Lait frais : Comment augmenter la production ?

La demande croissante sur le lait a entraîné, selon des experts, une pénurie en cette matière, provoquant un déséquilibre sur le marché national. Pour remédier à cette situation, les mêmes experts soulignent la nécessité d’accompagner les éleveurs et producteurs de lait frais en vue de les encourager à augmenter la production locale en cette matière de base. L’expert agronome Ali Boukhalfa estime que la fluctuation dans la distribution du lait se poursuit, du fait que cette matière vitale est tributaire de l’importation. «Il y a eu des tentatives pour résoudre ce problème pendant de nombreuses années à travers la réalisation de 16 complexes de transformation de la poudre de lait en lait pasteurisé «pendant les années 80», alors qu’il a fallu développer la production nationale du lait frais de vache, chèvre et chamelle, mais sans pour autant régler les problèmes de la filière qui souffre toujours de nombreux obstacles», a-t-il rappelé. Il a souligné, dans le même sillage, que le développement de la filière lait frais nécessite la mise en place de certaines conditions, notamment la qualité des vaches qui permettent d’obtenir de grandes quantités de lait frais, allant jusqu’à 70 litres par jour. «Malheureusement, cette qualité de vaches n’est pas disponible en nombre suffisant dans notre pays. Celles qui sont disponibles ont un rendement faible ne dépassant pas 10 litres par jour. Les éleveurs se retrouvent donc à subir des pertes énormes, qui les obligent à transférer leurs vaches vers des abattoirs», explique l’expert. Le développement de cette filière nécessite - selon lui - la sélection du type de vaches approprié qui s’adapte à la spécificité et à la nature du climat de notre pays, et la fourniture d’aliments appropriés contenant des quantités d’eau qui donnent un rendement élevé de lait, tout en assurant un suivi sanitaire des vaches. Boukhalfa a également souligné la nécessité de mettre à la disposition des éleveurs les terres et l’eau, afin de placer les 800.000 vaches laitières sur une superficie de 400.000 hectares pour augmenter les rendements à au moins 40 litres/jour. Pour sa part, la vétérinaire et membre de la Fédération nationale des producteurs et industriels algériens, Houda Djafari, estime que pour augmenter la production de lait de vache, il faudrait d’abord régler les problèmes des éleveurs relatifs à l’alimentation, au fourrage et à ‘‘l’aspect sanitaire’’. L’éleveur informel ne dispose pas d’agrément sanitaire, en cas d’exposition de son troupeau à des maladies infectieuses transmissibles de l’animal à l’homme, comme la tuberculose, la brucellose, l’abattage sanitaire est obligatoire, pour préserver la santé publique, et en plus, l’indemnisation se situe entre 50 et 60% de la valeur de la viande. Outre le fait qu’il ne peut pas s’inscrire et bénéficier de programmes de soutien, de lait frais subventionné, de son, d’orge subventionné, et de fourrage roulé, d’insémination artificielle et de pépinières de génisses pour ceux qui font la reproduction et l’élevage bovins. Notre interlocutrice a souligné que la solution à la crise du lait subventionné nécessite d’accorder plus d’attention à cette filière, à travers l’actualisation des lois, notamment le volet relatif à l’indemnisation. Elle réclame à cet effet une indemnisation à 100% de la valeur de l’animal abattu et non de la valeur de la viande.

Salima Ettouahria

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