
Le professeur et spécialiste de droit constitutionnel à l'université M'hamed-Bouguerra de Boumerdès, Said Oucif, explique, dans sa lecture des résultats préliminaires annoncés par l'Autorité nationale indépendante des élections (ANIE), que le taux de participation de 23% est en nette régression par rapport aux législatives de 2017 où l'on avait enregistré un taux de 35,3%.
Les indépendants s'imposent en tant que seconde force politique dans le pays, derrière le FLN qui a obtenu 105 sièges contre 161 sièges lors des législatives de 2017. Juste après, on retrouve le Mouvement de la société pour la paix (MSP) de Makri avec 64 sièges.
Outre le recul du Rassemblement national démocratique (RND), l'universitaire souligne que la représentation féminine est à hauteur de 8,3% dans la nouvelle composante de l'APN, soit 34 des 407 sièges, alors qu'en 2017, les femmes avaient accaparé 119 sièges (25,7%), il est vrai avec l’aide du système des quotas imposés.
S'agissant de la formation du gouvernement à l'issue des élections, le constitutionnaliste rappelle que l'article 103 de la Constitution stipule que le gouvernement est dirigé par un Premier ministre lorsqu’il résulte des élections législatives une majorité présidentielle. Si ce n’est pas le cas, c'est-à-dire en cas de majorité parlementaire, le même article indique que le gouvernement serait dirigé par un Chef de gouvernement. Le même article note également que le gouvernement se compose du Premier ministre ou du Chef de gouvernement, selon le cas, et des ministres qui en sont membres. «Or, explique-t-il, ces élections n’ont pas abouti à une majorité parlementaire qui permette à une formation politique de diriger seule le gouvernement, il est probable donc que le prochain gouvernement soit un gouvernement d’union formé par une coalition de partis et de listes indépendantes qui œuvrera à l'exécution du programme du chef de l'Etat».
Quoi qu'il en soit, le Pr Oucif estime que la prochaine Assemblée ainsi que le nouveau gouvernement auront une «lourde tâche» pour assurer un nouveau départ sur le plan institutionnel et de la pratique démocratique, notamment dans un contexte marqué par des menaces sécuritaires aux frontières du pays.
Sans oublier l’importance de préserver le caractère social de l'Etat à travers la promulgation de lois à même de «ne pas éroder davantage» le pouvoir d’achat du citoyen via, par exemple, l’imposition de nouveaux impôts, au sortir de la crise sanitaire et économique.
Tahar Kaidi