Sidi Fredj. Il est 8h tapantes. Le soleil se lève doucement sur le littoral algérien, baignant les plages de Sidi Fredj d’une lumière dorée. Dans ce havre de paix, à une trentaine de kilomètres d’Alger, un lieu pas comme les autres s’éveille peu à peu ; le Village africain, un centre d’accueil aux allures exotiques, dédié aux colonies de vacances.
Entre rires d’enfants, chants matinaux et odeurs marines, la journée s’annonce riche en émotions et en découvertes. Chaque été, ce site unique en son genre accueille des centaines d’enfants venus des quatre coins du pays. Cette année, il accueille principalement des enfants issus du Sud du pays. Pour beaucoup, c’est la première expérience en dehors du cocon familial. Loin d’être un simple séjour récréatif, ces colonies de vacances sont conçues comme des aventures éducatives, culturelles et humaines, dans un cadre immersif et soigneusement pensé. Le Village africain, avec ses cases aux toits de chaume, ses fresques colorées, ses sculptures et ses décors inspirés des traditions africaines, est bien plus qu’un simple hébergement. Il s’agit d’un véritable voyage sensoriel, destiné à éveiller l’imaginaire des jeunes pensionnaires. Tout est pensé pour transporter les enfants dans un univers culturel différent, où l’apprentissage se fait à travers le jeu, la découverte et la convivialité. Dès notre arrivée, nous sommes accueillis par M. Kada Khettab, directeur du camp, accompagné du psychologue, Amine Zekri.
Un quotidien bien organisé, entre discipline et plaisir
À 7h30, les enfants sont déjà réveillés. Après une toilette rapide et la prière matinale, ils prennent leur petit-déjeuner ensemble pour ensuite laisser place à une activité bien ancrée dans la routine du camp : «La belle campagne de nettoyage des maisons», une opération où chaque enfant range son lit, nettoie sa tente et participe à l’entretien des lieux. Ce moment, à la fois éducatif et responsabilisant est encouragé par un système de récompenses sous forme de cadeaux pour les plus appliqués. À 9h30, c’est l’heure tant attendue : direction la plage. Le nombre des vacanciers est de 248, donc trois rotations de bus sont nécessaires pour transporter les 25 groupes d’enfants participant à cette deuxième session de juillet (du 7 au 18), venus des wilayas de Ghardaïa, Tissemsilt et Aïn Defla. Encadrés par 27 animateurs et deux surveillants de baignade, les enfants profitent pleinement de la mer, du sable chaud et des jeux en plein air. Tandis que les garçons jouent au ballon, sous l’œil attentif de leurs moniteurs, les filles posent pour des photos souvenirs prises par leur animatrice Djihad. Comme le souligne Kada Khettab, ces colonies sont souvent le fruit d’une collaboration entre l’État, les collectivités locales, les associations et les comités d’entreprise. Elles permettent à des enfants issus de tous horizons sociaux de vivre une expérience collective loin du quotidien, dans des centres comme celui-ci, nichés dans des environnements naturels : bord de mer, montagnes ou forêts. Le personnel encadrant se compose d’animateurs, d’éducateurs, d’un médecin, d’une infirmière et, fait notable, d’un psychologue, un profil encore peu répandu dans ce type de structures. Dans le cadre de la campagne estivale 2025, le centre de vacances et de loisirs pour jeunes Ibn-Khaldoun à Sidi Fredj, placé sous la tutelle de l'Agence nationale pour l'animation des jeunes (ANAJ) et du ministère de la Jeunesse, se prépare activement à accueillir les premiers vacanciers. Son directeur, M. Kada Khettab, a détaillé les préparatifs en cours pour garantir un séjour sécurisé et enrichissant aux enfants. Les travaux concernent aussi bien les infrastructures d’accueil, l’hébergement en tentes ou en chalets et le restaurant collectif que l’entretien des équipements. Sur le plan administratif, un dossier complet est constitué à la demande des autorités locales.
Encadrement sanitaire et inspection rigoureuse
Afin de garantir la sécurité des enfants, un volet sanitaire strict est appliqué. Un médecin, une infirmière et un psychologue sont inclus dans l’équipe d’encadrement. Avant toute ouverture, un comité composé de plusieurs secteurs (Protection civile, Commerce, Environnement, Santé et Jeunesse) effectue une inspection approfondie du site pour pouvoir valider l’état des lieux, la conformité du restaurant, des hébergements et des espaces d’activités, avant d'autoriser officiellement l’ouverture du centre. La vie au camp suit un emploi du temps structuré. Réveil, petit-déjeuner, puis place à des activités de volontariat, telles que le nettoyage des lieux. Les enfants participent ensuite à des animations culturelles, patriotiques ou ludiques avant de se rendre à la plage. L'après-midi est dédié à la baignade, au déjeuner, au repos ou à des ateliers culturels et scientifiques, notamment la méthode Soroban pour les calculs arithmétiques et en intelligence artificielle. Ces activités visent à développer la curiosité et les capacités intellectuelles des jeunes. En soirée, les chérubins profitent d’un programme riche mêlant chants, sorties exploratoires, notamment au port de Sidi Fredj et animations variées (culturelles, religieuses, écologiques, scientifiques). Les journées s’achèvent à 23h30. M. Khettab a tenu à rassurer les familles sur la qualité de l'encadrement. Les éducateurs sont agréés par la Direction de la jeunesse.
Une journée riche en apprentissage et en découverte
Outre la plage et les jeux, les journées sont rythmées par des ateliers variés. L’après-midi, après un déjeuner équilibré supervisé par les animateurs, les vacanciers s’accordent une courte sieste avant de plonger dans des activités culturelles. «Ce séjour ne se limite pas à l’amusement. On veut aussi que les enfants repartent enrichis culturellement et humainement», affirme l’animatrice d’un groupe de filles. L’objectif est clair : faire de chaque journée un moment de découverte, d’éveil et de partage. À la tombée de la nuit, l’ambiance devient magique. Après le dîner, les enfants se rassemblent autour du feu ou dans la salle des veillées. C’est le moment tant attendu des chants, des danses, des sketchs improvisés et des éclats de rire. Chaque groupe présente un numéro, fruit du travail collectif de la journée. La joie est palpable. «J’ai rencontré plein de nouveaux amis. C’est comme une grande famille ici», confie Anes, 10 ans, le regard pétillant.
Une expérience porteuse de valeurs
Au-delà des activités et du cadre dépaysant, le Village africain de Sidi Fredj véhicule des valeurs fortes : tolérance, solidarité, respect d’autrui et ouverture à la différence. Dans un monde en mutation, ces principes prennent tout leur sens et s’incarnent dans les gestes simples du quotidien : partager un repas, écouter une histoire, aider un camarade à ranger sa tente. «C’est la première fois que je vois un endroit comme ça ! C’est magique», s’émerveille Yasmine, 11 ans, venue de Ghardaïa. Pour elle comme pour beaucoup d’autres, cette colonie marque une première grande aventure, une parenthèse enchantée.
Des journées bien remplies entre plage, activités et découvertes culturelles
Le quotidien des jeunes vacanciers est rythmé par une organisation précise. Les matinées sont en grande partie consacrées à la baignade, avec des sorties quotidiennes vers la plage, à l’exception du vendredi, réservé aux visites des familles. Après le déjeuner et une courte sieste, les enfants prennent le goûter avant de participer à diverses activités pédagogiques et ludiques : échecs, dessin, travaux manuels, jeux de société, billard ou encore boules. Des sorties culturelles sont également organisées vers des sites emblématiques de la capitale, tels que le Jardin d’Essai, la Grande Mosquée d’Alger, ou encore le Musée du Moudjahid, indique le chef d’unité.
R. B.
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Fonctionnement des colonies de vacances :
Une organisation rigoureuse
En Algérie, les colonies de vacances représentent un cadre éducatif et récréatif visant à favoriser le développement personnel des enfants, tout en renforçant les valeurs de citoyenneté, de discipline et d’esprit national. Pour assurer un séjour sécurisé et bénéfique, un règlement intérieur strict s’applique à tous les participants et membres du personnel. Celui-ci encadre la vie collective, interdit toute forme de violence, impose le respect des horaires, des règles sanitaires et des espaces communs, et prévoit des sanctions progressives en cas d’infraction.
R. B.
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Prise en charge médicale et psychologique :
Une priorité absolue
La sécurité sanitaire des enfants reste une priorité absolue. «Dès leur arrivée au centre, chaque enfant passe un contrôle médical afin d'écarter tout risque lié à une maladie contagieuse ou chronique», souligne le chef d’unité au Village africain, Abdelhak Amira. Chaque centre dispose d’une infirmerie équipée pour assurer les premiers soins. En cas de besoin, une chambre d’isolement est prévue pour le traitement d’un éventuel cas souffrant d’une pathologie nécessitant des mesures particulières. Grâce à cette organisation minutieuse, les enfants peuvent profiter pleinement de leurs vacances dans un environnement sain, sécurisé et stimulant. Par ailleurs, on notera la présence quotidienne d’un psychologue agréé qui garantit un accompagnement psychologique continu des enfants et participe même aux activités, aux repas et aux réunions de groupes, tout en restant à disposition pour intervenir en cas de besoin. Amine Zekri, psychologue du Centre Ibn-Khaldoun, nous explique son rôle essentiel dans l’accompagnement des enfants : «Nous veillons à leur santé mentale, à leur intégration sociale, à la résolution de conflits et à leur développement personnel. Il ne s’agit pas seulement de gérer les émotions, mais aussi de construire l’enfant dans son ensemble.» Ses missions s’étendent du soutien émotionnel à l’encadrement pédagogique, en passant par la médiation avec les familles et la participation à la conception des activités éducatives.
R. B.
