Des citoyens et des analystes ont accueilli favorablement la décision de rompre les relations diplomatiques avec le Maroc, tout en expliquant que ce pays est devenu la franchise diplomatique de forces extrarégionales. Il est ajouté que l’Algérie a pris cette décision dans le cadre de la protection de la souveraineté nationale contre toute tentative d’agression de quelque partie que ce soit, car de nombreuses forces veulent semer le désordre dans la région.
Chouaïb Guemaz, chercheur à l’université de Batna
«Le Makhzen ne veut pas de relations transparentes»
Entretien réalisé par Tahar Kaidi
Politologue et chercheur à l'université de Batna, Chouaïb Guemaz explique, dans cet entretien, que le makhzen est devenu la franchise diplomatique de forces extrarégionales.
El Moudjahid : Quelle lecture faites-vous de la décision de rompre les relations diplomatiques avec le royaume chérifien ?
Chouaib Guemaz : État souverain, l'Algérie poursuit une politique étrangère réaliste. Il faut comprendre que pour chaque action il y aura toujours un feed-back. La décision de l'Algérie est souveraine et elle est le résultat de plusieurs facteurs accumulés au fil des années. En fait, le Makhzen œuvre à bloquer le processus d'établissement de relations transparentes avec l'Algérie. Les relations internationales sont déterminées par la défense d'intérêts multiples. Dans le cas où émerge un conflit, les États hissent la sécurité et la souveraineté à l’ordre des priorités. C'est dans ce sillage que l'Algérie a décidé de prendre cette décision. Il faut rappeler que notre pays a subi et supporté longtemps les agressions du Makhzen, à travers ses lobbies et sa diplomatie agressive.
Y a-t-il un rapport entre la normalisation des relations entre Rabat et Tel Aviv et le fait que l’Afrique du Nord et le Sahel soient confrontés à des bouleversements sécuritaires ?
Israël s'est tourné vers des guerres par procuration dans le cadre d'une stratégie du chaos. Il est important de préciser que l'entité sioniste évite scrupuleusement toute confrontation directe au profit d'une guerre et d'un désordre asymétrique à travers le financement et le recrutement de groupes terroristes.
Le scandale Pegasus illustre le fait qu'Israël veut à tout prix semer le désordre dans la région. La décision d'Alger est motivée par un souci logique de préservation de la sécurité nationale. L'Algérie est le pays qui respecte ses constantes.
La rupture des relations diplomatiques aura-t-elle des conséquences sur la coopération au sein de l'UMA et des 5+5 ?
Pour l'UMA, il y a ce que je qualifie de «coûts de la non-intégration». Ces coûts sont dus notamment à la différence de la nature des systèmes politiques dans la région, et le peu d'ancrage de la culture démocratique au sein des organismes de coopération. À tout cela s'ajoute le facteur principal de l'affaiblissement de ces mécanismes de coopération : la poursuite par le Maroc d'une politique d'instrumentalisation de l'UMA pour légitimer ses positions par rapport à l'affaire du Sahara occidental. L'Algérie cherchait à renforcer l'UMA comme mécanisme de coopération et d'ouverture économique et politique pour un regroupement régional solide.
Il est à noter que pour l’Algérie, les droits des citoyens seront préservés en dépit de désaccords politiques.
T. K.
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Sétif
«Ces pratiques ne datent pas d’hier»
Abdelhamid , 77 ans : «Ces pratiques ne datent pas d’hier et me ramènent à 1963, lorsque l’Algérie qui venait à peine de sortir d’une guerre sanglante pour arracher son indépendance au prix fort de 1.500 000 martyrs, se faisait attaquer par ce même pays sans penser qu’il allait, par de tels actes que l’on ne pourra pas oublier, consolider l’unité des Algériens et la vérifier une fois encore à ses dépends près de 40 ans après.»
F. Zoghbi
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Sidi Bel-Abbès
Kourdaci Hadj Mohamed, mouvement associatif
«à point nommé… »
«On ne peut que soutenir cette décision qui intervient à point nommé devant les dépassements du régime marocain et ses tentatives de déstabilisation de notre pays. La conférence de presse animée par le ministre des Affaires étrangères et de la Communauté algérienne à l'étranger était digne d’intérêt pour justifier une telle position et relever la mauvaise foi de la monarchie. L’Algérie, au nom du bon voisinage, a trop subi les affres de l’hostilité marocaine et les sautes d’humeur de ses dirigeants pour supporter encore ces dépassements. La limite a été atteinte à la suite de cette énième provocation, de surcroît s’agissant d’une atteinte à l’intégrité du territoire national libéré par le sang des martyrs. J’invite ce régime à prendre connaissance de l’élan de solidarité nationale perçu lors des incendies de forêt et de s’informer des liens renforcés entre les composantes de ce peuple. Un peuple qui demeure intransigeant lorsqu’il s’agit de sa souveraineté et de son union.
Feraoun Belhadj, citoyen
«Une décision salutaire»
«Le bon voisinage repose sur la volonté des deux pays riverains. Sans cela, tout s’écroule. Le Maroc a fait toujours preuve d’hostilité et d’animosité envers l’Algérie et plus encore depuis la normalisation de ses relations avec l’Etat sioniste en exécutant à la lettre une feuille de route dans la perspective de déstabiliser notre pays. Ça ne pouvait plus continuer et la patience a des limites. J’adhère totalement à la démarche de rupture qui va mobiliser davantage le peuple algérien aujourd’hui conscient des menaces pour s’unir autour de ses institutions. Quelles que soient les difficultés du quotidien, l’intégrité de l’Algérie est une ligne rouge à ne pas franchir. Les provocations du régime marocain ne font que raffermir les liens entre la nation plus que jamais déterminée à défendre ses valeurs d’union, de solidarité et d’authenticité. C’est là une conviction née d’une lutte de 132 ans menée à l’indépendance.
A. Bellaha
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Béjaïa
Saoudi Mohamed, enseignant
«Les principes de l’Algérie»
L’Algérie a longuement supporté les frasques du Makhzen qui s’est distingué par son hostilité envers elle qui n’a jamais renoncé à ses principes de soutien aux peuples en lutte pour leur souveraineté. L’Algérie a toujours soutenu la Palestine et elle continue à le faire. Pour cette raison, elle n’a jamais eu de représentation de ce pays en Algérie, mais voilà que le Maroc lance des accords économiques et diplomatiques avec Israël. Plus que ça, il s’est transformé en tribune pour que le pays hébreux s’attaque à l’Algérie à partir d’un pays censé être voisin et frère. L’Algérie a soutenu le Sahara occidental exploité et dominé par le Maroc qui revendique sa paternité. A ces comportements indignes et irresponsables du roi du Maroc qui s’attaque à l’Algérie pour masquer la précarité et le malvivre de son peuple, l’Algérie a répondu par la diplomatie, que les faux fuyants sont incompatibles avec les orientations du président de la République qui veille sur l’unité du Maghreb mais aussi des pays voisins. Le peuple marocain qui vit le marasme économique saura que le jeu hypocrite de son roi par des discours trompeurs ne restera pas impuni de l’intérieur mais aussi de l’extérieur. Le soutien à deux organisations terroristes qui ont mis en feu l’Algérie ne restera pas impuni. La politique du roi en direction de notre pays a été démasquée et l’Algérie ne renoncera jamais à ses principes. Elle défendra courageusement sa souveraineté et sa position sur l’échiquier international.»
Hassam Sabiha
«ligne rouge !»
« Nous sommes fiers et nous soutenons indéfectiblement la décision sage du président de la République de rompre les relations diplomatiques avec le Maroc qui guette de près le développement et la stabilité de notre pays et qui utilise toutes les fourberies pour tromper son peuple avide de liberté et de prospérité. Notre diplomatie a prouvé cette fois par sa sagesse et surtout la longue expérience du ministre des Affaires étrangères que toucher aux intérêts de l’Algérie est une ligne rouge à ne pas franchir. La fermeture des frontières n’a pas servi de leçon au Maroc qui a inondé le marché de drogues et soutenu des associations terroristes constituées de traîtres au pays. C’est franchir le cap de l’intolérable.»
Moussaoui Salim
«l’Algérie dérange»
«Le roi du Maroc a hérité de la politique de son père qui ne respecte jamais ses voisins. La trahison du roi a prouvé encore une fois que l’Algérie dérange énormément le Makhzen. Alors qu’il cherche à tromper son peuple à travers des discours malveillants en annonçant l’unité du Maghreb et la préservation de relations fraternelles avec notre pays, le roi du Maroc s’est enfoncé dans un tunnel sans issue en permettant à Israël de s’attaquer à nous à travers son pays mais aussi à soutenir les ennemis de l’Algérie en reconnaissant leurs actes terroristes et en les finançant par l’armement et les médias de propagande. Le roi s’est démasqué et l’histoire témoignera de la trahison du roi Mohamed VI.»
M. Laouer
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Réseaux sociaux
Pas touche à mon Algérie
Les réactions des Algériens ont été abondantes sur les réseaux sociaux suite à la décision de rupture des relations diplomatiques avec le Maroc.
Les posts publiés depuis mardi sur les réseaux sociaux (Facebook, Instagram et Tik-Tok) soutiennent la décision de l’Etat. Inquiets depuis déjà quelques mois, précisément depuis le rapprochement amorcé entre le Maroc et Israël, les internautes disqualifient le voisin lorsqu’il s’agit d’entretenir de bonnes relations sur le plan diplomatique.
«L’Algérie est une ligne rouge à ne pas franchir», «Vive l’Etat algérien et notre président», «l’Algérie figure parmi les dix pays puissants au monde», «On ne joue pas avec l’Algérie», «La terre algérienne et le sang des martyrs sont précieux» sont les quelques commentaires postés sur Tik-Tok.
Les Algériens ont, en outre, posté des vidéos en réponse aux provocations d’internautes étrangers sur Facebook. Sur son compte officiel, un artiste algérien publie un post dans lequel il note que les Algériens n’acceptent pas que d’autres puissent menacer leur pays et qu’ils demeurent unis pour sa défense. L’Algérie est le pays des martyrs, est-il poursuivi.
Un autre internaute a posté un extrait du discours du Président Tebboune avec comme légende «Quand un pays possède un Président comme Tebboune, tu peux dormir sur tes deux oreilles ».
Un autre post, toujours sur Facebook, note que l’Algérie a pris la bonne décision avec la rupture des relations diplomatiques avec le Maroc. Il est souligné que la drogue marocaine ne doit pas être déversée sur l’Algérie.
L’Algérie doit renforcer la sécurité sur les frontières algéro-marocaines, est-il aussi expliqué. «L’Algérie n’a jamais failli à ses engagements et ses principes qui sont non négociables, tandis que le Maroc a toujours provoqué le peuple et l’Etat algérien», lit-on sur un autre statut. En outre, les internautes saluent les initiatives de l’Etat algérien et l’action diplomatique du pays.
Sihem Oubraham
