Ouverture à l'international

Par Farid Bouyahia

"Algerian Union Bank" (AUB) et "Algerian Bank of Senegal" (ABS) sont les deux premières banques algériennes ouvertes à l'étranger, dans une démarche à caractère géostratégique pour l'Etat algérien sur les plans économique et politique. Dans un passé récent, les banques algériennes étaient quasi absentes en Afrique, notamment, dans les pays subsahariens. Cette situation a entravé l’implantation des entreprises algériennes dans cette région et a limité les potentialités d'exportation vers les pays africains. Aussi, la quasi-inexistence de banques algériennes en Afrique résultait de l’absence d’un cadre juridique clair et l’absence de lignes maritimes entre l'Algérie et le reste de l’Afrique. De très rares entreprises ont réussi à conquérir le marché africain. Les exportations algériennes vers l’Afrique, sont restées en deçà du potentiel existant et de la dynamique économique que connaît le continent, bien que ce dernier reste le moins intégré économiquement et que la part des exportations entre les pays africains est très faible par rapport au niveau atteint vers l'Europe et l'Asie. Consciente des enjeux économiques et financiers au niveau régional, l'Algérie a accéléré depuis 2020 la mise en place de politiques publiques à même de favoriser l’intégration économique en accélérant la mise en place de zones économiques régionales et l’instauration d’une nouvelle vision des mécanismes de coopération africaine, en concentrant les efforts de financement de l’investissement et le commerce sur les pays voisins. C'est compte tenu de cette réalité qu’est venue l'idée d'accélérer l'ouverture de banques à travers l’instauration de mesures visant à atténuer les pressions sur le change, entravant les transferts et les transactions financières avec l’extérieur, lors des opérations d'exportation vers les pays africains. Partant du constat que l’internationalisation des banques algériennes n’est plus, aujourd’hui, un luxe mais une nécessité pour une meilleure performance de l'économie algérienne, les banques sont de nos jours l’un des moteurs essentiels de la croissance en Afrique, qui entame une nouvelle ère économique et financière. Trois filiales de banques algériennes étaient annoncées au Sénégal, au Niger et en Mauritanie. Un début modeste qui devrait aboutir, à terme, à une plus large ouverture. C’était un vœu du président Tebboune, exprimé lors du sommet de l’Union africaine de février 2020 : insuffler une dynamique dans la coopération internationale de l’Algérie, en particulier avec les pays africains et le Sahel. Ce vœu a abouti quelques semaines plus tard à la création de l’Agence algérienne de coopération internationale dont la mission est de participer à l’élaboration et à la mise en œuvre de la politique de coopération du pays en matière économique, sociale, scientifique ou encore culturelle. L’un des chantiers lancé dans ce cadre est celui de l’établissement de représentations bancaires à l’étranger : d’où l’annonce de l’installation des trois principales banques publiques algériennes au Sénégal, au Niger et en Mauritanie. La création d'un Conseil supérieur des exportateurs a aussi été ordonné aux fins d'améliorer la prise en charge des préoccupations des exportateurs, les incitations et les facilitations qui leur sont destinées. Dans un autre contexte, le secteur du commerce a été exhorté à accélérer le processus d'ouverture de zones franches au niveau de nombre de wilayas limitrophes de la Mauritanie, du Mali et du Niger. Ces pays partagent avec l'Algérie, depuis 1962, des traditions dans le libre-échange de produits agricoles. A cela viennent s'ajouter les mesures prises pour l'ouverture de lignes maritimes avec la Mauritanie et le Sénégal afin de soutenir les échanges commerciaux continentaux, ainsi que les exportations nationales, outre les orientations stratégiques et perspectives qu'offre la Zlecaf. L’internationalisation des banques algériennes est devenue nécessaire voire vitale pour accompagner les acteurs économiques et les entreprises algériennes notamment exportatrices sur les marchés extérieurs, dont d'abord le marché africain. Et bien que modeste la présence des banques algériennes en Afrique, tout porte à croire que cette tendance sera renforcée et généralisée à d’autres pays.

F. B.

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