Retour sur une visite historique du Calife général de la Tarika Tidjania au Burkina Faso : Un acteur clé de fraternité entre les peuples

L’accueil triomphal réservé au calife général, Sidi Ali Belarabi, traduit la reconnaissance de la confrérie comme un acteur clé de la paix, de la fraternité et de la cohésion sociale entre les peuples frères en Afrique.

Visite historique que celle que le calife général de la tarika Tidjania, cheikh Sidi Ali Belarabi, a effectuée cette semaine au Burkina Faso, marquée par un accueil historique et chaleureux à Ouagadougou. Celle-ci a d’abord débutée par la prière du vendredi, accomplie à la mosquée Tidjania de la capitale, rassemblant une foule nombreuse de fidèles et disciples, signe de l’importance spirituelle de cette confrérie dans la région. Lors de cette cérémonie, cheikh Abdelkader Kaiboub, imam éminent de la tarika, a prononcé un sermon soulignant la nécessité de renforcer la foi, la cohésion sociale et le rapprochement entre musulmans, insistant sur le fait que les liens spirituels doivent primer sur toutes les divisions.

Un combat contre la violence et une riche tradition spirituelle

Le dimanche 4 mai, l’événement grandiose consistait en l’installation officielle du bureau national de la tarika Tidjania du Burkina Faso, en présence de milliers de personnes, dont les autorités administratives, les responsables religieux, les chefs coutumiers, les femmes et les guides spirituels du Burkina Faso et de plusieurs pays africains. Cheikh El-Said Kadri Souadougou est élu pour conduire les destinées du nouveau bureau, pour un mandat de 5 ans. Au cours de cette rencontre, où un chèque de 27.500.000 CFA a été remis au profit de l’effort de paix et un autre de 25.000.000 CFA au fonds de soutien patriotique et des vivres au profit des personnes déplacées, le calife général de la tarika Tidjania, Sidi Ali Belarabi, a salué le courage et la détermination des autorités du Burkina dans la lutte cotre le terrorisme. Il a, en outre, invité les Burkinabés à faire bloc autour du capitaine Ibrahim Traoré, pour la reconquête du territoire national. Cela étant, au-delà de la dimension religieuse, cette visite a permis à cheikh Sidi Ali Belarabi de rencontrer plusieurs personnalités locales, dont le conseiller du président burkinabé pour les affaires religieuses, ce qui illustre le rôle stabilisateur et légitimant que joue la tarika Tidjania dans le pays. Cette démarche s’inscrit dans une dynamique plus large de renforcement des liens spirituels et institutionnels entre la confrérie et les États du Sahel, particulièrement face aux défis sécuritaires et religieux qui affectent la région. L’accueil triomphal réservé au calife traduit la reconnaissance de la confrérie comme un acteur clé de paix, de fraternité et de cohésion sociale entre peuples frères en Afrique. La confrérie Tidjania mène un combat spirituel et social contre les groupes radicaux qui prônent la violence dans la région sahélienne. En décembre 2024, Amadou Hady Tall, calife général de la Tidjania à Nioro (Mali), a été enlevé par le groupe terroriste Jama’a nusrat al-islam wa al-muslimin (JNIM), affilié à Al-Qaïda. Il est mort en janvier 2025 des suites de blessures subies lors de son enlèvement. Ce drame illustre la pression violente exercée par les groupes terroristes sur les confréries soufies comme la Tidjania, perçues comme des piliers de stabilité et alliées des États dans la lutte contre le radicalisme. La confrérie incarne un islam modéré, pacifique et tolérant, en opposition frontale aux idéologies violentes des groupes terroristes.. Ce combat spirituel est donc aussi un combat pour la paix sociale et la sécurité dans une région en proie à des conflits et à des menaces terroristes persistantes.

Histoire et portée spirituelle de la Tidjania

Fondée à la fin du XVIIIe siècle par cheikh Ahmed al-Tijani, originaire du Sahara algérien, la tarika Tidjania se distingue par une expérience mystique unique, où le prophète Mohamed (QSSSL) aurait ordonné à son fondateur de fonder une voie spirituelle exclusive. Cette confrérie soufie met l’accent sur la transmission de la baraka (bénédiction divine), à travers une chaîne de maîtres remontant au Prophète, garantissant ainsi sa légitimité et son pouvoir spirituel. La Tidjania s’est rapidement diffusée en Afrique de l’Ouest, notamment au Sénégal, au Mali, en Mauritanie et au Burkina Faso. Elle est connue pour ses pratiques rituelles spécifiques, comme la récitation quotidienne de la Souratt al-Fatiha et le dahir collectif, qui renforcent l’attachement à la sunna et la cohésion des disciples. Sur le plan social et politique, la confrérie joue un rôle majeur, notamment au Sénégal, où elle est liée aux élites urbaines. La tarika Tidjania est ainsi une force spirituelle, sociale et politique majeure en Afrique, promouvant des valeurs de tolérance, d’unité, de paix et de réforme spirituelle, tout en étant un acteur important dans le dialogue intercommunautaire et la stabilisation régionale. En somme, la visite du calife au Burkina Faso a été un événement spirituel et politique majeur, renforçant les liens fraternels et institutionnels de la tarika Tidjania en Afrique de l’Ouest. Parallèlement, la confrérie continue son combat contre les groupes violents, incarnant un islam modéré et pacifique face aux menaces terroristes. Enfin, son histoire et sa portée spirituelle expliquent son rôle central dans la cohésion sociale et religieuse de la région.

Y. Y.

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