De notre bureau Fouad DAOUD
La wilaya de Bordj Bou-Arréridj compte un patrimoine très riche. Témoin de l’histoire de la wilaya, ce patrimoine comporte des formes matérielles comme les vestiges, les objets utilisés par les anciens ainsi que les traditions et coutumes dont certaines perdurent jusqu’à maintenant. L’une de ses coutumes est la célébration de Yennayer que certains appellent l’‘‘année arabe’’ ou encore ‘‘la saison agricole’’ en référence au passé de l’activité qui occupait l’essentiel de la population locale. L’adoption de la date comme jour férié a fait de la journée une fête à la fois officielle et populaire. Cette communion a donné à Yennayer un air grandiose qui a été perpétué cette année également. Si la célébration officielle a eu lieu dans la commune de Harraza, un haut lieu de ce patrimoine, justement la fête populaire a couvert toutes les communes de la wilaya. Des expositions des objets évoqués comme les ustensiles de cuisine qui continuent de charmer beaucoup d’habitants, comme le montre les magasins ouverts à cet effet, mais aussi des concours de plats traditionnels ont été organisés à travers la wilaya. Ces plats qui faisaient le bonheur des anciens ont fait plaisir aux nouvelles générations grâce à leurs valeurs nutritives et même leurs propriétés énergisantes très appréciées durant cette période de grand froid. Ce froid qui est synonyme de pluie et de neige nécessaires pour l’activité agricole que Yennayer rehausse, n’a pas empêché les habitants de la wilaya de se déplacer vers les lieux d’exposition. Certains étaient vêtus à l’ancienne de kachabias et de burnous comme pour participer, eux aussi, à la présentation des tenues traditionnelles qui étaient de rigueur à l’époque. Les femmes, qui ont tenu à montrer ce que leurs mères et grands-mères arboraient, expliquaient aux visiteurs que ces habits alliaient fonctionnalité et esthétique. Selon la beauté, des tenues qui n’avaient rien à envier à celles des habitantes qui se maquillaient à leur façon donnant plus de grandeur aux créations de leurs mains. Leurs descendantes qui ont pris sur elles de maintenir ces traditions ont fait de cette occupation, une activité professionnelle qui leur rapporte de quoi subvenir aux besoins de leurs familles. Il faut dire que ce n’est pas nouveau chez les Algériennes qui faisaient même de l’agriculture, comme l’ont rappelé certaines exposantes qui ont rapporté ce que la terre leur a donné comme fruits ou légumes dont des figues et des olives qui sont répandues dans nos montagnes. Cet attachement à la terre est si fort que les anciens, tout comme les nouveaux, tiennent à l’exprimer par des poèmes, des chants ou des danses qui font partie des mêmes richesses, même si ces derniers ont un aspect culturel. Là aussi la beauté du verbe rejoint celle des pas des danseurs et des airs musicaux donnant une ambiance de fête à l’événement.
Cette joie ne date pas d’aujourd’hui
Les anciens, qui savaient saluer chaque fait à sa mesure, montraient leur joie pour la venue de la saison qui doit leur apporter des bienfaits certains. La pluie et la neige attendues en début d’année apportent avec eux la fertilité nécessaire aux champs. Toutes ces valeurs qui étaient sur toutes les discussions à Djaafra, El Maien Zemmoura, Medjana, El Hamadia, El Euch et Khelil pour ne citer que ces communes ont uni la wilaya autour d’une même cause et une seule opportunité. Les meilleurs vœux pour une bonne année agricole en plus de toutes les réussites voulues. C’est que la wilaya, qui a enregistré ces derniers jours une quantité importante de pluie et de neige, voit le spectre de la sécheresse s’éloigner. Les paysans qui avaient terminé de labourer et ensemencer leurs terres espèrent avoir une bonne récolte. Autant dire que l’évocation des traditions des aïeux leur a porté chance.
Seule Harraza est sortie du lot
L’espoir d’une bonne année était présent ainsi que la présentation du legs des anciens. Ses habitants qui savent comment accueillir leurs invités ont montré une hospitalité certaine aux autorités locales qui se sont déplacées dans la commune pour fêter l’événement. Mais ils n’ont pas raté l’occasion pour parler du développement local de la région. Le wali de Bordj Bou-Arréridj, M. Kamel Nouisser, qui a présidé la délégation qui s’est rendue dans la localité qui se trouve à l’ouest de la wilaya, a reconnu la nécessité d’accorder une attention particulière à cette commune qui manque de beaucoup de choses. Si nous avons choisi cette localité, qui a apporté beaucoup pour le pays même durant la Révolution, c’est pour donner la possibilité aux différents responsables de s’enquérir de la réalité sur place. Le wali de Bordj Bou-Arréridj, qui a rappelé quand même toutes les réalisations dont la localité a bénéficié, a mis en exergue l’obligation de travailler avec les élus locaux et le mouvement associatif local pour satisfaire les besoins de la population que ce soit pour les routes, la santé ou l’éducation même s’il a noté que le désenclavement de la région reste la principale préoccupation . Autant dire que Yennayer ne sert pas à se remémorer le passé. Il est un moyen pour conforter le présent et préparer le futur.
Les anciens n’avaient pas tort
La célébration passée, ils se levaient tôt pour travailler la terre. Yennayer est une fête d’espoir et surtout de travail.
F. D.