Fonds national de lutte contre le cancer : L’Etat s’engage pour une prise en charge optimale

Pour le ministre de la Santé, Abderrahmane Benbouzid, qui présidait, hier, la journée de formation et de sensibilisation sur le cancer du sein, le cancer est devenu une préoccupation pour les organisations de santé dans le monde, notamment en Algérie, qui a enregistré cette année pas moins de 50.000 nouveaux cas.

Le professeur Benbouzid a annoncé la réactivation du Fonds de lutte contre le cancer, dont la création remonte à 2012, pour une prise en charge optimale des patients. Le fonds devrait servir, entre autres, à équiper les services de radiothérapie, par l'acquisition de nouveaux accélérateurs linéaires et la mise à disposition de médicaments supplémentaires, ainsi que la maintenance des dispositifs et équipements médicaux au niveau des services de radiothérapie.
Benbouzid révèle que parmi les cancers les plus répandus, figurent le cancer du colorectal, le cancer du sein, le premier cancer chez la femme et ayant enregistré 14.000 nouveaux cas en 2020. Il précise que le cancer est la deuxième cause de décès après les maladies cardiaques et des artères. Principaux facteurs de cette augmentation, figurent la pollution, le tabagisme, la sédentarité et une alimentation loin d’être saine. Le département de la Santé a élaboré, selon le ministre, un plan qui combine la prévention, la détection précoce et l’examenet traitement. «L’État mobilise tous le moyens matériels et humains, en plus d'activer le réseau national pour collecter les informations sur les patients, ce qui permettra de fournir des données précises sur la maladie et les moyens de la prévenir», dit-il. Concernant les mesures prises pour améliorer la prise en charge, 41 services et 77 unités de chimiothérapie ont été créés et ouverts sur tout le territoire, ainsi que 20 centres de cancérologie, dont 6 sont du secteur privé, allouant un budget pour l’acquisition des médicaments et consommables nécessaires au niveau de la Pharmacie centrale des hôpitaux. Il a également été procédé au renforcement des institutions hospitalières, par une ressource humaine qualifiée, ainsi que l’ouverture et le renforcement des institutions spécialisées dans le traitement du cancer avec des appareils de radiothérapie.
Le nombre d'accélérateurs est passé de 7 en 2013 à 50 actuellement, dont 12 sont la propriété du secteur privé, en plus de l’élaboration, a-t-il ajouté, d’un guide national à destination des spécialistes (guide thérapeutique), qui reprend l'ensemble des protocoles thérapeutiques mis en place dans la prise en charge des patients cancéreux. Le ministre indique qu’outre les efforts déployés par le secteur de la Santé, «nous comptons également sur le grand rôle que jouent les médias dans la sensibilisation pour réduire le taux d'infection». De son côté, le docteur Amina Abdelouahab, du CPMEC (CHU Mustapha-Pacha), a mis en avant le rôle des médias dans la sensibilisation et l’information des citoyens pour tout ce qui concerne les maladies cancérogènes, notamment le cancer du sein. «Il est important que tous les secteurs doivent s’impliquer, au même titre que les médias», souligne-t-elle. Elle regrette cependant que «50% des femmes consultent tardivement».
La méconnaissance de la dangerosité de la maladie est la véritable raison empêchant les femmes de consulter.
Elle précise que le cancer du sein «tue 3.500 femmes chaque année», et, en 2025, l’Algérie enregistrera encore quelque 18.000 nouveaux cas.
Deux nouveaux centres de radiothérapie seront très prochainement inaugurés, pour venir renforcer la stratégie de lutte contre le cancer en Algérie et en appui à celui déjà existant au niveau du Centre Pierre-et-Marie-Curie (CPMC) au CHU Mustapha-Pacha, a affirmé Adda Bounedjar, membre de la commission de lutte contre le cancer.
Mohamed Mendaci

///////////////////////////////////

Oran
Deux-tiers des femmes traitées subissent l’ablation totale du sein

Deux-tiers des femmes atteintes de cancer du sein, traitées au niveau de l’EHO d’Oran 1er-Novembre, subissent une ablation totale du sein malade, a indiqué hier la chef de service oncologie de cet établissement hospitalier, Pr Bereksi Reguig Faïza.
«L’ablation totale du sein malade est la seule réponse possible, car l’ablation de la tumeur ou d’une partie du sein seulement exige de suivre une radiothérapie», a expliqué le Pr Reguig, lors d'une rencontre avec la presse sur le cancer du sein au niveau de l’EHO d’Oran, qu’elle a animée dans le cadre du mois de dépistage «Octobre Rose» avec le Pr Boucherit Hassan, chef de service gynécologie obstétrique, le Pr Chafi Belkacem et le Pr Mohamed Boubkeur, spécialistes en gynécologie et en chirurgie générale. Pour elle, «bénéficier d’une radiothérapie dans un délai défini constitue un problème majeur, qui oblige les spécialistes de l’EHUO à opter pour une ablation totale, plutôt qu’un traitement conservateur». Le Pr Boucherit a, pour sa part, indiqué que quelque 200 ablations sont pratiquées annuellement au niveau de l’établissement, dont 2 ou 3 oncoplasties mammaires seulement, déclarant qu’«on ne peut pas opter pour une chirurgie conservatrice si on n’a pas de garanties sur une prise en charge concernant la radiothérapie. Ce choix implique un grand risque de récidive du cancer». De son côté, Pr Chafi a insisté sur le dépistage précoce du cancer du sein et celui de l’utérus. «On ne répétera jamais assez l’importance de l’autopalpation et du frottis pour découvrir ces cancers avant qu’il ne soit trop tard», a-t-il dit, affirmant que ces deux cancers guérissent à 100% s’ils sont dépistés de manière précoce.

///////////////////////////////////

Radiothérapie
Une plateforme  de prise de rendez-vous

Une enveloppe de 350 mds DA a été allouée à l'achat de nouveaux accélérateurs, 3 mds DA pour l'acquisition de médicaments, 1.5 mds DA pour équiper les services de chirurgie et 2 mds DA pour la maintenance des équipements de radiothérapie, a précisé le directeur général des services de santé, Pr Lyes Rahal. Outre la réactivation du FNLCC, il a cité, entre autres mesures décidées par la tutelle, l'installation de la Commission nationale du cancer, pour assurer la poursuite des activités après l'échéance du Plan national de lutte contre le cancer (2015-2020) et le lancement d'une plateforme de gestion et d'organisation des rendez-vous de radiothérapie à travers le territoire national. Les malades du cancer ont galéré, ces derniers mois, pour obtenir un rendez-vous en radiothérapie suite à la panne de plusieurs accélérateurs, non réparés à temps du fait de la propagation du Coronavirus. Le ministère s'attelle, selon Pr Rahal, à remédier à la situation le plus rapidement possible. Par ailleurs, le ministre de la Santé, Abderrahmane Benbouzid, a fait savoir que des patients, dont l'état requiert une prise en charge en radiothérapie, ont été orientés vers des wilayas du Sud disposant de CAC, déplorant le refus de la plupart de ces patients de cette mesure, en dépit du fait que l'opération est organisée en collaboration avec les associations d'aide aux cancéreux pour l'hébergement et en coordination avec le ministère du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale pour le transport. Préconisant la rationalisation des CAC selon la densité démographique de chaque région, le ministre a fait état de «leur mauvaise exploitation» dans certaines wilayas, notamment celles à densité démographique très faible. «Des centres sont totalement vides, au moment où d'autres font face à une très forte pression, en raison d'une répartition non judicieuse», a-t-il déploré.
(R. N./APS)

///////////////////////////////////

Covid 19 :
Un facteur aggravant ?

Kamel Bouzid, chef de service d’oncologie au Centre Pierre-et-Marie-Curie (CPMC) de l’hôpital Mustapha-Pacha et président de la Société algérienne d’oncologie médicale estime que la covid19 complique et aggrave la situation des patients atteints de cancer.L’invité du forum d’EL Moudjahid a affirmé que la covid19est imprévisible et a un « impactnégatif » sur le dépistage etle diagnostic précoce des cancers. Les résultats des recherches menées jusque-là soutiennentl’idée que l'infection par Corona-virus pourrait « augmenter le risque de développer un cancer », et plus encore pour le« un covid- long » dont les symptômes sont tardifs. Il ajoute que l’infection par le Covid 19 provoque « l'émergence de nombreuses autres maladies, dont certaines sont graves et persistent même après la guérison. » Expliquant la prolifération en Algérie des cas de cancer, le Pr Bouzid l’attribue, « entre autres » à la malnutrition, le tabagisme et à l’obésité , appelant, les femmes surtout , à se faire dépister. De même pour les cancers affectant les enfants auxquels il préconise la mise en œuvre d’une« nouvelle feuille de route » pour une prise en charge rapide.
Hamza H.

///////////////////////////////////

La caisse de sécurité sociale  à l’index

Pr Kamel Bouzid appelle à la révision urgente de la nomenclature des actes médicaux et leurs tarification. L’invité d’El Moudjahid estime que cette nomenclature datant de 1986, n’est « plus applicable ». «90% des examens complémentaires et d’exploration demandés aux patients atteints de cancer sont réalisés dans des structures privées. Des dépenses colossales que les citoyens paient sans que la sécurité sociale ne leur rembourse, pas même un centime», rappelle-t-il. Pour exemple, une « femme atteinte d’un cancer du sein, avant même qu’elle n’arrive pour subir des soins en oncologie, a déjà eu à dépenser environs 500 000 Da pour ses examens de radiologie, la mammographie, l’échographie, les examens biologiques, l’anapath et la scintigraphie osseuse. » Ces personnes n’ont pas « toujours les moyens financiers, mais elles se débrouillent pour faire leurs examens ». Pour le moment, rapporte-t-il,« six médicaments seulement sont pris en charge par la CNAS, notamment pour traiter les cancers du sein et de la prostate ». La CNAS doit également « rembourser d’autres actes médicaux, comme la thérapie ciblée et l’immunothérapie», ajouté le Pr Bouzid qui s’interroge les raisons qui font que lacaisse d’assurance sociale « accepte de payer 10 000 da les frais de de radiothérapie effectuée dans les établissements français » et refuse de le faire lorsque c’est fait dans les structures privées algériennes où le coût revient à 3000 euros avec des appareils plus performants ?».
F. L.

Sur le même thème

Multimedia