
En cette journée de rentrée scolaire, El Moudjahid a décidé de mettre les projecteurs sur les conditions de rentrée des élèves à besoins spécifiques. Pour cela, un entretien nous a été accordé par la présidente de la Fédération algérienne des personnes handicapées, Atika Mameri.
Entretien réalisé par Sami Kaidi
El Moudjahid : Y a-t-il une politique de prise en charge des enfants à besoins spécifiques en âge d’être scolarisé ?
Atika Mameri : En toute franchise, les enfants à besoins spécifiques ne bénéficient pas, dans les écoles publiques, de la prise en charge adéquate et autres facilitations. L’école doit se préparer davantage afin de mieux accueillir et de mieux prendre en charge cette catégorie d’élèves.
A ce propos, il a eu récemment un accord entre le ministère de l’Education nationale et les représentants de l’association des parents d’enfants trisomiques pour améliorer la scolarité de ces enfants handicapés au sein des établissements scolaires. Cependant, l’application des directives doit se faire avec rigueur, dans la mesure où certaines circulaires du ministère de l’Education ne sont pas appliquées à la lettre par certains chefs d’établissements.
Les infrastructures existantes sont-elles adaptées pour prendre en charge les élèves en situation de handicap ? Le personnel de l’Education nationale est-il formé dans ce sens ?
La loi en vigueur exige que tout cahier des charges inhérent à la construction d’établissements scolaires intègre l’accessibilité des élèves à besoins spécifiques. En évitant, par exemple de construire des classes trop en hauteur. Toutefois, de nombreuses écoles ne sont pas en conformité et ce, malgré les nombreuses directives de la tutelle allant dans ce sens, mais les choses avancent dans la bonne direction.
Outre, les établissements, il faudrait, par ailleurs, adapter le mobilier scolaire au profit des enfants en situation de handicap avec l’installation de tables plus appropriées. Dans ce même ordre d’idées, il serait intéressant de mettre en place au sein du ministère de l’Education nationale, un département chargé de l’insertion scolaire de ces enfants. Ce département aura pour mission de s’occuper des équipements, de l’accueil des enfants souffrant de handicaps ainsi que la formation des enseignants. La cellule pourra également installer dans chaque direction de wilaya de l’éducation des commissions pluridisciplinaires ad hoc pour travailler sur ces questions.
L’intégration inclusive des enfants handicapés au niveau de l’école publique a-t-elle pu être réalisée ?
Votre question est intéressante. L’école inclusive est un idéal à atteindre. Il s’agit d’un principe qui permet d’englober l’ensemble des élèves quelles que soient leurs différences et de garantir l’égalité des chances. Ainsi, en se dirigeant vers une école inclusive cela permettra de mieux prendre en charge les différences induites par une situation de handicap. Lorsque l’on parle de handicap, il y a des pathologies moins connues à l’image de la dyslexie et de l’autisme. Enfin, il serait intéressant que la tutelle organise des journées d’immersion pour casser les préjugés entre élèves à propos de la différence. Les derniers jeux paralympiques ont eu un effet intéressant en créant un déclic attendu quant à l’importance de la prise en charge de cette frange de la population.
S. K.
///////////////////////////////////////
- La rentrée scolaire au temps de la Covid : L’exigence d’une organisation sans faille
- Fournitures scolaires : Disponibles, mais à quels prix ?
- Association des Parents d’élèves et Cnapeste : «Faire de cette rentrée une réussite»
- Nachida Boulenouar, psychologue-pédagogue, à El Moudjahid : «Ne pas dramatiser»
- Enfants à besoins spécifiques : Rattraper le retard dans la prise en charge
- Atika Mameri, présidente de la fédération algérienne des personnes handicapées, à El Moudjahid : «L’école inclusive, un idéal à atteindre»