Intermédiation hors banques : Impliquer les acteurs de la place financière

«La Banque d’Algérie (BA) a déployé des efforts considérables pour réduire l’ampleur de la finance informelle, notamment depuis l’avènement de la dernière crise pétrolière», affirment Derder Nacéra et Benamar Abdelkader, respectivement enseignants à l’université de Boumerdès et à l'Ecole supérieure de commerce d'Alger. Pour les universitaires, la BA a encouragé la formalisation financière par «l’institution du droit au compte, l’élargissement de l’offre des produits de la finance islamique, la protection des dépôts bancaires, l’encouragement des opérations de collecte de l’épargne en devises ainsi que la fixation des normes de transparence financière et de concurrence saine au sein du système bancaire algérien».
Dans une étude exhaustive pour le compte de la revue internationale de la performance économique, les deux universitaires indiquent, à titre d’exemple, que pour le droit au compte, il ressort «le problème d’application des textes mis en place par l’autorité monétaire du pays». Ainsi et compte tenu du «faible taux de bancarisation et de l’importante circulation fiduciaire, ces actions n’ont pas eu le résultat escompté». En effet, souligne l’étude, «l’économie informelle contrôle toujours des segments importants de l’économie algérienne».
Consciente de l’impact visible que la diversification des produits financiers peut avoir sur les fonds informels, la Banque d’Algérie a autorisé, par le règlement n° 2020-02 du 15 mars 2020, les banques traditionnelles à ouvrir des guichets dédiés aux produits islamiques.
Dans l’exercice de son rôle de lutte contre l’informalité, précise l’étude «la Banque d’Algérie fait face à un certain nombre d’obstacles qui limitent son intervention dans l’absorption de la monnaie fiduciaire circulant hors banques et qui contribuent de ce fait à la formation de réseaux informels».
Les entraves à la formalisation de la finance informelle en Algérie «reflètent le caractère multidimensionnel du problème de la finance informelle, un caractère qui laisse apparaître, d’un côté, l’urgence de multiplier les actions de lutte contre l’intermédiation hors banques et d’un autre côté, la nécessité d’impliquer tous les acteurs de la place financière du pays». Cette formalisation «doit constituer un objectif au profit du plus grand nombre de la population et les actions doivent être engagées, non seulement sur le plan réglementaire et légal, mais aussi s’inscrire dans une stratégie visant à renforcer l’efficacité du système bancaire».
Actuellement deux banques islamiques figurent dans le paysage bancaire algérien : Al Baraka Bank et Al Salam Bank. «Malgré la faible part de marché de la finance islamique sur la place financière du pays, observent les universitaires, son importante évolution, notamment durant une période de crise, ouvre de nouvelles perspectives devant le développement de la finance islamique en Algérie». Selon eux, «la finance islamique contribue à l’amélioration de la capacité du secteur bancaire algérien à mobiliser l’épargne notamment informelle».
Au chapitre des entraves, les universitaires relèvent que «la non-application de la réglementation liée à l’obligation d’utiliser les moyens scripturaux et l’injection massive des liquidités destinées à la consommation, favorise le développement de l’intermédiation informelle».

Fouad Irnatene

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