Exportations, partenariats, investissements : L’Algérie ouvre ses bras à l’Afrique

Alors que l’Afrique accélère son intégration économique, sous l’impulsion de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), l’Algérie confirme sa volonté d’y jouer un rôle pivot. Par une stratégie volontariste de diversification économique et une présence croissante sur les scènes commerciales du continent, le pays renforce son ancrage africain et affirme ses ambitions régionales. Depuis quelques années, Alger multiplie les initiatives concrètes, pour s’implanter durablement dans les marchés africains. En témoigne la 7e Foire des produits algériens tenue à Nouakchott, du 22 au 28 mai 2025. Plus de 200 entreprises nationales y ont exposé leur savoir-faire dans des secteurs aussi variés que l’agroalimentaire, le textile, le bâtiment, l’industrie pharmaceutique ou encore le tourisme. L’événement, salué pour son organisation et sa forte affluence, s’est soldé par la signature de plus de 40 mémorandums d’entente entre opérateurs algériens et mauritaniens. Au-delà des produits, ce sont aussi les services financiers et bancaires algériens qui s’exportent. Deux banques nationales sont désormais implantées en Afrique, dont Algerian Union Bank (AUB) en Mauritanie, qui a joué un rôle clé dans l’accompagnement des entreprises algériennes pendant la foire. AUB s’apprête d’ailleurs à ouvrir une troisième agence à Zouérate, en juin, confirmant une stratégie de bancarisation des échanges Sud-Sud et de facilitation des transactions commerciales. Les fleurons économiques algériens sont à l’avant-garde de cette dynamique continentale. Sonatrach et Sonelgaz, piliers de l’énergie, multiplient les partenariats dans les domaines de l’électrification, du gaz et des hydrocarbures. Lors d’une visite à Addis-Abeba, en mars 2025, leurs dirigeants ont exploré, avec Ethiopia Investment Holding, des opportunités de coopération dans les hydrocarbures, l’énergie et les engrais. Cette démarche, menée aux côtés du ministre d'État de l'Énergie, des Mines et des Énergies renouvelables, Mohamed Arkab, traduit l’engagement de l’Algérie à partager son expertise technique et à accompagner le développement énergétique éthiopien. Sonatrach et Sonelgaz entendent, ainsi, renforcer leur présence en Afrique de l’Est, en droite ligne des orientations du Président Tebboune. Le secteur pharmaceutique, fort de ses capacités de production locales, se positionne comme fournisseur stratégique pour plusieurs pays. Le groupe Saidal renforce son ancrage africain, en amorçant l’exportation de plus de 200 produits pharmaceutiques vers la Mauritanie, dans le cadre d’un accord conclu avec l’entreprise «Chinguity Pharma». Ce partenariat, issu d’un an de négociations, prévoit également un projet de production locale en Mauritanie, avec l’appui technique de Saidal. Parallèlement, le groupe finalise les procédures d’exportation vers huit autres pays africains, affirmant, ainsi, son ambition de devenir un acteur clé du marché pharmaceutique continental. Le matériel de construction, le textile ou encore les produits d’entretien suscitent un intérêt croissant, confirmant l’attractivité du label made in Algeria. Cette mobilisation multisectorielle s’inscrit dans la stratégie de diversification économique impulsée par le Président Abdelmadjid Tebboune, qui place l’Afrique au cœur de la politique de développement extérieur du pays. Il ne s’agit plus seulement d’exporter, mais de construire des chaînes de valeur régionales, où l’Algérie joue un rôle structurant. La prochaine Foire commerciale intra-africaine (IATF-2025), prévue en septembre à Alger, incarne pleinement cette ambition. Ce sera la première fois que cet événement continental se tiendra en Algérie — un signal fort envoyé aux partenaires africains sur le leadership croissant du pays.
Pour les opérateurs économiques algériens déjà présents au Sénégal, en Mauritanie, au Mali ou au Niger, les perspectives sont claires : s’ancrer durablement dans des économies complémentaires, avec des partenariats fondés sur la confiance mutuelle. Les banques, institutions publiques et dispositifs d’appui au commerce extérieur s’alignent progressivement pour soutenir cet élan. L’Algérie avance avec une vision panafricaine, en misant sur les solidarités historiques, les atouts géopolitiques et les complémentarités économiques. Le cap est fixé : devenir une force de proposition et un acteur structurant dans l’architecture économique du continent. Interrogé sur ce sujet, M. Tahar Bouzid, président de la Confédération algérienne du patronat, a indiqué : «Dans le cadre de notre engagement en appui à la politique gouvernementale en matière de commerce extérieur, et plus particulièrement en ce qui concerne le développement des échanges commerciaux entre l’Algérie et le continent africain, notre organisation – la Confédération Algérienne du Patronat – entend jouer un rôle actif et déterminant. En tant que fédération regroupant de nombreux opérateurs économiques et entreprises engagés dans l’exportation de produits fabriqués localement, nous nous inscrivons pleinement dans la dynamique nationale visant à renforcer la présence de l’Algérie sur les marchés africains. Nos adhérents, fortement mobilisés autour de cette ambition, participent activement aux efforts visant à accroître les volumes des exportations algériennes vers nos partenaires du continent», a-t-il souligné. À ce titre, le président de la CAP affirme : «Nous avons mis en place un programme d’actions riche et ambitieux, qui comprend la participation à plusieurs foires et événements économiques de grande envergure à travers l’Afrique. Parmi ces rendez-vous majeurs, nous citons notre participation au SISIA (Salon Ivoirien de l’Industrie et des Services à l’International), qui se tiendra le mois prochain à Abidjan, en Côte d’Ivoire. De nombreuses entreprises membres de notre confédération y prendront part activement.»

S. B.

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