieur et chargés du travail de terrain dans leurs wilayas de résidence, encadrés et formés par 25 formateurs spécialisés de l’ONS, sont mobilisés pour cette enquête nationale sur les dépenses de consommation. L’échantillonnage représentatif constitué et sélectionné au niveau national comprend ainsi plus de 24.000 ménages situés dans 540 communes répartis sur 52 wilayas. Une répartition qui tient compte de la diversité régionale et de la disparité géographique, afin d’assurer la précision des résultats et de leur représentativité.
Ce champ d’observation large est appelé à garantir des résultats complets et représentatifs de la diversité de la réalité algérienne, comme l’a souligné la ministre Haut-commissaire à la numérisation.  À noter que les résultats attendus de cette enquête nationale constitueront un «véritable miroir» de notre réalité, dont l’importance dépassera les seuls volets économique et social, sachant que ces résultats contribueront à «améliorer» le classement de l’Algérie dans différents indicateurs internationaux.                
 
S. G.
 
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Une enquête pilote pour corriger les lacunes

La structure du questionnaire relevant de l'enquête nationale sur les dépenses de consommation et le niveau de vie des ménages algériens comporte 13 sections réparties sur trois axes essentiels, à savoir : la consommation, le niveau de vie et les revenus. Les 13 sections couvrent, notamment, les caractéristiques sociodémographiques, telles que le logement, l’équipement, l’éducation et la santé, l’activité économique, les revenus, les dépenses…
Il faut savoir que cette structure a été pensée de manière à capter tous les éléments qui influencent la consommation et le niveau de vie. À travers cette nouvelle enquête, il est question d’actualiser les données essentielles collectés depuis 2011, sachant que le contexte socio-économique a été, depuis, profondément transformé. À cet égard, les objectifs essentiels visés par cette opération reposent sur trois dimensions majeures. La première est d’ordre macroéconomique, l’enquête étant un aliment de la comptabilité nationale, notamment, pour l’estimation de la consommation des ménages et les indices des prix, indicateur clé pour les suivis de l’inflation. La seconde dimension est relative au plan social et, là, il existe deux volets : le premier a trait au niveau de vie des ménages, à travers une analyse détaillée dans ce sens, ainsi qu’à travers l’élaboration de profils socio-économiques basés sur les comportements de consommation. Le deuxième volet, qui est celui des revenus, permet, comme son nom l’indique, d’identifier toutes les sources de revenus des ménages, pour mieux comprendre la structure économique des foyers et d’avoir, par conséquent, une estimation des différents composants des différents revenus des ménages. Enfin, la troisième dimension de l’opération concerne les différentes politiques publiques et, là, on retient qu’à travers les différents indicateurs calculés, cette enquête «servira de levier pour orienter les politiques publiques, y compris en matière d’investissements, de production et d’importation».
Selon les précisions apportées par le DG de l’ONS, le pack concernant l’enquête est déjà prêt, et cette formation sera d’abord suivie d’une enquête pilote permettant de relever, sur le terrain, et de corriger tous les problèmes, avant le lancement de l’enquête nationale sur les dépenses de consommation et le niveau de vie des ménages algériens».

S. G.

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