Plus d’une centaine de web-marchands ont intégré la plateforme du paiement électronique, en Algérie, au premier semestre 2021, soit à la fin Juin, selon les statistiques du groupement d’intérêt économique (GIEMonétique), contre 48, une année auparavant, ce qui représente une évolution de 118,75%.
Une « performance » qui marque une certaine avancée mais qui reste en deçà des attentes d’autant plus que l’échéance pour la généralisation de ce système au niveau des espaces commerciaux est fixée au 31 décembre 2021. Mais, pourquoi, autant de réticences vis-à-vis de ce mode de paiement censé limiter le recours au cash, et quelles sont les contraintes qui freinent son développement dans notre pays ? L’expert financier, Souhil Meddah, que nous avons sollicité à ce propos, affirme qu’ « Il est clair qu‘une meilleure généralisation et intégration de l’e-paiement en tant que moyen de paiement, qui facilite et sécurise les transactions, doit à la base impliquer au minimum deux acteurs principaux ». Il s’agit, précise-t-il, « des commerçants, distributeurs et professionnels des services de détail d’une part, du fait de leur proximité avec les acheteurs et clients, des moyens et des supports dont ils disposent et, d’autre part les consommateurs, du fait qu’ils appartiennent à la partie qui peut user de sa force d’exigence, et incorporer le moyen de paiement dans une logique de concurrence entre les commerçants et autres acteurs de distribution et de service de détail ». Dans le même ordre d’idées, il souligne que « Le bon fonctionnement de ce processus, nécessite trois conditions. D’abord le temps que nécessite une plus grande concrétisation d’un passage graduel et accepté par tous, d’une culture fiduciaire tangible, vers une pratique scripturale dématérialisés, qu’elle soit avec ou sans contact. Ensuite, il est aussi question des moyens techniques que les banques doivent déployer, ainsi que les autres organismes spécialisés, tel que la SATIM, avec une garantie absolue, pour le bon fonctionnement des moyens et réseau de façon permanente en couvrant toutes les zones du territoire, sans exception. Et enfin, les acteurs ou les usagers ont besoin d’une sécurité pour leurs données et aussi d’une couverture légale en cas de litiges ou d’actions frauduleuses ». Souhil Meddah ajoute qu’ « En dehors de cette réticence, une autre problématique se pose souvent pour les opérations avec contact, et surtout, vis à vis des retraits à partir des DAB, qui concrètement ne va pas dans le même sens de l’e-paiement, mais vers un simple changement du guichet de retrait des valeurs fiduciaires, sachant qu’en général les agents consommateurs, surtout salariés procèdent souvent au retrait total de leurs salaires ». L’expert précise que « Cette situa tion de réticence impactera de façon indirecte, le système monétaire dans la répartition des parts fiduciaires dans les masses monétaires, ce qui peut provoquer régulièrement des situation d’assèchement des liquidités fiduciaires au niveau des guichets de retraits pour les usagers et détenteurs de comptes courants, au provoquant également des déficiences intermittentes sur les volumes de l’assiette fiscale consolidée entre les opérateurs ». Selon cet expert financier, « Il est nécessaire de revenir sur le système monétaire, avec la politique monétaire. Car la généralisation d’un instrument de paiement aura sans doute des impacts sur la sphère macro-économique, en permettant un meilleur équilibre dans le croisement entre les masses monétaires, surtout en M1 et une partie de M2, avec la part des valeurs fiduciaires qui circule respectivement dans leurs circuits, sachant que la pression augmente relativement en M1, à chaque fois que des masses de revenus sont versés aux titulaires des comptes CCB ou CCP ». Ça permet aussi, souligne-t-il, « une plus grande traçabilité et in fine, une canalisation dans la constatation et la comptabilisation des flux entre agents économiques, indexés sur les postes passifs de la place financière ». Enfin, conclut l’expert, « Sur le plan micro-économique, la généralisation du e-paiement, permet une meilleure organisation des flux financiers (par inscriptions de comptes à comptes), garantit la sécurité pour les agents économiques, operateurs ou consommateurs et épargne des billets de banque de leur dégradation physique ».
Akila. D