Les facteurs de la hausse

Par Farid Bouyahia

«Alors que la situation reste très fluide et que les perspectives sont soumises à une extraordinaire incertitude, les conséquences économiques sont déjà très graves», a indiqué le FMI dans un communiqué, soulignant que les cours de l'énergie et des matières premières, y compris le blé et d'autres céréales ont bondi, «ce qui ajoute aux pressions inflationnistes résultant des perturbations de la chaîne d'approvisionnement et du rebond de la pandémie de Covid-19». Le pétrole frôle désormais les 120 dollars, et il n'est pas exclu qu'il atteigne les 150 dollars. Les facteurs de cette hausse inédite depuis l'été 2014 sont multiples. Il y a d'abord le facteur géopolitique lié à la crise ukrainienne. La Russie étant le 2e producteur et 2e exportateur de pétrole au monde, 2e producteur et 1er exportateur de gaz, cette situation de crise pèse de tout son poids sur l’approvisionnement et l’offre mondiale, d'où une hausse des prix du baril et de l’énergie en général. Le marché a réagi rapidement dès les premières heures de l'offensive russe. Les sanctions économiques pourraient aussi impacter les prix, toujours à la hausse. Le marché est donc dopé par de fortes tensions géopolitiques qui impliquent des mastodontes de la production et de l'exportation de l'or noir – la Russie, l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis – et font planer des menaces sur l'approvisionnement. Les tensions sont au plus haut entre Moscou et les Occidentaux au sujet de l'Ukraine, et tant que la situation s'aggrave, cette crise ne peut que continuer à faire monter les prix. Le dossier nucléaire iranien et l’état des approvisionnements dans certains pays producteurs comme la Libye, l'Azerbaïdjan, le Kazakhstan et le Nigeria comptent parmi les facteurs importants à l'origine de cette hausse. Cette hausse des prix du pétrole est à attribuer à la forte baisse des investissements pétroliers et des réserves commerciales dans les pays consommateurs. Cette hausse résultait d'un certain nombre de facteurs structurels, liés notamment à la baisse des investissements dans la chaîne de l'industrie pétrolière et des capacités de réserves de production dans la plupart des pays producteurs de pétrole. Les réserves commerciales de pétrole ont diminué dans les pays consommateurs, atteignant dans les pays de l'OCDE des niveaux jamais enregistrés depuis l'an 2000. Vient s'ajouter à cela le fait qu'au niveau technique, il n’y a plus de barrière, à la faveur d'une reprise économique mondiale, après un passage presque à vide dû à la crise sanitaire de Covid- 19, avec ses variants successifs. Il y a aussi la faiblesse de l'offre par rapport à la demande, en raison de l'incapacité des pays membres de l’OPEP et OPEP+ à produire plus que leurs quotas prévus, et parfois en deçà. En Europe en particulier, et dans le monde en général, les effets de cette hausse ne se sont pas fait attendre, avec des répercussions directes sur les consommateurs qui devraient payer plus cher non seulement le carburant mais aussi d'autres produits dont le coût énergétique va augmenter conséquemment à la hausse des prix du pétrole. Ils devraient surtout payer plus cher le carburant à la pompe, et c‘est donc une incidence directe sur le pouvoir d'achat. Pour les pays producteurs et les grandes compagnies pétrolières, c'est une aubaine en termes de ventes et de bénéfices à investir et rentabiliser les projets, avec tout le profit qui va avec en termes de création de richesses et d’emplois. Il convient de rappeler que les 23 membres de l'alliance de l'Opep+ ont décidé lors de la dernière réunion qui s'est tenue le 2 mars de continuer à ouvrir légèrement leurs vannes en mars, en dépit de l'envolée des cours de l'or noir et des tensions géopolitiques qui font planer une menace sur l'approvisionnement. L'Opep+ a respecté sa stratégie graduelle et n'a jamais dévié de sa ligne. Pour le moment, seul le cartel détient la clé pour équilibrer «un marché pétrolier en mal d'offre» et stopper la surchauffe des prix. Tout compte fait, la flambée des cours du pétrole permettra aux pays producteurs, dont l’Algérie, d’encaisser d’importantes recettes en devises, de rééquilibrer la balance des paiements et d’alimenter les réserves de change.
F. B.

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