
Chems Eddine Chitour (*)
« Sans eux, la libération du sud aurait été impossible. Ils ont montré ce que valent les fils de l’Algérie. Leurs charges resteront dans l’Histoire. Sans les tirailleurs, jamais la Provence n’aurait été libérée. Ils furent les fers de lance de notre armée. » Général de Lattre de Tassigny
Résumé
Depuis 1830, l'implication des Algériens dans les conflits avec la France a été une constante, marquée par des résistances, des guerres et des révoltes. De la conquête française à la guerre d'indépendance, la population algérienne a participé activement aux événements, que ce soit par la force, la collaboration ou la résistance passive. Du fait de la conscription obligatoire, pratiquement chaque famille eut un soldat engagé, qui mourut ou qui revint gazé ou traumatisé à vie. Les neuf guerres menées par la France entre 1830 et 1962 ont impliqué de force des Algériens. Les conséquences humaines et matérielles pour l’Algérie : Des morts, blessés, destructions, et impacts durables.
Comment rendre justice et sortir de l'oubli des milliers d'hommes dont les sacrifices ne sont toujours pas reconnus. Sait-on que le soldat inconnu de l’arc de Triomphe en France est peut-être algérien ? Nous allons lister les neufs conflits et guerres imposés aux Algériens pour une patrie qui n’est pas la leur. Les Algériens même dans des conditions de vie désastreuses en France ont défendu la France en s’engageant pour une partie dans la résistance, et d’autres ont sauvé les juifs.
Les Algériens étaient préparés à mourir pour la gloire de la France.
Dès le XIXe siècle, après la conquête de l’Algérie, l’armée française installe plusieurs institutions militaires en Algérie, Dès le départ, des Algériens furent recrutés dans les troupes françaises, depuis 1837 — par tous les moyens coercitifs possibles— à l’École des enfants de troupe de Miliana, fondée en 1856, à Médéa et enfin à Koléa. Les enfants de troupe en Algérie étaient des jeunes issus de milieux modestes, pris en charge par l’armée française dans des établissements militaires où ils recevaient une formation militaire. Ces enfants étaient destinés à servir dans les troupes coloniales, comme les Tirailleurs algériens. Certains Algériens passés par ces écoles sont devenus officiers ou sous-officiers de l’armée française. L’un des éléments clés à souligner dans l’histoire des enfants de troupe "musulmans" en Algérie, est la discrimination qui s'exprimait, notamment dans la hiérarchie militaire, les traitements, et les perspectives de carrière. Affectés surtout dans les troupes dites "indigènes", avec un plafond de verre systématique. Les postes stratégiques (état-major,) étaient rarement confiés à des musulmans, même s’ils étaient plus anciens ou plus compétents. Le cas du colonel Mohamed Bendaoud, est révélateur : malgré son grade, il n’a jamais eu le commandement réel équivalent à celui d’un colonel français. Cette hiérarchie de grades à deux vitesses, où l’origine religieuse et l’ethnie primaient sur la compétence et la loyauté. Des centaines de sous-officiers et officiers musulmans ont connu des situations similaires : cantonnés aux régiments de Tirailleurs ; Obligés de franciser leurs noms pour espérer une promotion ». (1)
Liste des guerres que les Algériens ont dû faire (1830-1962)
Après la prise d’Alger en 1830 la politique du ‘‘Talon de fer’’ fut un concentré de sauvagerie et dura jusqu’au tournant du siècle. Des centaines de milliers de morts algériens, de traumatisés : la destruction de milliers de villages rasés, famines... Une spoliation foncière massive : 2,7 millions d’hectares confisqués.
1. L’Expédition de Rome
Ce fut l’un des premiers engagements 1849 -1850 ~ 2.000 soldats Algériens furent engagés.
2. La guerre de Crimée, 1853-1856
L’objectif de la France de Napoléon III était de renforcer son influence au Moyen-Orient, défendre les chrétiens d’Orient. Les troupes algériennes engagées dans la guerre étaient estimées à 8.000 ~ 10.000 soldats. Les conditions furent épouvantables : la neige, le froid, épidémies (choléra, typhus), manque de ravitaillement. Il y eut ~ 500 morts au combat ; ~1.000 morts de maladie (choléra, typhus); ~ 600 à 800 blessés. Le total des pertes estimées ~ 2.000 à 2.300”. Certains officiers français ont même salué leur résistance au froid et au feu, bien supérieure à celle des conscrits français peu endurcis.
3.3. La guerre du Mexique 1861-1867
Entre 3 000 et 3 500 soldats algériens, engagés sur plusieurs années. Ils formaient environ 10 à 15 % du corps expéditionnaire français. Ils ont participé à :
La prise de Puebla (1863), la prise de Mexico, environ 400 à 500 morts au combat. Environ 800 morts de maladie. Le climat, les maladies (fièvre jaune, dysenterie), et la guerre causèrent des pertes sévères. Entre 500 et 800 blessés. Quelques tirailleurs algériens ou spahis sont restés au Mexique après 1867. Certains ont épousé des femmes mexicaines, notamment dans les campagnes. Il existe quelques traces familiales et orales dans les régions de Puebla, Veracruz et Querétaro.
4. La guerre franco-prussienne de 1870-71
Après une série de défaites, le gouvernement français de Napoléon III s’effondre. Le gouvernement de défense nationale s’enfuit à Bordeaux alors que Paris est assiégée. Les soldats algériens sont envoyés pour défendre la France. Ils arrivèrent à enlever une colonne à Wissembourg, moins d'une centaine de rescapés sur les 800. Ils ont aussi combattu avec bravoure lors de la bataille de Frœschwiller. Les trois régiments de tirailleurs (environ 9.000 hommes) sont décimés et après Frœschwiller, le 2e ne compte plus que 450 hommes valides sur 3.000. Ils furent décimés à 90%. Ils montèrent à la baïonnette jusqu’aux batteries prussiennes, en chantant.
En janvier 1871, Bismarck proclamait l’empire allemand à la galerie des glaces du château de Versailles,
Ce geste hautement symbolique humilie la France vaincue . Adolphe Crémieux (ministre de la Justice) publie le décret qui accorde automatiquement la nationalité française à tous les Juifs d’Algérie (environ 35 000 personnes). Les musulmans algériens, eux, restent sujets français sans citoyenneté. La guerre de 1871 fut l’une des plus atroces en Algérie. La France vaincue à Paris déverse sa haine sur les Algériens. Ce sera le calvaire des déportations.
5. Première Guerre mondiale (1914-1918)
Près de 45 ans plus tard, les Algériens seront engagés. Ce fut le cauchemar de Verdun et du Chemin des dames, des milliers d'Algériens y laissèrent la vie. 155.221 soldats venant d'Algérie, 35 900 soit un taux de pertes de 23%, 72 000 blessés. Les batailles les plus tragiques furent celles du Chemin des Dames (1917) : les unités algériennes sont en première ligne, décimées. Au cours de l'offensive d’avril 1917,
les tirailleurs algériens furent envoyés en première ligne. En ces temps-là, écrit René Naba, «la chair à canon» carburait à la gnôle. La revendication ultime préludant au sacrifice suprême -
«Aboul Gnoul» - apporte l'alcool - finira par constituer la marque d'une stigmatisation absolue «Bougnoule» tire son origine de cette expression argotique ante mortem. Le maréchal Foch rendit hommage aux régiments de tirailleurs algériens le 12 novembre 1918 «Vous avez gagné la plus grande bataille de l'histoire et sauvé la cause la plus sacrée : La liberté du monde soyez fiers !»
6. Les guerres du Levant 1920-1927
Après la défaite de l’Empire ottoman, la France obtient un mandat sur la Syrie et le Liban (Guerre du Levant 1920 1927 ): Plusieurs milliers de soldats algériens sont engagés, 1200 morts 2 000 blessés. Des témoignages rapportent le désarroi moral de certains tirailleurs algériens en Syrie, ne comprenant pas pourquoi ils devaient combattre des musulmans arabes comme eux, sous commandement français. Certains soldats algériens ont épousé des Syriennes ou des Libanaises et ne sont jamais rentrés, mais cela reste rare.
7. La «guerre du Maroc» des années 1920-1930
Elle est souvent désignée comme «les guerres du Rif». Ce fut une série de guerres coloniales brutales menées par la France et l’Espagne dans le Rif, contre le chef indépendantiste Abdelkrim El Khattabi.
Les troupes algériennes, (RTA), ont été massivement engagées dans cette guerre coloniale, ~12 000 à 14 000 Algériens furent engagés. Il y eut 1 200 morts au combat ~2 500 à 3 000 blessés ou mutilés. Beaucoup de soldats algériens ont ressenti un malaise profond à combattre d'autres musulmans algériens berbères. Quelques centaines d’anciens tirailleurs algériens sont restés vivre au Maroc. Beaucoup ont épousé des femmes marocaines. Certains Agériens engagés dans la guerre du Rif ont rejoint plus tard le mouvement nationaliste algérien,
8. Seconde Guerre mondiale (1939-1945)
Lors de la Seconde Guerre mondiale, les soldats formaient le cœur de l’Armée d’Afrique, qui a participé à la libération de la France. Sur les 267.000 hommes que comptaient la 1re Armée lors du Débarquement de Provence en août 1944, les tirailleurs algériens représentaient environ 50 % des effectifs soit plus de 130.000 hommes. Ils furent, d'emblée, massivement placés en première ligne et payèrent un très lourd tribut lors des combats de mai et juin 1940. Plus tard, les troupes alliées furent cependant bloquées à Monte Cassino. On fit appel, une fois de plus, aux troupes coloniales constituées de tirailleurs algériens et marocains. Elles défoncèrent, au prix de pertes très lourdes, les lignes allemandes le 22 mai 1944. Par la suite, sous le commandement du général de Lattre de Tassigny, 260.000 soldats, majoritairement nord-africains, débarquent en Provence et libèrent Toulon et Marseille le 15 août 1944.
Les régiments algériens ouvrent la route de la libération. Les 3e, 4e, 7e régiments de tirailleurs algériens débarquent à Saint-Raphaël. Des Algériens du 7e régiment de tirailleurs, entraient dans Marseille pour libérer la ville. Le bilan est lourd, plus de 1 800 morts et blessés du côté des soldats de la troisième division d'infanterie algérienne. Au total, il y eut 14.000 morts et 42.000 blessés. Ce sont, en partie, ces soldats qui revinrent au pays, pour voir leurs familles massacrées un jour de mai 1945. Leurs sacrifices ont été reconnus par des éloges de hauts responsables militaires louant leur rôle indispensable dans l'histoire militaire française.
«Vous avez gagné la plus grande bataille de l’Histoire. Une gloire immortelle couvre vos drapeaux.» «Ils ont brisé la ligne Gustav.» Général Juin :
«Sans eux, la libération du sud aurait été impossible. Sans les tirailleurs, jamais la Provence n’aurait été libérée»,général de Lattre de Tassigny.
9. Guerre d’Indochine (1946–1954)
Chaque fois que la France est menacée, ce sont les Algériens qui sont en première ligne. Environ 60 000 à 70 000 soldats nord-africains, dont 30 000 à 35 000 Algériens, participent à la guerre d’Indochine entre 1946 et 1954. Les combats furent extrêmement violents. On estime entre 6 000 à 7 000 le nombre de tirailleurs nord-africains morts en Indochine. Plusieurs milliers furent blessés ou mutilés ; Après la défaite française plusieurs centaines de soldats des RTA ont été faits prisonniers, notamment après la chute de Dien Bien Phu (mai 1954).
La majorité des tirailleurs valides sont rapatriés en Algérie ou en France. Certains ont été engagés dans la guerre contre le FLN (1954–1962). Beaucoup sont réintégrés dans l’armée française en Algérie après 1954. Certains ont rejoint le FLN. Quelques dizaines de soldats nord-africains, dont des Algériens, sont restés en Indochine après 1954.
Témoignages des tirailleurs sur la guerre et les discriminations
Les tirailleurs algériens ont combattu dans toutes les grandes guerres françaises entre 1830 et 1962. Leur bravoure, leurs souffrances, malgré les discriminations qu’ils ont subies malgré leur loyauté. Les traumatismes psychiques sont ignorés, notamment chez les soldats coloniaux *« C’est à Craonne que j’ai vu le plus de morts algériens. Ils avançaient sans fléchir, comme des lions, sous la mitraille. — Capitaine Leclerc, 1917
Lors de la Seconde Guerre mondiale (1939-1945)
*« Ces hommes venus de loin, sans y être obligés, se sont battus pour notre liberté. Ils ont lutté avec une abnégation rare. » — Général de Lattre de Tassigny, Provence, 1944
« Les tirailleurs montaient à l’assaut avec des cris de guerre. Ils donnaient du cœur à toute la division. » — Officier du 1er régiment de tirailleurs à Monte Cassino
Lettre d’un tirailleur algérien à son frère (tranchées Somme, 1916)
*« Mon frère, je t’écris cette lettre dans la nuit noire. Les obus tombent, les Allemands sont proches. Je ne dors plus depuis trois jours. On boit l’eau des trous. On enterre les amis sans même pouvoir réciter la Fatiha. Dis à notre mère que je pense à elle chaque jour. Si Dieu veut, je reviendrai. Sinon, qu'elle prie pour moi. Je ne sais plus pourquoi on se bat. On est devant, toujours devant, comme des moutons qu’on pousse. Que Dieu nous protège. Ton frère Ahmed. »Source : Archives de Vincennes / CNRS, corpus des lettres de poilus algériens.
Lettre dictée par un tirailleur blessé, hôpital militaire de Lyon (1917)
*« Ma main ne bouge plus. Je ne peux plus tenir le fusil. On m’a dit que je suis brave, mais pourquoi on ne me donne pas le même pain que les Français ? Pourquoi je dors à côté du feu dehors, alors que l’autre soldat a une chambre ? Moi j’ai fait Verdun aussi. Moi je veux juste voir la Kabylie encore une fois. » Source : Musée des Invalides, fonds médical militaire.
Lettre d’un vétéran de 14-18, écrite en 1940 à son fils engagé en France
*« Mon fils, tu marches aujourd’hui sur mes traces.
J’ai fait la guerre du Kaiser, j’ai vu les tranchées de Champagne. Ce n’est pas une vie. Si tu as le choix, cache-toi. Les Français ne vous aiment que pour mourir à leur place. Quand je suis revenu, je n’ai rien eu. Pas de terre, pas de pension. Le caïd m’a dit : “Tu n’es qu’un indigène.” Sois prudent. Reviens vivant. » Archives personnelles recueillies par l A. Hachemaoui, témoignages de 1939-45.
* « Mon capitaine, moi j’ai combattu à Monte Cassino. Mes camarades sont tombés. Vous avez dit que nous étions braves. Ce n’est pas l’honneur que nous demandons, c’est l’égalité. » Source : Lettre retrouvée dans le Journal de marche du 2e RTA, 1944.
Les Algériens dans la résistance française FTP qui ont sauvé les juifs français
Que dire, aussi, de ces émigrés qui, malgré leurs conditions sociales désastreuses, eurent le courage de risquer leur vie pour sauver des Français juifs abandonnés par tous du fait de la répression allemande et de la collaboration ? Le tract suivant résume mieux que cent discours l'empathie de ces, «Justes». Nous lisons «Hier à l'aube, les juifs de Paris ont été arrêtés. Les vieux, les femmes et les enfants. En exil comme nous, travailleurs comme nous. Ils sont nos frères. Leurs enfants sont comme nos propres enfants - «ammarach nagh» -. Celui qui rencontre un de ces enfants doit lui donner un abri et la protection aussi longtemps que le malheur - ou le chagrin - durera. Oh, l'homme de mon pays, votre coeur est généreux.» (2) Ce tract rédigé en tamazigh circulait parmi les émigrés algériens lors de la rafle des juifs le 16 juillet 1942 à Paris. Ainsi, les émigrés algériens - sous-prolétariat français - pendant la colonisation, avaient décidé d'aider les Juifs à s'enfuir et les ont cachés. «Ammarache nagh», «Ce sont comme nos enfants» traduisant par là le sacrifice à faire pour sauver des enfants juifs... qui sont comme nos enfants! » On se souvient, aussi, en effet, que dans un documentaire intitulé La Mosquée de Paris, une résistance oubliée, réalisé pour l'émission «Racines de France 3» en 1991, La Mosquée de Paris sert de lieu de résistance pour les musulmans vivant en France.
«Les Algériens du FTP (Francs-tireurs partisans) du FTP (Francs-tireurs partisans) avaient pour mission de secourir et de protéger les parachutistes britanniques et de leur trouver un abri. Les FTP ont par la suite, porté assistance à des familles juives, des familles qu'ils connaissaient, ou à la demande d'amis, en les hébergeant dans la mosquée, en attente que des papiers leur soient fournis pour se rendre en zone libre ou franchir la Méditerranée pour rejoindre le Maghreb » (3).
Et si le Soldat inconnu était un Algérien ?
Il existe une probabilité réelle que le Soldat inconnu inhumé sous l’Arc de Triomphe soit d’origine algérienne étant donné le contexte historique et la composition de l’armée française « Le Soldat inconnu a été choisi parmi 8 corps non identifiés de soldats morts durant la Première Guerre mondiale, provenant de 8 champs de bataille majeurs (Verdun, la Somme, l’Aisne, etc.). Environ 173 000 Algériens ont combattu dans les rangs de l’armée française durant la Première Guerre mondiale. On estime à 25 000 le nombre de morts algériens De nombreuses unités composées de soldats algériens ont été envoyées dans les zones de combat les plus meurtrières, notamment à Verdun, des lieux d'où proviennent les corps parmi lesquels a été choisi le Soldat inconnu. Il est donc plausible qu’un ou plusieurs des 8 corps sélectionnés soient ceux de soldats algériens il est tout à fait possible — et même probable — que le Soldat inconnu soit un Algérien, étant donné : le nombre élevé de soldats algériens engagés, la mortalité qu’ils ont subie, le caractère aléatoire et anonyme de la sélection » (4).
« Et si, sous la dalle de l’Arc de Triomphe, reposait un homme arraché à son soleil, à sa langue, à sa terre ? Un homme venu d’Algérie, sans comprendre pourquoi il partait mourir pour une cause qui n’était pas la sienne. Mais dans laquelle il a tout donné. Il a quitté sa terre son village, ses parents, pour aller se battre sous la pluie, dans la boue ll avait vingt ans peut-être. On l’a déraciné de ses parents illettrés qui pleuraient en silence, sans savoir s’il reviendrait. On lui a dit qu’il allait défendre « la patrie », sans lui dire laquelle. Il ne parlait pas français, il priait en arabe, et ne comprenait ni les ordres, ni les insultes murmurées » (4).
« Il a débarqué à Verdun, dans la gadoue glacée, Il a dormi dans des trous boueux, tremblant de froid, avec pour seule chaleur la gnôle qu'on lui tendait pour l’engourdir avant l’assaut. Pas même un mot de réconfort dans la langue de sa mère. Quand le sifflet a retenti, il est sorti de la tranchée. Comme tant d’autres, il a couru, baïonnette en avant, vers une mort absurde. On a retrouvé son corps, sans papiers, sans nom, sans distinction. Il est devenu le Soldat inconnu.
Il ne comprenait pas toujours les ordres, mais il avançait quand même. Il aurait pu être l’un de ces milliers d’hommes venus de l’autre rive de la Méditerranée, enrôlés, déracinés, parfois méprisés, souvent oubliés. Il aurait pu être musulman, mort sans le secours d’un imam, sans même que l’on sache son nom » (4).
Apport de l'émigration algérienne en France dans les mines
Dans les usines et au front L’émigration algérienne en France dès la Première Guerre mondiale (1914-1918) a joué un rôle important : Le front, les mines et usines (travailleurs mobilisés pour l’effort de guerre) Ils participèrent aux grandes batailles : Verdun, les Dardanelles... La mobilisation est forcée Il y eut une forte mortalité (≈14 %) supérieure à la moyenne métropolitaine. Le soldat algérien, bien qu’ayant versé son sang pour la France, a été, historiquement minoré dans son statut social, sa reconnaissance symbolique et matérielle, par rapport au soldat français. Bien que sujets français de l’empire, les soldats musulmans algériens étaient soumis à un double statut inégalitaire : relevant du Code de l’indigénat. Dans les casernes et au front, ils subissaient : Les conditions de vie les plus rudes, avec un accès inégal à la permission, soins médicaux,
Témoignages : "On nous envoyait en première ligne. On disait que nous étions résistants à la douleur." "On portait le même uniforme, mais pas la même dignité."
Mai-décembre 1945 : Massacres de Sétif, Guelma, Kherrata
Pensant naïvement que la victoire sur l’Allemagne allait ouvrir le champ à la liberté pour les Algériens Ils manifestent pour la liberté le 8 mai 1945. Les Algériens sortent pour revendiquer leurs droits et leur indépendance. À Sétif, Guelma et Kherrata, l’armée française réprime violemment les Algériens entre 20 000 et 45 000 Algériens tués, dont beaucoup de familles d’anciens combattants. Des dizaines de jeunes sont guillotinés après des procès expéditifs. D’anciens tirailleurs eux-mêmes sont arrêtés ou assassinés. Les procès furent expéditifs, avec des exécutions publiques, guillotinés. Les familles ayant sacrifié leurs fils pour la France subissent la terreur au retour. L’horreur de 1945 est une profonde blessure dans la mémoire algérienne. Les familles qui avaient sacrifié leurs fils pour la France découvrent qu’elles sont considérées comme ennemies sur leur propre terre »
Conclusion
63 ans se sont écoulés depuis Mais la Révolution et son contenu sont inscrits dans l’ADN qui de génération en génération transmettent d’une façon épigénétique la douleur afin que nul n’oublie. L’Algérie a recouvré son indépendance le 5 juillet 1962. Après une guerre atroce où l’Algérie perdu des centaines de milliers de ses enfants. En face un pays qui persiste et signe dans ses louvoiements avec la nostalgie de l’empire et les reconnaissances inutiles et dépassées au compte goutte.
Les Algériens ont été massivement enrôlés de force ou volontairement, sans bénéficier des droits équivalents aux Français. Le coût humain, la spoliation économique, les répressions sanglantes après l’époque du talon de fer de quarante ans, ce sera 1871, 1945, 1954–1962, et la destruction du tissu social et culturel. Tout ces faits sont les marques les plus profondes de la domination coloniale française
Justement, nous n’aurions rien compris à l’ensauvagement colonial si on ne prend pas en compte toutes les formes d’atrocités tout au long de 45230 jours de joug colonial dont 2430 jours représentant un concentré d’horreurs de la glorieuse révolution de Novembre. L’indigène algérien à tout connu : Jugez en plutôt : Les morts algériens furent utilisés comme fertilisants au début de la conquête de l'Algérie par la France Il existe des récits historiques qui mentionnent des événements sombres liés à l’invasion menée par la France (1830–1847), Il est important de noter que l’usage des corps des morts dans certaines situations a été documenté. Dans certains cas, des cadavres auraient été utilisés pour fertiliser la terre, notamment lors de l'exécution massive de prisonniers. L'usage des corps comme engrais a parfois été signalé comme une méthode humiliante et dégradante utilisée pour "ancrer" la domination coloniale dans le pays. On signale même l’envoi de squelettes à Marseille qui serviront à blanchir se Sucre mais aussi comme fertilisants pour la production de pain.
En définitive, L’Algérien a connu le meurtres les vols les viols les récoltes incendiés, les suppliciés de grottes, les fours crématoires, le bannissement à 22.000 km de la patrie le code de l’indigénat. Il a, enfin, connu les 200 supplices de la guillotine ; Si on y ajoute les 13 gerboises multicolores qui ont irradiés le Sahara et les essais de bactériologie, l’Algérie a servi de laboratoire pour la grandeur de la France !! A ce titre, de mon point de vue, aucun pays anciennement colonisé n’a connu un tel calvaire ! Aucun pays n’a connu la famine qui a vu la population s’éteindre Aucun pays n’a vu un prosélytisme enragé comme celui du cardinal Lavigerie qui pensait faire retrouver à l’Algérien son substrat chrétien.
En plus des déportés en Nouvelle Calédonie, et des Algériens partis avec l’Emir Abdelkader, Les Algériens partis se battre pour une cause qui n’était pas la leur, par la force des choses sont restés pour certains dans les pays ou ils ont été en guerre. Ces Algériens de cœur que les hasards de l’histoire ont balloté dans tout les continents, ont fait souche dans les pays où ils sont battus. Il y a peut être matière à faire un recensement et leur affirmer haut fort que l’Algérie alma mater, a besoin de l’affection de tous ses enfants.
* Professeur Chems Eddine Chitour
Ancien Ministre
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Références et sources principales :
1. Les officiers indigènes dans l’armée française, 1830–1962 – Emmanuel Alcaraz (thèse, Paris IV) https://chatgpt.com/share/687b2856-607c-800c-ae99-b3a30f01742c
2. http://www.lexpressiondz.com/chroniques/analyses_du_professeur chitour/139978-lesmusulmans-qui-ont-sauve-les-juifs.html
3. Aurélie Champagne : http://www.rue89. com/2011/09/27/les-hommes-libres-lhistoire-oubliee-des-arabes-occupes-22366527/09/2011
4.https://chatgpt.com/share/6877be36-8044-800c-bc5f-c232cb196283
https://chatgpt.com/share/6875fcc0-87b0-800c-a7da-23e882ce4fe8
https://chatgpt.com/share/6840787f-0d80-800c-8dd9-e1724f4672fb
https://chatgpt.com/c/6877bb63-1dac-800c-8f8c-912900469c44
Gilbert Meynier, L'Algérie révélée. La guerre de 1914-1918 et le premier quart du XXe siècle.
Benjamin Stora, Les immigrés algériens en France. (1912-1992).
Claude Liauzu, Colonisation, guerre et mémoire.
Musée de l’armée aux Invalides (exposition “Les soldats de l’empire”).
Jacques Frémeaux, Les colonies dans la Grande Guerre, 2006.
Rapport du Ministère des anciens combattants et Office National des Anciens Combattants