Une croissance partagée

Directrice de «West Central Africa», Linda Benkacem affirme à El Moudjahid que la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), qui compte 54 signataires, «présente une opportunité exceptionnelle de développement pour chaque pays impliqué».
En effet, affirme la même responsable, «faciliter les courants d’affaires et les échanges de marchandises et services entre pays du continent africain, grâce, entre autres, à la réduction des droits de douane entre membres, représente un accélérateur de croissance inouï». La création de ce marché à l’échelle d’un continent «offre à l’Algérie une carte à jouer pour la diversification de son économie, la création de nouvelles industries, un rééquilibrage de son commerce extérieur et surtout la possibilité d’affirmer un rôle plus stratégique pour peser sur la scène africaine et mondiale». Pour notre interlocutrice, «une Afrique forte et compétitive, qui regorge de toutes les matières premières, ouvre les champs des possibles et présage d’une réorganisation des marchés mondiaux».
De son côté, Abderrahmane Hadef, économiste, souligne que ces zones franches sont considérées comme des «instruments d'industrialisation et aussi de promotion des exportations, à travers l'attractivité des investissements productifs, principalement sous forme d’investissements directs étrangers». Ces zones, «généralement, bénéficient de régimes spéciaux en termes de fiscalité (impôts et douanes) et du droit de travail. Elles permettent de capter des investissements permettant le transfert technologique et aussi l'amélioration de l'intégration dans les chaînes de valeurs mondiales». Pour l'Algérie, qui a entamé une transformation de son modèle de croissance économique, à travers une diversification de ses capacités de production et la promotion des exportations hors hydrocarbures, l'amélioration du climat d’affaires et la création des zones franches au niveau des wilayas frontalières, argumente le spécialiste, «s'inscrivent à la fois le cadre de son projet de transformation économique, en s'ouvrant vers le partenariat international, notamment vers la dimension africaine». Cet élan marque aussi «l'engagement de l'Algérie pour une intégration économique africaine, selon l'agenda de l'Union africaine 2063». La création de ces espaces «permettrait le lancement de projets d'investissement productifs complémentaires entre l'Algérie et ces pays dans des secteurs tels que l'agro-alimentaire, le pharmaceutique, l’électronique, l'électroménager et l’énergie».
Ces zones franches «constituent d'excellentes instruments pouvant contribuer à accélérer la mise en œuvre de l'accord continental sur le libre-échange (ZLECAf), qui ambitionne de porter les échanges commerciaux interafricains à hauteur de 50% à l'horizon 2063, alors qu'ils ne dépassent pas les 15% actuellement».
Sur ce sujet, Yacine Madouche, enseignant à l’université de Tizi Ouzou, estime que cette création «ne peut être que bénéfique et va répondre à plusieurs enjeux dans la région». Il a cité «l’enjeu géostratégique et sécuritaire dans le Sahel, l’enjeu économique en termes d’attractivité des pôles des échanges commerciaux entre les pays et l’enjeu social de création d’emploi aux populations locales».
Ce consultant en management s’interroge sur les interactions spatiales à tisser à partir et vers ces différentes zones franches, depuis l’échelle locale (zones frontalières) jusqu’à l’échelle continentale, voire mondiale. Et de se poser la question, au sujet de leur efficacité économique. À cet égard, les zones franches «apparaissent comme des outils et des leviers importants, voire décisifs, pour entrer dans la spirale vertueuse du développement». L’Algérie, enchaîne-t-il, «constitue la porte de l’Afrique au sens commercial et économique pour les grandes entreprises des espaces européen et asiatique». En effet, ces zones franches «peuvent jouer un rôle important dans les pays d’accueil en matière de création d’emplois nouveaux, principalement dans l’industrie, via la sous-traitance internationale et de formation de la main-d’œuvre, de diversification de l’économie par la création et la structuration de nouvelles filières d’activités, et des exportations, de transferts de technologie ou encore d’apport de principales devises».

Fouad Irnatene

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