Economie, Nacera Haddad Experte en questions économiques et sociales à EL MOUDJAHID: «Une réponse au monde des affaires»

Experte en questions économiques et sociales, Nacera Haddad a bien voulu analyser le Plan d’action du gouvernement, plus particulièrement son volet économique. Elle estime que l’esprit dans lequel il a été élaboré traduit l’expression et les attentes du citoyen, de manière générale. L’économiste insiste cependant sur la nécessité de hâter le lancement de ce programme, par la mise en place d’outils et de mécanismes d’accompagnement.

Entretien réalisé par  Kamélia Hadjib

El Moudjahid : Quelle première lecture faites-vous du Plan d’action du gouvernement ?
Nacera Haddad : J’estime que ce plan est volontariste, du fait qu’il aborde tous les aspects et traduit le bon sens à tous les niveaux. Concernant le volet économique, le fondement du programme est issu des rencontres, des assises nationales et de la conférence nationale sur la relance économique et des différents plaidoyers qui ont été élaborés à l’issue de ces rencontres avec la communauté des affaires. La concertation est explicitement inscrite dans ce Plan d’action, ce qui traduit la volonté du gouvernement de suivre la voie du changement en matière économique.
Cependant, il va falloir l’accompagner par des outils et des mécanismes pour qu’il puisse devenir effectif rapidement en vue d’atteindre les objectifs. Le Plan d’action du gouvernement est un bon pas en avant pour apporter une réponse au monde des affaires, de l’entreprise et de l’économie.

Mais il y a le facteur temps…
Absolument. Raison pour laquelle, on doit aller très vite en présentant les outils et les mécanismes permettant de réussir sa mise en œuvre. Le défi à relever consiste à pouvoir obtenir des résultats dans les temps pour espérer atteindre l’objectif des 4 % de croissance et respecter la volonté du gouvernement de rétablir la confiance et d’améliorer le climat des affaires.

Comment réussir le changement de la gouvernance en économie ?
En matière de gouvernance économique, il faut identifier les postes clés et sensibles au niveau central et local et les transformer en chargés de missions. Si nous ne confions pas aux chefs de mission des contrats de résultats dans des délais programmés et planifiés, nous ne réussirons pas le changement de la gouvernance. C’est l’obligation de résultats, sur la base de contrats d’objectifs et de résultats. Il faut des engagements fermes en responsabilisant les postes sensibles. Au niveau local, il s’agit de soumettre les contrats de performance aux walis pour libérer les initiatives et asseoir la transparence dans l’octroi du foncier et le traitement des délais d’octroi des différentes autorisations et agréments d’exploitation. Le wali a un rôle central et déterminant. Il doit être un levier de réalisation du plan du gouvernement. Le deuxième axe de travail est la décentralisation de l’acte d’investir. Il est également important de se doter d’un parapheur électronique pour le traitement rapide et dans les délais des dossiers relatifs à la décision de financement.

Quelle place pour le capital humain dans le processus de relance économique ?
La valorisation des compétences et les personnes engagées est un premier critère évoqué dans le plan du gouvernement qui souligne que seuls le mérite et la compétence doivent être pris en considération pour le recrutement des représentants de l’État. L’Algérie regorge de compétences dans les quatre coins du pays, capables de relever le défi de la relance économique. Et c’est ça qui va redonner la confiance dans la nomination. C’est quand on aura l’homme ou la femme qu’il faut au poste de responsabilité et qu’ils seront évalués sur la base des résultats. Nous n’avons plus le droit à l’erreur. La réussite ne sera possible qu’avec la transparence, la compétence, l’évaluation et la récompense des gens qui travaillent.

La mise en œuvre du processus de relance économique nécessite forcément des mesures à mettre en place...
Il faut en premier lieu libérer les initiatives et fixer les objectifs de développement de l’entrepreneuriat. On doit passer à un ratio de 50 à 60 PME, petites et moyennes entreprises, pour 1000 habitants dans l’optique de résorber le chômage, déployer l’investissement de substitution et encourager l’importation. C’était l’objectif fixé en 2010 mais aujourd’hui, on est à moins de 16 PME pour 1000 habitants. Pour y parvenir, il est impératif de dématérialiser, dépénaliser et libérer totalement l’acte d’investir en dehors des secteurs dits stratégiques qui relèvent de la souveraineté de l’État. Toujours en termes de partenariat, il faut identifier les secteurs et les branches d’activités qui sont inscrits avec un potentiel à l’export et à la substitution aux importations.
On doit mettre en place un couloir vert à ces entreprises pour arriver à une politique de champions dans tous les domaines. Nous avons environ 200 entreprises qui sont compétitives, qui ont du potentiel et qui ont réussi à moderniser leurs outils. Nous souhaitons par conséquent un traitement différent pour ces champions. Pour les entreprises qui ont un potentiel de croissance et toutes celles qui sont capables de réduire la facture des importations et celles qui ont un potentiel pour l’export et la création d’emploi, particulièrement dans les zones les plus reculées du pays. Il faut une mise en œuvre effective de la politique du gouvernement et de celle du président de la République sur le plan sécuritaire ou de développement économique qui sont deux priorités aussi importantes l’une que l’autre.
K. H.

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