Les élections pour le renouvellement des conseils de l’Ordre des avocats battent leur plein à travers le territoire national. En effet, sur les 23 barreaux existants à travers le pays, 22 ont déjà élu leurs nouveaux représentants. Le dernier scrutin, prévu à Sétif le 26 avril prochain, viendra clore ce cycle électoral, avant l’élection du prochain bâtonnier national, appelé à succéder au bâtonnier Me Tairi Brahim, président de l’Union nationale des Ordres des avocats. Plus qu’un simple passage de relais, c’est un véritable tournant générationnel qui se profile pour les quelque 50.000 avocats en exercice. Dans plusieurs barreaux, de nouveaux visages ont désormais fait leur entrée, portés par une dynamique de renouvellement et une volonté affirmée de modernisation. Leur arrivée symbolise un souffle nouveau, celui d’une profession décidée à se réorganiser, à se former, et surtout, à renouer avec ses propres exigences. Les enjeux sont clairs puisque la plupart des candidats ont fait de la formation, de l’accès équitable aux permanences, de l’accompagnement des jeunes avocats, du soutien aux retraités et de la revalorisation des honoraires dans un contexte social tendu leur cheval de bataille. À cela s’ajoute une volonté affirmée de se débarrasser des vieilles pratiques qui nuisent à cette noble profession. Mais un défi surplombe tous les autres, celui du numérique. Tandis que l’État progresse à grands pas vers la digitalisation, l’avocat, lui, reste à la traîne. Me Ouafia Sidhoum, avocate au barreau d’Alger et ex-batonnière, le dit sans détour : «Il est inadmissible qu’un vote professionnel se tienne encore selon des méthodes dépassées. Un seul conseil, celui de Batna, a adopté le vote électronique. Nous sommes en retard, et ce retard devient un danger». À ses yeux, la fracture numérique fragilise l’indépendance de la profession et menace sa crédibilité. Le ministère digitalise tout, le magistrat suit et l’avocat reste en marge. Il faut vite réagir», a-t-elle déclaré. Cette alerte survient alors que le ministère de la Justice enchaîne les annonces. C’est tout un écosystème juridique qui bascule vers le numérique. Actes, certificats, jugements, consultations, tout passe désormais par des plateformes sécurisées et interconnectées. Depuis 2015, la signature électronique est en vigueur, les casiers judiciaires sont accessibles en ligne, les requêtes peuvent être déposées à distance via la plateforme «e-nyaba», et les justiciables suivent leurs affaires depuis n’importe quelle juridiction via le «guichet électronique national». Ce virage n’est plus une option. C’est une obligation. Et les barreaux ne peuvent plus se contenter de réagir à contretemps. Partout, les avocats appellent à une réforme en profondeur, construite collectivement, avec les moyens et l’intelligence de la profession. Changer les visages ne suffira pas. Il faut une politique d’adaptation concrète. Ce sont là les attentes des robes noires, qui considèrent que l’avenir de la profession dépend de sa capacité à se réformer et à s’adapter aux enjeux contemporains.
A. F.
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Conseil de l’ordre de Bouira : De nouveaux visages font leur entrée
Le bâtonnat de Bouira se renouvelle dans la continuité. Si le bâtonnier en exercice, Kamel Benamrouche en l’occurrence, a été reconduit, les élections au conseil de l’Ordre tenu samedi dernier, ont vu l’arrivée de nouveaux visages bien connus des prétoires. Il s’agit, notamment des Mes Boukouffa Khedoudja, Aouf Fatiha, Toudert Hamid, Toumi Rabie et Zebiri Djamel Eddine. Disciplinés, rigoureux, et surtout attachés aux principes déontologiques, ces avocats jouissent d’une réputation solide au sein du barreau. Leur élection marque un tournant attendu, à savoir d’un renforcement de l’équipe dirigeante par des profils à la fois expérimentés et proches des réalités du terrain. Ce changement partiel constitue un signal fort, illustrant ainsi la volonté de faire évoluer la profession tout en respectant ses valeurs essentielles. La nouvelle équipe se dit consciente des urgences. Parmi les priorités évoquées, la réorganisation du travail dans les permanences judiciaires, l’accès équitable à la formation continue, l’accompagnement des avocats en début et fin de carrière, mais aussi la revalorisation des honoraires à la lumière de la crise sociale actuelle.
A. F.