
L’insistance du président de la république sur la question de la sécurité alimentaire et l’intérêt stratégique que représente l’agriculture algérienne en termes d’autosuffisance dans de nombreuses filières agricoles, guident les responsables du ministère de l’agriculture à doter le secteur de l’ensemble des moyens, tant humains que matériels, afin de concrétiser les objectifs assignés en termes de production et de rendements.
Une rencontre organisée à la maison de la culture Malek- Haddad de Constantine, présidée par le secrétaire général du ministère de l’Agriculture, Hamid Ben Saâd, a été l’occasion pour annoncer un certain nombre de mesures au profit de la céréaliculture, précisément dans l’intérêt des fellahs qui s’adonnent à cette activité. Il s’agit précisément de l’augmentation de 30% décidée par l’Etat concernant le prix d’achat des céréales auprès des agriculteurs. En plus, du fait des effets de la faible pluviométrie enregistrée durant la saison écoulée, il va y avoir la prise en charge du blé germé au cours de la saison 2022-2023. Cette mesure vise à atténuer les effets des dommages causés par les pluies enregistrées aux mois de mai et juin et ayant entraîné des cas de germination sur les épis pour une quantité estimée à 710.461 quintaux, en particulier dans certaines wilayas de l’Est et du Centre, selon les estimations du ministère de l’agriculture.
Aussi, l’OAIC a été chargé de payer les créances des céréaliculteurs ayant livré leur production de blé germé au prix de 4.000 DA le quintal. Comme il a été décidé, par ailleurs, de fournir des semences et des engrais aux producteurs de céréales de la région Nord et les distribuer gratuitement aux producteurs de céréales approvisionnés en engrais au cours de la saison 2022-2023. Des guichets uniques ont été ouverts par les CCLS afin d'aider les fellahs en leur facilitant le dépôt de leurs demandes de semences et d’engrais.
Les agriculteurs bénéficieront de prêts R’FIG de la BADR, pour ceux qui le demande, afin de les accompagner dans l’effort d’investissement et de modernisation des exploitations agricoles. Celles qui sont situées dans les régions du Sud, l’accompagnement se fera par l’intermédiaire de l’Office de développement de l’agriculture industrielle en terres sahariennes (ODAS). Il s’agit particulièrement de la mobilisation des équipements d’irrigation complémentaire.
S’agissant des agriculteurs des régions touchées par la sécheresse, le recensement s’est effectué dans chaque wilaya.
Ainsi, pour les indemnités à verser, un pourcentage sera versé sur le compte du budget de l’Etat et l’autre sera assuré par le Fonds de garantie contre les calamités agricoles, suite à des expertises menées sur le terrain.
Maintenant, la question qui mérite d'être posée est comme suit : Quelle est la contribution attendue de la branche de la céréaliculture dans le processus de diversification de l'économie nationale et par rapport à la sécurité alimentaire du pays ?
«Les céréales, première production agricole et alimentaire» en Algérie
En réponse à la question, Mohamed Hadj henni, conseiller en organisation et systèmes d'économie agricoles et vice-président du GRFI Filaha, a souligné que «bien que produisant moins de valeur monétaire que les autres produits agricoles à valeur ajoutée, les céréales ont toujours été et demeurent, en Algérie, la première production agricole et alimentaire, aussi bien par l’étendue des surfaces cultivées que par leur permanence historique et sociale».
Elles ont toujours joué un «rôle fondamental dans l’alimentation algérienne. La célébrité du couscous n’est plus à faire, et dans certaines régions du pays, il est carrément appelé ‘’nourriture’’ (ta’âme)», a-t-il appuyé.
Selon lui, «les céréales sont, en Algérie, la culture la moins rentable financièrement, sauf, précisément, dans les hautes plaines. Traditionnellement, le blé dur et l’orge sont les spéculations favorites des agriculteurs algériens. Elles ont un médiocre rendement mais assurent la subsistance. Un labour dès les pluies d’automne et un autre lors des semailles suffisent. Leur stockage est commode, leur transport facile», a-t-il analysé.
La part des céréales dans les 3 millions d’hectares emblavés «représentent pour les blés seulement, en saison de bonne moisson qui a atteint les 30 millions de quintaux, une part de 1,350 milliard de dinars», a-t-il informé.
L’Algérie appartient à une zone mondiale steppique, voisine des déserts, et semi-aride. C’est pourquoi, dès lors que «le programme de satisfaction partielle en irrigué sera atteint dans le grand sud, nous pouvons espérer un revenu rentable de la céréaliculture avec les cultures de maïs et de légumes secs», a-t-il commenté. Néanmoins, «la problématique réside encore dans les grands espaces et des semences à fort rendement du blé dur», a-t-il ajouté.
Dans le même sillage, le vice-président du GRFI Filaha a estimé que «les grandes cultures de blé dur et d’orge pourraient compenser l’importation de blé tendre, dans la mesure où les cultures de blé prennent l’aspect de culture industrielle d’amont en aval, et dans sa transformation pour voir les produits de cette transformation exportés aussi et constituer une valeur ajoutée comme le couscous et les pâtes alimentaires».
Faut-il voir un «soutien accru à ces deux paramètres de cultures céréalières, amplifiées par les produits de leur transformation, prendre une nouvelle forme d’économie rentable, soutenue aussi par le ministère de l’Industrie, c’est pourquoi le ministère de l’agriculture compte axer son intervention à la base sur l’indemnisation des agriculteurs céréaliers, en cas de sècheresse ou d’intempéries accentuées. Les moyens qu’il va apporter son multiformes et l’intervention du secrétaire général du ministère, Hamid Ben saâd, vient à point conforter cette filière dans sa première étendue, a-t-il soutenu.
Abondant dans le même sens, l'expert en agriculture Laâla Boukhalfa a indiqué qu'à l'approche de la nouvelle compagne agricole, le ministère de l'Agriculture et du développement rural a programmé une réunion de travail au niveau de la wilaya de Constantine afin de «rassurer les agriculteurs et les éleveurs de la possibilité de report des échéanciers de remboursement de leurs dettes, vis-à-vis des banques, ainsi que la possibilité d'indemnisation des agriculteurs victimes des calamités naturelles».
Lors de cette rencontre, le SG du MADR a insisté sur la série de mesures d'aide et de soutien accordées par le gouvernement aux agriculteurs, notamment les nouveaux prix de restitution des céréales aux unités de l'OAIC, à savoir : 6.000 DA le quintal pour le blé dur; 5.000 DA le quintal pour le blé tendre et enfin 3.400 DA le quintal pour l'orge et le triticale.
En plus, enchaîne-t-il , «le soutien des engrais passe également de 20% à 50%»; l'autorisation d'importation du matériel agricole ainsi que les tracteurs dont l'âge n'excède pas 5 ans et enfin le soutien des systèmes d'irrigation économique.
En somme, toutes ces mesures prises dans le cadre du programme du Président de la république contribuent à l'«amélioration des rendements agricoles, visant l'atteinte de l'autosatisfaction de nos besoins alimentaires», a-t-il commenté.
Enfin, le SG, et lors de cette rencontre, a insisté sur la «concrétisation du programme de l'agriculture saharienne, surtout pour la céréaliculture et les plantes oléagineuses, notamment la culture du tournesol, du colza et de la betterave à sucre. Ces cultures stratégiques visent d'atteindre l'autosuffisance et d'assurer notre sécurité alimentaire faisant partie de notre souveraineté nationale», a-t-il conclu.
Samia Boulahlib