Opéra d’Alger : Vibrant hommage à «Amirate etTarab»

Ph.:Billal
Ph.:Billal

Lors de cette soirée-hommage, l’excellent groupe et la voix poignante de la grande chanteuse Nada Rayhane ont présenté une mosaïque des plus grands titres du répertoire de Warda Al Jazairia (1940-2012), devant un public venu très nombreux. Placée sous l’égide du ministère de la Culture et des Arts, cette soirée commémorative a été rehaussée par la présence de la ministre de la Culture et des Arts Soraya Mouloudji, des membres de sa famille et de ses proches. Au cours d’un discours qu'elle a prononcé à cette occasion, la ministre de a mis en exergue ce que Amirate Tarab a donné à l'Algérie à travers sa production artistique, qu’elle a présentée tout au long de sa carrière, «d’autant plus que nous approchons des années soixante, de la restauration de la souveraineté nationale, et elle a interprété de nombreuses chansons nationales en soutien à la Révolution algérienne», dira Soraya Mouloudji, qui ajoute : «Elle a poursuivi sa créativité et son soutien à la Révolution algérienne» ; elle a donc commencé à sortir des chansons de soutien à la Révolution telles que «Djamila Bouhired» et «Je suis d’Algérie, je suis une Arabe», et a continué à ce rythme même après la restauration de la souveraineté nationale, et la commémoration du dixième anniversaire de l’Indépendance. La ministre de la Culture a rappelé qu’après «l’indépendance de l’Algérie, elle a également participé à de nombreuses fêtes nationales, en plus de sa dernière œuvre, qui est la chanson «Still Standing», à l'occasion du cinquantenaire de l'Indépendance de l'Algérie». Cette soirée a été animée par l’orchestre symphonique de l’Opéra d’Alger, sous la houlette de Kamel Maati et des artistes qui ont défilé sur la scène de la prestigieuse salle. Il s’agit de Nada Rayhan qui a majestueusement interprété «Fi youm we lila», «Ayam». Randa Sayah a chanté «Haramt ahibak» ; «Min Baâid» et «Akdib âalik» ont été interprétées par Amel Sekak, alors que Nassima Chams a interprété «Ismaouni». Kanza Morsli a choisi les titres «Ouyoune soud» et «Layalina». Appelant les artistes de la génération actuelle «à suivre la même démarche et impact», la ministre a rendu un hommage à la famille de Warda El Djazaïria, représentée par son fils, et ce, à la fin de cette cérémonie. En plus de cinquante années de carrière entrecoupées de retraits, dont neuf longues années de silence pour cause de mari jaloux, la grande diva arabe a interprété près de 300 chansons et vendu quelque vingt millions d’albums et cassettes à travers le monde. Comme Abdel Halim Hafez, elle aura révolutionné l’ordre établi en transformant ses prestations en shows où elle bougeait, souriait et communiquait avec l’assistance. Mieux, elle fut celle qui chanta le patrimoine arabe dans son ensemble en réussissant la jonction Maghreb-Machrek et en appliquant, avec talent, la pertinente formule de Mohamed Abdel Wahab, le bon génie qui l’avait encouragée à ses débuts. Avec Faïrouz, Warda El Djazaïria est la «dernière légende» d’une époque fastueuse qu’elle perpétua à sa manière, disons impériale. Née à Paris d’un père algérien et d’une mère libanaise, la future diva cultive dès son enfance une sensibilité particulière pour la musique orientale. Elle se fait connaître très jeune dans le style classique, notamment par la reprise des chansons des plus grands artistes des années 1950, à l’instar d’Oum Kalthoum ou de Mohamed Abdelwahab. Après un début de carrière difficile pendant les années 1960 en raison de son premier mariage, elle s’installe en 1972 en Égypte pour se consacrer définitivement à sa passion. C’est là qu’elle rencontre Baligh Hamdi, compositeur de génie, avec lequel elle forme un duo d’anthologie. Avec lui, Warda El Djazaïria entonne ses plus belles chansons et connaît véritablement la consécration. À mi-chemin entre le «tarab» et la pop, leurs mélodies arrivent comme une bouffée d’air frais chez un public arabe en attente de renouveau.

Sihem Oubraham

Sur le même thème

Multimedia