Un agenda chargé attend les députés : Les défis de la prochaine APN

Analystes et politologues s'accordent à dire que la chambre basse du Parlement issue des législatives du 12 juin aura le droit de contrôler l’action du gouvernement et de mettre les ministres sous la loupe, de même qu’elle pourra proposer des lois. Ils s'attendent également à ce que l'agenda politique de l’APN soit riche en débats autour des lois organiques émanant de la nouvelle Constitution, outre l'installation de commissions d'enquête sur des affaires d'actualité. «La composition de la prochaine Assemblée nationale sera différente de celles qui l'ont précédées grâce à la légitimité populaire dont disposent les nouveaux députés, ce qui leur procure une grande confiance et la capacité de s'acquitter de leurs tâches parlementaires de manière libre et indépendante, notamment en matière de contrôle et de législation, contrairement aux anciens députés accusés de subornation au pouvoir», estime le docteur Hocine Kadri qui explique que la formation parlementaire résultant de ces élections révèle l'absence d'une majorité partisane, ce qui constitue une première. La nature de cette composante fait qu’elle réduit l'agenda politique du prochain Parlement à la seule mise en œuvre du programme du président de la République, «car la loi est claire» à ce sujet.
Dans le cas où aucune formation politique n'obtient une majorité confortable à l'APN, la question conduirait inévitablement à mettre en œuvre le programme du Président, surtout que tout porte à croire que «nous allons vers la nomination d’un Premier ministre, au lieu d’un Chef de gouvernement».
L’analyste politique note que le législateur a prévu ce vide juridique afin que les expériences d'autres pays ne se reproduisent pas en Algérie, à l'image de ce qui s'est passé en Tunisie où l’on a constaté la chute de nombreux gouvernements en un laps de temps très court. «Les représentants de la neuvième législature vont faire face à une véritable épreuve. Ces derniers représentent la classe populaire qui leur a accordé sa confiance. Le pouvoir se retrouvera dans l'obligation de traiter avec les nouveaux élus de la nation. Nous sommes face à une relation complémentaire entre le Parlement et le gouvernement, réussira-t-elle? La réponse à la question sera connue dans les prochains jours».
Pour sa part, le politologue Laïd Zaghlami considère que l'agenda politique de la prochaine législature sera riche au vu du nombre de projets attendus, à commencer par le débat sur les lois organiques qui doivent être actualisées conformément aux dispositions de la nouvelle Constitution, à l’instar des textes relatifs à la création de la Cour constitutionnelle, à l'indépendance de la justice et à la séparation des pouvoirs. «Après avoir tranché sur la question de la formation du gouvernement, qu'il s'agisse d'une majorité présidentielle ou parlementaire, les députés procéderont directement à l'examen de l'ensemble des projets qui viennent de l'Exécutif ou qu'ils proposent».
De son côté, l'enseignant en sciences politiques et relations internationales, Mohamed Lamine Mestak, affirme que le prochain Parlement sera confronté à un «véritable défi» puisque depuis la création de cet organe de contrôle, il n'a pas été «suffisamment efficace», son rôle se limitait à faire passer les projets du pouvoir exécutif. «En conséquence, les nouveaux députés sont tenus d'activer leur mission de contrôle et de suivre le travail du gouvernement. Dans le passé, le Parlement n'avait pas le pouvoir législatif, qui était exclusif au pouvoir exécutif. Aujourd'hui, 75% du Parlement est de niveau universitaire, il aura à activer le rôle parlementaire en annulant le processus de vote à la main qui doit être secret, car le vote public représente une forme de dictature». Il évoque le problème de l’absentéisme qui doit être reconsidéré en obligeant le député à assister aux plénières. Pour le politologue, l'agenda politique sera bien rempli, notamment en ce qui concerne les lois organiques qui doivent être amendées conformément à la nouvelle Constitution. «Nous allons donc voir plusieurs lois sur la table des nouveaux représentants dans les semaines à venir, dont celles sur les médias, les partis et les associations».
Salima Ettouahria

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