
La robe kabyle ou Takendourth lqbayel ou Taksiwth (appelée aussi Djebba dans les villes) est porté jadis par les femmes et vielles des villages et communes kabyles et qui représente une identité forte ancrée dans l’habit traditionnel qui traduit l’appartenance à une région de forte densité amazighe et kabyle. Elle est ancrée dans des racines familiales transmettant un message fort et maternel qui se consolide avec un long parcours par les nouvelles générations de mères en filles. Cet habit donne un éclat de vie au sein de la famille kabyle mettant en relief les traditions des régions bien définies. Durant la guerre de libération, le port de la robe kabyle fait partie intégrante d’un combat libérateur. Ainsi, lors des rafles, rassemblements et incursions militaires, les soldats de l’armée coloniale n’osent jamais toucher une femme portant la robe kabyle. De là, la robe kabyle incarne le respect et les limites d’autrui. Cette robe demeure à ce jour un symbole de renaissance féminine et dont beaucoup de régions conservent jalousement. Dans la région de Bejaia et particulièrement dans la vallée de la Soummam qui s’étant d’El Kseur a Tazmalt en passant par Sidi Aich, Akbou, Tinebdar, Adekar, Akfadou et Tinebdar ; Le port de la robe kabyle constitue une fierté, une liberté et une appartenance à l’Algérie avec toute sa diversité. Un rite qui vibre dans les cœurs des femmes kabyles qui revendiquent leur racine en enfilant cette robe multicolore aux motifs chatoyants et brodée de fil de zigzag de différentes couleurs. Un message fort au monde entier que cette tenue porte une histoire, une langue et une identité indélébile. Elle est le symbole national. Ce vêtement traditionnel féminin est caractérisé par ses couleurs vives, ses motifs brodés et sa coupe simple avec des manchettes toujours bordées de galons colorés. Sur le corsage et l’ourlet apparaissent de rayures formant des zigzags multicolores et des volutes inspirées des signes tifinagh, dessinés sur les dentelles appelées lahwachi. Dans la partie Est de la wilaya, c’est les communes de Souk El Tenine, Darguinah, Kherrata, Draa El Gaid qui gardent jalousement le port de la robe kabyle et ces régions continuent de transmettre cette tradition jusqu’à Sétif avec les villages de Babors et Ain Kebira. Autrefois, la robe kabyle était faite à domicile. Il fallait une paire de ciseaux, une bobine de fil et aiguille et un morceau de tissu choisi avec différents motifs et couleurs. La femme découpe deux pièces supérieures de tissu avec deux faces : l’une avant avec le corsage arrondi et la seconde partie dorsale qui assemble avec les deux parties inférieures et le tout est cousu à la main sur les deux côtés. Une fois achevée, le zigzag contourne le cou, les manches et la partie inférieure de la robe. Un travail soigneusement appliqué jusqu’à ce que la machine à coudre a pédale a pris le relai par les quelques femmes couturières des villages. Parallèlement à cette forme de création, d’autres femmes utilisent du tissu uni qu’elles brodent avec des motifs qui se caractérisent par des couleurs vives et des lignes simples. La robe est garnie au niveau de la poitrine de motifs brodés en zigzag et de dentelles kabyles de plusieurs couleurs. Un travail particulièrement important et souvent réalisé à la main. Chaque robe kabyle est une œuvre d'art.
Un héritage vivant transmis entre générations
La confection de ces robes implique un savoir-faire artisanal transmis de génération en génération. La robe kabyle est souvent très colorée et décorée de motifs géométriques ou symboliques, qui reflètent des régions et des traditions. Les couleurs vives comme le rouge, le bleu, le vert et le jaune dominent souvent dans le choix des femmes mais aussi selon leurs âges. Le tissu utilisé pour la confection de la robe kabyle est généralement du coton, de la laine ou de la soie. Dans les régions montagneuses, les femmes peuvent porter des robes plus chaudes en laine pendant les saisons froides. Pour les événements plus formels, les tissus sont souvent ornés de broderies ou de fils métalliques décoratifs pour ajouter de la brillance. La robe kabyle séduit toutes les Algériennes ; elle incarne fierté, élégance, authenticité et prend place dans chaque foyer et enrichit chaque trousseau des nouvelles mariées qu’elles considèrent un porte bonheur dans la vie conjugale. Selon les experts du patrimoine culturel algérien « La robe kabyle est bien plus qu'un vêtement ; elle est le reflet d'une culture et d'une identité ancestrales. Enracinée dans les montagnes de la Kabylie, cette robe traditionnelle algérienne est devenue un symbole de fierté et de patrimoine pour les femmes kabyles, mais aussi, pour toutes les femmes algériennes»
Une reconnaissance au-delà des frontières
Avec l'essor de la mondialisation, la robe kabyle s'est frayé un chemin sur les marchés internationaux. Cette adoption mondiale est largement influencée par la diaspora algérienne, qui continue de valoriser ses traditions vestimentaires à travers le monde. Takendourth leqbayel, s’est frayé un grand chemin en s’imposant dans les pays européens, dans les rues, sur les places publiques mais aussi dans les grandes universités du monde portée par les étudiantes algériennes. La robe kabyle n'est pas figée dans le temps. Depuis toujours, elle s'adapte et se transforme. Si jadis elle était exclusivement portée lors des fêtes traditionnelles comme les mariages, circoncisions, les fêtes de Yennayer, aujourd'hui, elle s'invite dans les festivals de mode et les créations de grands stylistes. C’est une robe magnifique qui se conjugue avec toutes sortes de chaussures, espadrilles, chaussures de sports, chaussures à talons et demi talons. Un mariage qui s’adapte au quotidien et en toutes circonstances. A noter que sur le plan commercial, la robe kabyle enregistre une forte demande dans le pays et à l’étranger comme l’a souligné Amel, gérante d’une boutique de robes kabyles raffinées aux motifs imprimés et un style relooké et dont le prix de vente peut atteindre les 50.000 DA pour cet habit qui s’enfile lors des grands occasions et événements.
M. L.