Soins pour détenus aux unités d’oncologie et d’hémodialyse au CHU Mustapha : Une parfaite prise en charge

On l’appellera «R», un détenu atteint d’une pathologie grave, entraînant des crises particulièrement douloureuses qui nécessitent un suivi médical renforcé. Depuis son transfert dans l’établissement pénitentiaire où il est placé au service de la médecine légale au CHU Mustapha-Pacha, il bénéficie d'un suivi médical global et optimal. Aussi, «T», un cancéreux condamné à une lourde peine, a eu droit à une qualité de soins qui n'a rien à envier à celle prodiguée aux autres citoyens, témoigne sa famille.

Depuis son transfert au service du Pr. Belhadj, on lui a donné tous les soins nécessaires. « On lui a fait un scanner et durant la même semaine de son hospitalisation, des analyses et des radios sans difficultés. Nous sommes rassurés. Wallah c’est une prise en charge top. On nous a même autorisés à lui ramener une nourriture appropriée », confie sa fille qui a pu lui rendre visite et « le prendre dans ses bras et de le serrer », loin du parloir. Même témoignage d’un parent d’un détenu ayant subi une chirurgie lourde. « Il est mieux pris en charge qu’à l’extérieur ». Âgé de 63 ans, « M » souffrait de problèmes cardiaques graves pour lesquels il est traité et suivi après une intervention délicate. Un vieux, rencontré dans la salle d’attente accompagné de son fils, a confié qu’il vient de bénéficier de la grâce présidentielle le 5 juillet dernier. « J’ai souffert d’un malaise cardiaque lors de mon incarcération. J’ai été transféré au service du Pr. Belhadj qui m’a pris en charge avec ses médecins et infirmiers. J’ai bénéficié de bons soins avec facilitation dans les services de l’hôpital, mais surtout dans le respect, comme si je n’étais pas « mahbouss » (détenu) et je me suis rétabli ». Très touché par ce geste, l’ex-détenu a tenu a remercié le personnel du service. Ces cas montrent que la prise en charge médicale des personnes détenues en Algérie a connu une grande amélioration ces dernières années au vu à l’accès à une qualité de soins spécialisés, un suivi et une prise en charge globale. Cette évolution de la médecine pénitentiaire a valu à l’Algérie « une reconnaissance » des organisations internationale à l’instar du CICR (Comité International de la Croix-Rouge) et le HCR (Haut Commissariat des Réfugiés), en tant que référence ; notamment l’unité des urgences médico-judiciaires au CHU Mustapha-Pacha.

Comment les détenus atteints de lourdes pathologies sont pris en charge

Nous nous sommes rendus au service de médecine légale au CHU Mustapha-Pacha mieux connu sous le nom de « service des morts ». S'il est réputé pour être le service « d’autopsie», il n'en reste pas moins qu'il s'occupe aussi des femmes, hommes et enfants, détenus, migrants clandestins et des réfugiés. Ce service comporte plusieurs unités dont celles des urgences médicales, d’histologie et de radiologie médico-légale conforme aux instituts médico-légaux agréés par l’OMS. Doté d’un scanner unique en Algérie, permettant d’approfondir les autopsies, le service ne se limite pas à délivrer des certificats médicaux aux victimes des violences ou les corps soumis aux autopsies médico-légales, il assure des consultations pour les vivants, les détenus et même pour les migrants clandestins. On trouve à l’entrée des policiers en tenue pour escorter des détenus en garde à vue avant leur présentation devant le parquet pour besoin de l’enquête et d’autres enquêteurs de la police judiciaire en attente des expertises. Il y a aussi des gardiens de l’Etablissement pénitentiaire qui accompagnent des détenus malades. Inédit ! Ce service, le premier du genre en Afrique, vient d’être doté d’une nouvelle unité d’hémodialyse, inaugurée fin juin. Le lieu a été bien aménagé au milieu d’un jardin fleuri en mesure d’assurer une prise en charge adéquate et adaptée. Le visiteur est agréablement surpris par le degré de propreté, la verdure et le calme qui règnent sur les lieux. Outre les chambres bien équipées, un espace est aménagé pour accueillir une bibliothèque de 200 livres. Première question au chef du service, le Pr Rachid Belhadj : C’est une unité destinée aux personnes détenues ? Il a répondu, que les détenus bénéficient d’une prise en charge médicale notamment ceux atteints de lourdes pathologies dont le cancer et l’insuffisance rénale et les maladies cardiovasculaires. Il a précisé, que l’unité d’hémodialyse a été créée suite à un don du Croissant-Rouge Algérien.

Les migrants ne sont pas exclus du système national de santé

Selon le CRA, « cette unité de dialyse s’inscrit dans une stratégie conjointe CRA-HCR visant à renforcer l’accès aux soins pour les migrants les plus vulnérables, y compris ceux incarcérés. Il s’agit d’une avancée concrète vers une approche plus inclusive et équitable de la santé en détention. L’objectif est d’assurer une réponse médicale mais aussi humanitaire, et permettre un accès aux soins spécialisés aux malades détenus souffrant d’insuffisance rénale tout comme pour les migrants dans une situation irrégulière ainsi que pour les réfugiés en Algérie ». Les migrants ne sont pas exclus du système national de santé ce qui fait sa particularité, assure-t-il. Le Pr Belhadj a précisé qu’il s’agit de détenus atteints d’insuffisance rénale chronique (IRC). « Ces malades doivent être dialysées plusieurs fois par semaine », note-t-il. Un autre avantage, les détenus hémodialysés seront pris en charge par cette unité sans avoir à être transférés sous escorte dans d’autres établissements. Cela améliore non seulement leur prise en charge médicale, mais aussi la gestion logistique et sécuritaire des soins. Le Professeur a précisé, que les détenus bénéficieront d’un suivi médical ininterrompu. La création des unités spécialisées répond à une volonté croissante de l'Algérie d’humaniser davantage le milieu carcéral dans le respect des engagements internationaux en matière de droits de l’homme et de la dignité humaine.

N. B.

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