C’est dans le cadre d’une «urgence climatique de plus en plus tangible», que s’est tenu, hier, un un séminaire à l’École Nationale d’Administration (ENA).
Placé sous le thème «La prévention des risques d’inondation dans le cadre de l’adaptation au changement climatique», ce séminaire a été inauguré par deux membres du gouvernement, et plusieurs responsables de différentes institutions, signe de la priorité absolue accordée à cette problématique par les plus hautes sphères de l’État. Lors de l’ouverture des travaux de cette manifestation scientifique, la ministre de l’Environnement et de la Qualité de la vie, Kaouter Krikou, a plaidé pour une approche «intégrée et coordonnée» visant à renforcer la résilience de l’Algérie face aux risques environnementaux exacerbés par les aléas climatiques. Aux côtés du ministre de l'Hydraulique, Taha Derbal, et de Natasha Van Rijn, représentante résidente du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) en Algérie, la ministre a qualifié cette rencontre de «plateforme nationale de dialogue essentielle», indispensable pour bâtir une réponse collective fondée sur la planification stratégique et l’intégration institutionnelle. L’Algérie figure parmi les pays «les plus exposés aux phénomènes climatiques extrêmes», a rappelé Mme Krikou, soulignant ainsi l’urgence de «développer des dispositifs robustes de prévention et d’adaptation». La ministre a réaffirmé l’engagement de l'Algérie, inscrit dans les cadres internationaux, tels que l’accord de Paris, à renforcer ses capacités d’adaptation et à poursuivre un développement durable, tout en appelant à une solidarité internationale soutenue. La stratégie nationale d'adaptation s’articule, explique Mme Krikou, autour de quatre axes majeurs, notamment la sécurité hydrique, placée sous le signe de la diversification des ressources, avec un développement accru du dessalement de l’eau de mer comme ressource stratégique. La gouvernance climatique, avec un renforcement de l’arsenal juridique, illustré par la loi n° 24-04 sur la prévention et la gestion des risques de catastrophes. Également la protection du cadre de vie, notamment à travers le projet de réhabilitation et d’extension du barrage vert, «modèle appelé à être étendu au niveau arabe sur décision du conseil des ministres arabes de l’Environnement», affirme la ministre, ajoutant que parmi les axes, figure «l’urbanisme résilient, qui mise sur l’intégration systématique des espaces verts dans les politiques d’aménagement urbain, afin d’améliorer la résilience écologique des villes». Mme Krikou a annoncé la finalisation imminente, en collaboration avec le PNUD, du Plan National d’Adaptation (PNA), «un cadre opérationnel destiné à incorporer pleinement l’adaptation climatique dans toutes les politiques sectorielles», affirme-t-elle.
T. K.
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Taha Derbal, ministre de l’hydraulique : «un plan d’action structuré adopté»
Face à l’intensification des phénomènes climatiques extrêmes, notamment les inondations soudaines, le ministre de l'Hydraulique, Taha Derbal, a annoncé un plan d’action structuré, pour renforcer la prévention et la gestion des risques d’inondation à l’échelle nationale. M. Derbal a souligné que les changements climatiques ont accru la fréquence et la violence des précipitations, exposant plusieurs régions du pays à des crues rapides. Ces nouvelles réalités mettent en évidence les limites des modèles traditionnels de prévision. En réponse, le secteur de l’Hydraulique est dans l'obligation d'adopter des «modèles actualisés et flexibles», appuyés sur des technologies modernes pour la prévision et l’alerte précoce. Le plan d’action comporte deux axes majeurs. Le volet organisationnel se matérialise par l’instauration d’un cadre juridique global, incarné par la stratégie nationale de prévention et de gestion du risque d’inondation, adoptée en novembre 2020. Cette stratégie a permis une cartographie précise des 865 sites à risques répartis sur plusieurs wilayas. Elle a également abouti à l’élaboration et au lancement de 16 plans locaux de prévention, dont 14 sont en cours d’élaboration. Sur le plan opérationnel, des projets de terrain sont déjà en cours, pour protéger les populations et les villes vulnérables. 12 projets ciblant la protection de 9 wilayas sont inclus dans le projet de loi de finances pour 2026. Ces interventions comprennent l’aménagement des oueds, la construction ou la réhabilitation d’ouvrages d’évacuation des eaux pluviales, ainsi que la mise en place d’études hydrologiques spécifiques.
T. K.
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Natasha Van Rijn, représentante résidente du PNUD : «l’Algérie, leader dans la lutte contre les changements climatiques»
Dans un contexte marqué par une urbanisation rapide et des changements climatiques de plus en plus marqués, Natasha Van Rijn, la Représentante résidente du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) en Algérie, a souligné l’importance cruciale du Plan national d’adaptation (PNA), pour renforcer la résilience du pays. Les inondations, qui représentent l’un des risques climatiques majeurs pour l’Algérie, révèlent une vulnérabilité systémique, liée, notamment, à la gestion complexe de l’eau, à l’imperméabilisation des sols et à l’insuffisance de données locales intégrées dans les politiques publiques. Face à ces défis, Mme Van Rijn insiste sur la nécessité de faire de la prévention une priorité absolue, en intégrant pleinement le PNA dans la planification nationale. Le PNA vise à doter l’Algérie d’un cadre stratégique national solide, fondé sur la science, une coordination intersectorielle efficace et un renforcement des capacités locales. Mme Van Rijn affirme que l’Algérie «réunit ces trois éléments, et agit, désormais, dans une logique d’anticipation plutôt que de réaction». Sur le plan régional, «cette dynamique positionne le pays en leader dans la lutte contre le changement climatique en Méditerranée et en Afrique du Nord», plaidant pour une action concertée et multisectorielle dépassant les frontières administratives.
T. K.