Transport maritime : l’Algérie lève l’ancre vers l’Afrique

Dans un contexte économique mondial en pleine mutation, l’Algérie réaffirme sa volonté de reconquérir sa dimension maritime et de se positionner comme le pivot logistique incontournable du continent.

C’est le message fort qui a émané de la conférence internationale sur l’économie maritime, tenue ce jeudi à Alger. Placée sous le thème évocateur de «L’Économie maritime au service de l’intégration africaine ; connectivité, investissements et gouvernance durable pour la réussite de la ZLECAF», cette rencontre a réuni un parterre d’experts, d’investisseurs et de gestionnaires portuaires venus débattre de l’avenir bleu de l’Afrique.

L’enjeu est de taille : réussir la mise en œuvre effective de la Zone de Libre-échange Continentale Africaine (ZLECAF). Pour y parvenir, l’Algérie mise sur sa géographie et ses infrastructures. Le président du World Trade Center Algiers (WTCA), boite organisatrice de l’événement, a planté le décor en qualifiant l’Algérie de véritable «pont logistique naturel» entre l’Europe et l’Afrique.

«La transformation est déjà en marche. Loin d’être une simple vue de l’esprit, l’ambition algérienne s’appuie sur des projets concrets de modernisation et, surtout, de digitalisation des procédures portuaires. Pour réussir, l’Afrique doit renforcer ses liaisons maritimes et logistiques internes», a insisté Ahmed Tibaoui pour qui, l’objectif est de fluidifier les échanges pour attirer les investissements directs étrangers (IDE). Au-delà du transport, c’est toute la chaîne de valeur de l’économie bleue qui est ciblée. Pêche, aquaculture, protection des écosystèmes, les opportunités de diversification économique sont immenses. Le président du WTCA a d’ailleurs rappelé l’importance des projets menés avec l’Union européenne pour moderniser la filière halieutique, un levier essentiel pour la résilience alimentaire et la création d’emplois durables.

Cette dynamique d’ouverture suscite l’intérêt des grands acteurs mondiaux. Kirsten Raeymaekers, représentante du port d’Anvers-Bruges International, a apporté un éclairage international sur le potentiel algérien. Relayant l’engagement du ministère des Affaires étrangères belge, elle a plaidé pour des partenariats «concrets» basés sur le partage d’expertise. Le géant portuaire belge ne cache pas son intérêt pour l’Afrique du Nord, zone stratégique par excellence. La coopération envisagée dépasse le simple cadre commercial pour toucher au cœur les défis actuels, la formation, la gouvernance portuaire, et surtout, la transition énergétique et la digitalisation. Pour Mme Raeymaekers, la clé de la réussite réside dans le renforcement des partenariats public-privé, seuls capables d’assurer une connectivité durable et compétitive.

Toutefois, pour que cette ambition se traduise en parts de marché, un diagnostic lucide sur l’état des infrastructures s’impose. Les intervenants nationaux n’ont pas éludé les défis structurels. Le président de l’Association des agents maritimes algériens (APAMA), Mouloud Belaid, a rappelé, de son côté, l’urgence de sécuriser les routes maritimes et de faciliter les échanges pour donner corps au commerce intra-africain. Pour lui, sans un système maritime intégré, la transformation économique du continent restera lettre morte. Le constat le plus tranchant est venu du président de «MARMEDSA BEMARINE».

Avec un franc-parler technique, Abdallah Seriai a mis le doigt sur le décalage technologique qui menace la compétitivité nationale. «Les ports algériens sont dépassés par l’évolution des navires», a-t-il alerté. Absorbés par une gestion quotidienne souvent complexe, les infrastructures portuaires n’ont pas suffisamment anticipé le gigantisme naval observé entre les années 1980 et 2000. L’augmentation des tirants d’eau et des capacités de chargement des navires modernes impose aujourd’hui une mise à niveau urgente des terminaux algériens.

M. M.

Sur le même thème

Multimedia