
Si les cours du pétrole sont restés consolidés à plus de 100 dollars, c’est loin d’être le cas de l’offre de Brut sur les marchés internationaux qui s’avère préoccupante à ses niveaux actuels du fait des tensions exercées par une demande conséquente et croissante au moment où les exportations russes, facteur influent sur l’équilibre du marché, ne sont plus à leur niveau précédant la crise ukrainienne. Producteur potentiel de pétrole brut avec 10,4 millions de barils/jour, la Russie s’avère être en fait, un des élément-clé dans la stabilité de l’offre pétrolière, d’où les inquiétudes des Occidentaux clients dépendant, en partie, des approvisionnements russes en pétrole notamment. L’enjeu est de taille d’autant plus de 40% du gaz et 27% du pétrole importés dans le cadre de l’Union européenne proviennent de Russie. En attendant les aboutissements des négociations en cours entre la Russie et l’Ukraine, l’attention des puissances économiques mondiales et les pays grands consommateurs de pétrole, particulièrement européens, est d'ores et déjà concentrée sur la prochaine réunion des Etats membres de l’Opep+ (13 pays membres de l’OPEP et ses 10 alliés dont la Russie), le 31 mars prochain, qui espèrent que l’alliance consente à augmenter sa production mensuelle au-delà du seuil convenu soit 400.000 barils par jour pour compenser le déficit des ventes pétrolières russes. L’Agence internationale de l’énergie (AIE) a dans ce sens mis en garde contre un éventuel «choc mondial de l’offre» conséquemment aux perturbations qui affectent les exportations de la Russie, ce qui risquerait de priver le marché mondial de 3 millions de barils par jour. L’agence a également souhaité que l’Organisation des pays exportateurs de pétrole et ses dix alliés dans l’accord de réduction de la production aillent dans le sens d’une action qui permettrait de «soulager le marché». Toutefois, il est difficile de prédire une telle démarche de la part de l’alliance pétrolière qui a tout intérêt à maintenir les cours du Brent à leurs niveaux actuels au regard de la structure des économies de ses membres essentiellement basées sur les revenus des hydrocarbures, le pétrole notamment. C’est admettre qu’au-delà de l’équilibre du marché pétrolier qui s’avère une préoccupation commune aux pays producteurs et pays consommateurs, les enjeux, de part et d’autre ne sont pas forcément les mêmes. En fait, la crise ukrainienne aura révélé l’influence russe sur le marché énergétique mondial et l’ampleur de la vulnérabilité des économies européennes fortement dépendantes des approvisionnements russes. Elle aura surtout mis en évidence le rôle primordial de l’Opep+ dans la stabilité du marché pétrolier mondial et surtout l’efficacité de son action pour éviter l’effondrement des cours par un encadrement prudent de la production.
D. Akila