
La diplomatie algérienne, qui a acquis ses lettres de noblesse durant la Révolution, armée où elle a joué un grand rôle dans la défense de la cause nationale, ne peut rester en retrait des vastes chantiers que le pays a engagés dans différents domaines.
Ce corps, qui a pour mission de promouvoir l’image de l’Algérie, défendre ses intérêts et s’occuper de notre communauté à l’étranger, ne peut garder le même type de fonctionnement qui l’a empêché de remplir ses tâches, à la grande déception des membres de cette communauté, des opérateurs économiques qui ont besoin de relais dans les pays partenaires et même des hautes autorités du pays qui ont insisté sur la nécessité d’une mobilisation générale pour relever les défis qui se posent à notre pays.
En effet, l’Algérie fait face à l’hostilité de certaines parties qui n’ont pas apprécié le retour à la stabilité dans notre pays après les élections du 12 décembre 2019 qui ont suivi le hirak béni.
Le contexte régional est lui aussi marqué par de grands chamboulements qui nécessitent une diplomatie en constante réactivité. Les évènements se succèdent dans une région en proie à des manœuvres et des tractations qui ne favorisent pas la paix et la stabilité.
L’Algérie, qui œuvre pour la consécration de ces principes, a besoin d’un appareil qui soit à l’écoute de toutes ces évolutions et qui ne lésine sur aucun moyen pour expliquer la position algérienne et parer à tout danger qui peut toucher à la sécurité et aux intérêts de notre pays.
Pour jouer un tel rôle, notre diplomatie qui s’est distinguée par le passé également en confortant le statut de leader du tiers monde se doit de se redéployer pour accompagner les enjeux actuels de la politique internationale. La décision de notre pays de couper ses relations diplomatiques avec le Maroc, qui a manifesté à maintes reprises son hostilité vis-à-vis de notre pays, a montré la voie en matière de réactivité par rapport à tout ce qui touche l’Algérie.
Voilà ce dont nous avons besoin, une diplomatie agissante qui ne laisse pas passer une crise sans l’étudier, la comprendre et réagir à ses effets en temps opportun.
On comprend pourquoi le président de la République a nommé 7 envoyés spéciaux qui devront travailler sous la direction du ministre des Affaires étrangères.
Ces envoyés spéciaux, qui sont des diplomates chevronnés et aguerris aux différents problèmes qui secouent le monde, et des experts de haut niveau devront conduire cette diplomatie de crise qui fait actuellement défaut pour la gestion des conflits qui entourent notre pays.
Avec leur nomination, l’Algérie dispose désormais des outils nécessaires pour être à l’écoute et réagir à temps à tout ce qui se passe dans son environnement régional et international. Leur capacité d’analyse est leur atout maître pour intervenir en cas de crise qui pourrait affecter notre pays en informant les autorités du pays sur ses tenants et aboutissants. Le redéploiement ne s’arrête pas là. Il est attendu qu’un large mouvement suive cette nouvelle forme d’action diplomatique qui tranche avec l’organisation classique du secteur. Pas moins de 70 postes diplomatiques et consulaires devront être concernés.
Selon les informations recueillies, de jeunes diplomates dont des femmes seront nommés dans différentes capitales.
Ce qui confère un sang nouveau à un corps appelé à porter la voix de l’Algérie partout dans le monde.
Ces jeunes diplomates, qui ne manquent pas d’expérience pour avoir travaillé sur les dossiers qui intéressent le secteur, ont désormais une chance de servir leur pays en intervenant dans le champ de l’action. Autant dire que le corps diplomatique est en pleine reconstitution, contexte régional et international oblige.
Le changement qui a été insufflé depuis la nomination de M. Lamamra à la tête du secteur devra s’étendre à l’organisation en plus de la composante humaine avec un maître mot : la flexibilité. Comme c’est le cas dans les organisations internationales et même certaines puissances mondiales.
La nomination d’envoyés spéciaux n’est qu’un début
Nous apprenons même que la direction générale de la veille stratégique, de l'anticipation et de la gestion des crises est réactivée pour en faire un outil important de la diplomatie moderne.
Avec des défis multiples et variés (Covid, incendies meurtriers, conflit au Sahara occidental, tensions régionales autour du Mali et de la Libye) cette structure importante du ministère doit être pleinement opérationnelle pour anticiper les actions hostiles et les campagnes malveillantes de désinformation dirigées contre l’Algérie.
Pour expliquer cette nouvelle orientation, une conférence devra être organisée prochainement avec la participation de tous les représentants diplomatiques.
Il s’agit, pour le ministre des Affaires étrangères qui devra diriger les travaux de la rencontre, d’obtenir l’adhésion de toute la famille du secteur aux défis attendus.
Les membres de cette famille doivent moderniser leur vision et leurs méthodes pour accompagner les changements que le monde connaît tout en préservant l’image de notre pays et ses intérêts.
Fouad Daoud