
«La croissance économique devrait atteindre 4,2% en 2023 grâce à une croissance robuste dans les secteurs des hydrocarbures, de l’industrie, de la construction et des services.» C'est ce qu'a déclaré, jeudi, M. Chris Geiregat, lors d'une conférence de presse, organisée à l'hôtel Sofitel par la mission du Fonds monétaire international (FMI), qu'il a dirigée à Alger du 3 au 14 décembre, pour tenir les consultations, au titre de l’article IV avec l’Algérie en 2023.
Interrogé par El Moudjahid sur les appréciations que la mission a porté sur l'économie algérienne, notamment ses équilibres externes et internes, M. Chris Geiregat a relevé les points positifs, mais aussi les risques auxquels est exposée l'économie algérienne. Pour l'année 2024, une prévision de "croissance qui devrait rester robuste", et "l’inflation devrait se modérer". Le FMI prévoit des perspectives à court terme, globalement "favorables". Selon les résultats préliminaires de la mission FMI, le solde des transactions courantes de la balance des paiements devrait enregistrer un excédent pour la deuxième année consécutive et ce, en dépit de la baisse des prix des hydrocarbures et d’une hausse modérée des importations. Autre indicateur positif : les réserves de change de l'Algérie sont à un niveau "confortable", équivalent à 14 mois d’importations à fin octobre, a attesté l’orateur. Le déficit budgétaire devrait se creuser davantage en 2024 du fait de la hausse des dépenses salariales, des transferts budgétaires et des dépenses d’investissement public. La persistance des déficits budgétaires élevés éroderait la marge de manœuvre budgétaire, provoquant un resserrement des contraintes de financement et une hausse de la dette publique. Le déficit serait partiellement financé à travers le retrait des recettes des hydrocarbures accumulées au niveau du Fonds de Régulation des Recettes (FRR) ouvert au niveau du Trésor. La mission salue les progrès continus enregistrés en matière de réforme des finances publiques, dont l'introduction du budget programme et la mise en place de contrats de performance pour les gestionnaires, qui devraient améliorer la transparence en matière d'exécution budgétaire. La mission du FMI recommande un rééquilibrage budgétaire graduel pour limiter l'augmentation attendue des besoins de financement et de la dette publique à moyen terme, pour contribuer à protéger la politique budgétaire de la volatilité des recettes des hydrocarbures et d’autres chocs.
Poursuite des réformes pour diversifier l’économie
Concernant les perspectives économiques, celles-ci pourraient s’améliorer grâce à la poursuite des réformes visant à diversifier l’économie, a estimé la mission. Ces réformes nécessiteraient cependant, une mise en œuvre continue du Plan d’action du gouvernement, une hausse de l’investissement privé, une amélioration du climat général des affaires, un plus grand développement des marchés financiers domestiques et la recherche de nouvelles opportunités pour les exportations hors hydrocarbures. La nouvelle loi monétaire et bancaire, la loi sur l'investissement et la numérisation constituent les trois pierres angulaires, au terme des réformes économiques engagées, selon le conférencier. Ainsi, la mission se félicite de l'adoption de la nouvelle loi monétaire et bancaire visant à stimuler l'innovation et l'inclusion financière, à moderniser les outils à la disposition de la Banque centrale en matière de supervision financière et de gestion des crises, et à réformer l'organisation de la Banque centrale et les opérations de politique monétaire. Dans la mesure où il y a toujours un risque que l’inflation persiste, un resserrement graduel de la politique monétaire contribuerait à la contenir, et ce en utilisant les différents instruments à la disposition de la Banque centrale, y compris une utilisation plus active du taux directeur qui signalerai la détermination de la Banque centrale à répondre aux risques inflationnistes. Le renforcement de la transmission de la politique monétaire requiert une gestion proactive de la liquidité, une amélioration des outils d’analyse et de prévision (y compris une mise à jour du panier de l’indice des prix à la consommation) et un approfondissement du marché monétaire et du marché de la dette publique. L'élaboration de plans de financement à moyen terme aiderait à diversifier les sources de financement (telles que les produits d'épargne à long terme) et à réduire ainsi la dépendance à l'égard du secteur bancaire domestique. Une flexibilité accrue du taux de change contribuerait à absorber les chocs et renforcerait l’efficacité de la politique monétaire. L’économie algérienne est également hautement vulnérable aux effets du changement climatique, tel qu’illustré par les épisodes récents de sécheresse.
Amélioration du climat des affaires
Le climat des affaires relève des initiatives allant dans le sens de diversifier l'économie et promouvoir les investissements privés, alors que la nouvelle loi relative à l’investissement vise à soutenir l'initiative privée et sera mise en œuvre par une nouvelle agence de promotion de l’investissement (y compris à travers un guichet unique et des plateformes électroniques dédiées aux investisseurs). Les banques algériennes ont commencé récemment à établir des filiales à l’étranger pour accompagner les entreprises exportatrices. Les autorités mettent en œuvre une vaste stratégie de numérisation pour améliorer la prestation de services, la gouvernance et la transparence. Ainsi la mission "encourage les autorités à poursuivre la voie des réformes, en éliminant les barrières administratives et en améliorant la flexibilité des marchés des produits et de l’emploi". Quant aux perspectives à court terme de l’économie algérienne, elles sont favorables, mais l’inflation demeure élevée. La persistance d’une inflation élevée, la volatilité des prix des hydrocarbures et les effets du changement climatique constituent des risques majeurs. Un rééquilibrage budgétaire graduel permettrait de préserver la solidité des finances publiques. Une flexibilité accrue du taux de change permettrait aussi à l’économie d’absorber les chocs externes. Un resserrement de la politique monétaire aiderait à contenir l’inflation. À partir des conclusions préliminaires de cette mission, les services du FMI établiront un rapport qui fera l'objet d'examen et de décision, a-t-il conclu.
Samia Boulahlib