
Dans une contribution à l'occasion de la Journée internationale pour l’élimination totale des armes nucléaires, le 26 septembre de chaque année, l'expert en nucléaire et ex-Commissaire à l’Energie atomique, Merzak Remki, a estimé que «l’Algérie et la France doivent unir leurs efforts».
Cela pourrait se faire par «le recours à l’expertise technique d’autres organismes internationaux compétents, pour localiser avec précision les lieux d’enfouissement des déchets nucléaires, trouver des solutions appropriées à la réhabilitation définitive des sites contaminés et mettre en œuvre toutes les mesures nécessaires pour la protection des populations concernées, de l’environnement, des ressources hydriques, de la faune et de la flore». Il est revenu sur le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TIAN), signé par l'Algérie qui comporte des obligations pouvant être très utiles pour le traitement de la question des sites d’essais nucléaires français effectués à Reggane et In Ekker dans le but de la décontamination des sites.
L’intervenant a affirmé que le TIAN constitue le cadre idéal pour entamer la mise en œuvre, notamment des dispositions contenues dans ses articles 6 et 7 considérées comme des obligations positives.
En effet, l'article 6 stipule que «les Etats parties - notamment ceux qui ont réalisé des essais nucléaires - s’engagent à fournir une assistance adéquate aux victimes de l’utilisation ou des essais d’armes nucléaires et remettre en état l’environnement des zones affectées par l’utilisation ou les essais d’armes nucléaires». L'article 7 prévoit également que «les Etats parties s’engagent à coopérer et à fournir une assistance internationale pour soutenir la mise en œuvre du Traité». En vertu donc de ces dispositions, et en plus d’une coopération bilatérale avec la France, dont la responsabilité de la contamination du territoire algérien doit être assumée au regard du droit international, une assistance internationale peut être demandée par notre pays auprès d’organismes compétents tels que l’Agence internationale de l’Energie atomique, qui a déjà participé, dans le cadre de la coopération technique, à un travail d’évaluation radiologique préliminaire des sites d’essais à la fin des années 90». D’autre part, l’Accord intergouvernemental de coopération pour le développement et les utilisations pacifiques de l’énergie nucléaire, d’une durée de 20 ans, signé entre l’Algérie et la France le 21 juin 2008 peut servir de cadre aux institutions spécialisées des deux pays pour coopérer dans ce domaine.
Remkia a rappelé la visite du général d'armée, François Lecointre, chef d'état-major des Armées françaises en avril dernier reçu par le général de Corps d'Armée Saïd Chanegriha, chef d'état-major de l'Armée nationale populaire avec lequel il a évoqué la problématique liée à la réhabilitation des deux anciens sites d'essais nucléaires français de Reggane et In-Ikker
Pour l’élimination totale des armes nucléaires
L'Algérie, qui continue, depuis plus d’un demi-siècle, de subir les conséquences catastrophiques sur l'homme et sur l'environnement des essais nucléaires effectués sur son territoire, a toujours été à l'avant-garde pour clamer l'élimination totale et irréversible des armes nucléaires. L’expert a rappelé que «l'Algérie a annoncé son adhésion au Traité de non prolifération des armes nucléaires en 1992, lors d’une cérémonie solennelle organisée sur le site de Birine (Djelfa) qui abrite le réacteur nucléaire Essalam, lequel avait fait l’objet, à une époque, d'une campagne calomnieuse quant à la finalité du programme nucléaire pacifique de notre pays. Dans un souci de transparence et «pour lever toute équivoque quant au bien-fondé de la position de notre pays sur les questions de non-prolifération, plusieurs ambassadeurs accrédités à Alger et notamment ceux des pays occidentaux ont été invités par les autorités algériennes à participer – sur le site même du réacteur – à cette cérémonie et à visiter l’installation nucléaire». Remki a rappelé que l'Algérie, qui a toujours œuvré en faveur du désarmement, de la maîtrise des armements et de la non-prolifération de tous les types d’armes de destruction massive, a adhéré très tôt au Traité d'interdiction complète des essais nucléaires (TICE) en le signant le 15 octobre 1996 et en déposant son instrument de ratification le 11 juillet 2003.
La société civile dénonce
La société civile met l’accent à chaque occasion sur les conséquences désastreuses de ces explosions menées en surface, pour la plupart, constatées encore aujourd'hui sur les différentes composantes écologiques et l'environnement de la région. Les crimes nucléaires abominables perpétrés par la France à Reggane et dans le Sahara algérien, en général, resteront «à jamais des crimes imprescriptibles» au regard des répercussions sur la population, la faune et la flore. D’une puissance de 20 à 70 kilotonnes, ces explosions baptisées successivement Gerboise bleue, verte, blanche et rouge, ont été menées au mépris total de l'intégrité écologique. La France avait fait croire à l'opinion publique internationale qu'aucune vie humaine n'existait dans la région de Reggane.
Synthèse H. H. et APS