Socle identitaire de la femme algérienne : Un héritage de fil en aiguille

Conçue au sens aigu de l’élégance et du confort au quotidien, la robe kabyle est un repére identitaire pour chaque femme algérienne. Dans l’attente d’une réponse favorable de l’UNESCO, suite au dépôt officiel pour son inscription sur la liste du patrimoine culturel immatériel, sous l’intitulé «l’art de l’ornementation avec des bijoux en argent émaillé de l’habit féminin de la région de Kabylie : fabrication, conception et port», la robe kabyle traverse les siècles et défie la modernité par un usage quotidien et solennel perpétué par les lionnes du Djurdjura, de la Soummam, et des quatre coins de l’Algérie.

La robe kabyle au sens propre du terme n’est qu’une. Si elle diffère d’une région à une autre, c’est le signe d’une richesse ancrée dans l’histoire de chaque village. Entre formes, maniere de coudre, couleurs utilisées et qualité du tissu, chaque ville posséde son propre code à l’exemple de celle d’Ath Yenni, concue en tissu blanc avec la dentelle et trois couleurs de zigzag, à savoir le bleu, rouge et orange avec notamment la Fouta, faite en rouge, noir et jaune sans zigzag. Parmi les stylistes les plus réputés de la robe kabyle dans le grand Alger on trouve Saliha Rihane. Ses années d’expérience et sa spécialisation dans la robe traditionnelle font d’elle une modéliste de référence. « La robe kabyle la plus originale qui a fait son entrée au livre de Guinness des records est celle de Iwadiyen. Il s’agit de la robe la plus conservatrice. On trouve ensuite celles d'azazga (doré ou argenté), la Guergari qui se fait avec du fil spécial ( entre Tigzirt et Azzefoun ) ou encore « Edil del fouta » de Béjaia qui remonte à des siècles et qui, hélas n’est plus confectionnée », a-t-elle fait savoir. Porter cette robe est un art.
La mariée par exemple doit porter uniquement la blanche et l’orange tandis que le noir, par superstition, est interdit pour les jeunes filles dans certaines régions comme Béni Ouartilan, El Kseur. Saliha Rihane dit que le robe kabyle constitue le socle identitaire de ka femme kabyle. Elle souligne l'intérêt croissant des étrangers pour ses particularités et déplore le manque d'enthousiasme des jeunes stylistes pour cet héritage séculaire. « Certains l’ont rendu robe de soirée, mais le traditionnel ne change jamais, je suis adepte du traditionnel et d’une réinvention de la robe kabyle avec les codes ancestraux de nos ancêtres que ce soit dans la manière de la coudre ou des couleurs utilisées ».

K. B.

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